Urgence de créer de nouveau ministères laïcs en Amazonie

Il existe une certaine urgence à créer de «nouveaux ministères» en Amazonie, ont estimé plusieurs Pères synodaux lors de la congrégation générale du 9 octobre 2019, a indiqué Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication, lors d’un briefing au Vatican.

La région panamazonienne n’est pas épargnée par le manque de vocations sacerdotales observé à travers le monde. Si les Pères synodaux se sont interrogés sur les raisons de cette carence – tout en écartant pour certains la responsabilité du célibat dans le domaine, a souligné Paolo Ruffini – ils ont défendu l’importance de l’engagement des laïcs dans la mission de l’Eglise, a expliqué le premier laïc choisi pour devenir préfet de dicastère.

L’Eglise catholique a besoin du service de missionnaires amazoniens laïcs, a ainsi expliqué l’Italien. Cet appel à une plus grande implication des laïcs a été marqué par une large convergence des participants au synode, selon un témoin des débats. Les participants à l’assemblée synodale ont fortement souligné l’urgence de créer de «nouveaux ministères» non ordonnés, a rapporté de son côté Paolo Ruffini. 

Il existe donc au sein de l’aula une exigence commune de créativité pour des propositions audacieuses, a encore assuré un témoin dans l’aula. En ce qui concerne les ministères ordonnés, les viri probati ne font pas l’unanimité. Mgr Erwin Kräutler, évêque émérite de Xingu (Brésil), a toutefois considéré qu’il n’existait «pas d’autre possibilité» pour assurer une présence sacramentelle dans les villages reculés. Le prélat est connu pour être de longue date un ardent défenseur de l’ordination de viri probati. En 2014 déjà, lors d’une rencontre avec le pape François, il avait abordé ce thème.

Une participation plus active des femmes dans l’Eglise

L’Eglise doit être créative, peut-on lire dans la synthèse des discussions communiquée par le Bureau de presse, en proposant aux peuples autochtones une «ministérialité multiforme». Evoquant des propositions de nouveaux ministères qui seraient confiés aux laïcs, hommes ou femmes, le préfet de dicastère a notamment cité celui de la «parole», dans les différentes langues indigènes, ou encore d’un ministère portant sur l’écologie. Si l’Eglise a posé une «option préférentielle» pour les pauvres ou pour les jeunes, elle doit également en poser une pour la Création, a-t-il souligné.

Par ailleurs, le fait est que deux tiers des communautés catholiques dépourvues de prêtres sont coordonnées par des femmes, a noté Mgr Kräutler, également membre de la Commission pour l’élaboration du document final du synode. La question est de les mettre «correctement» en valeur par de nouveaux ministères, a-t-il estimé, sans écarter par exemple le «diaconat». Plus modérée mais estimant «nécessaire de promouvoir une participation plus active des femmes à la vie de l’Eglise», la synthèse officielle établit également l’idée d’un «ministère d’évangélisation» confié à des femmes laïques.

Défendre l’écosystème

Il ne reste que «15 à 20 ans» pour réduire les émissions à effet de serre sans quoi un «point de non-retour» sera atteint, a alerté quant à lui Alfonso Nobre, prix Nobel de la Paix en 2007 et invité spécial au synode. Cet état de fait s’appuyant sur «une rigueur scientifique» ne peut être nié. Sans changement, la forêt amazonienne, dont la déforestation atteint déjà 15%, ressemblera à une «savane».

Dans ce cadre, ce synode peut donner de la «crédibilité» à la science pour changer le monde et trouver des solutions pour protéger la planète et aider ces peuples d’Amazonie, a-t-il pointé avec espérance. Dans ce monde, les technologies, bien souvent mal utilisées, peuvent au contraire offrir un «chemin» pour améliorer les conditions de vie des populations autochtones. De même, il s’agit selon lui de penser une «bio-économie» pour servir les besoins de ces peuples. 

Pour Mgr Kräutler, le monde entier considère l’Amazonie comme une «province» dans laquelle on vient se servir. Véritable «agression» faite à l’écosystème, le barrage de Belo Monte (Brésil) a ainsi eu des conséquences sur les autochtones, a-t-il illustré. A cause de ce projet, de nombreuses familles ont été pour certains inondées, ou forcées au déplacement et obligées de loger dans des conditions précaires. La mission du synode est «d’attirer l’attention» sur ce type de problématiques, a estimé Mgr Kräutler. (cath.ch/imedia/pad/cg)

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