Amazonie: les Indiens veulent être les protagonistes de leur histoire

                  

Du Synode doit émerger une Eglise «intégrée à l’histoire et à la réalité du territoire amazonien», a déclaré le cardinal brésilien Claudio Hummes, rapporteur général du Synode. Lors de son discours d’inauguration le 7 octobre 2019, l’archevêque émérite de Sao Paulo a rappelé les grands enjeux de ces trois semaines à venir.

Durant ce Synode, il est bon de faire mémoire de «l’histoire héroïque» des premiers missionnaires d’Amazonie, a noté en préambule le cardinal Hummes devant un parterre de prélats. L’Eglise a joué un rôle majeur dans le développement des communautés chrétiennes autochtones dans cette partie du monde. Une mission essentielle compte-tenu de l’absence presque totale de la pratique des sacrements dans ces régions.

Une Eglise «alliée» aux Indiens

Pourtant, la préparation de ce Synode a fait émerger un besoin chez les peuples autochtones d’avoir à leurs côtés une Eglise «alliée» à leur futur. Plutôt que de demeurer les victimes d’une quelconque «action colonialiste», ceux-ci demandent le droit d’être les «protagonistes de leur propre histoire». C’est pourquoi la mission de l’Eglise d’aujourd’hui en Amazonie constitue le nœud central de ce Synode, a déclaré le rapporteur général.

De ce Synode «de l’Eglise pour l’Eglise», doit émerger une Eglise, non pas repliée sur elle-même, mais bien intégrée dans l’histoire de l’Amazonie et de son peuple. Telle «une table préparée pour les pauvres par Dieu», ce Synode nous invite à les servir. Il s’agit donc d’annoncer le Christ mort et ressuscité à ces peuples et de réchauffer les cœurs de ceux à leurs côtés, a-t-il demandé.

Inculturation et inculturalité

Ecouter les aspirations des chrétiens de l’Amazonie suppose encore de réfléchir à une inculturation de la foi chrétienne au sein de cette Eglise, a exprimé le préfet émérite de la Congrégation pour le clergé. Celle-ci s’accompagne d’une dimension d’interculturalité car, bien qu’ils partagent des racines communes, les peuples de l’Amazonie sont très diversifiés. L’inculturation, comme l’interculturalité, doit s’incarner dans la liturgie, la catéchèse ou encore la pastorale.

Durant ce Synode, la réalité de l’Eglise au sein des villes doit également être prise en compte, a encore déclaré Claudio Hummes. En zone urbaine, la migration de populations indigènes se compte en effet par milliers. Dans ces lieux, confrontés à la pauvreté extrême, au rejet et au mépris, ils attendent de l’Eglise une attitude de compassion et de miséricorde. Pour autant, l’Eglise urbaine ne doit pas consister en une «reproduction» de l’Eglise citadines d’autres nations, a-t-il mis en garde.

Une dette envers les peuples autochtones  

Le manque de prêtres au service des communautés locales de la région demeure un autre enjeu. En effet, la célébration de l’Eucharistie s’avère «fondamentale» à la croissance de ces chrétiens, a insisté le prélat brésilien.

C’est pourquoi ces communautés catholiques de cette région ont demandé d’aborder la question de l’ordination d’hommes mariés d’âge mûr – les viri probati. Dans le même temps, compte-tenu du grand nombre de femmes en responsabilité dans ces communautés, l’idée de leur confier un «ministère approprié» sera discutée.

La menace des entreprises extractives

L’humanité a en outre une grande «dette environnementale» envers les peuples autochtones. La vie en Amazonie selon lui n’a jamais été aussi menacée. En cause, l’action d’entreprises légales ou illégales pour extraire les richesses des sous-sols, bouleversant la biodiversité. Des actions bien souvent réalisées avec la «permission» des gouvernements locaux et nationaux, voire parfois de certaines autorités autochtones elles-mêmes. Ces thèmes constituent le noyau générateur de l’action de l’Eglise en faveur de la défense de la maison commune dans ces régions.

Le rapporteur général a en outre insisté sur le manque d’eau potable dans la région amazonienne, disposant pourtant du plus grand fleuve au monde, l’Amazone, fournissant 15% de l’eau douce de la planète. L’Eglise doit donc sensibiliser à protéger cette ressource commune menacée par le changement climatique, par la contamination liée aux pesticides mais également par la déforestation. (cath.ch/imedia/cg/be)

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