Virginie et Norbert Baudois: «Marguerite portée en gloire, pas nous!»

Maurice Page et Bernard Hallet, de Rome

«Après avoir vu ma petite-fille Virginie, âgée de 22 mois, passer sous les roues du tracteur, je n’avais vraiment pas bonne mine». Sur la place Saint-Pierre de Rome, Norbert Baudois, 87 ans, se souvient avec émotion, de ce 6 mars 1998, où l’invocation de Marguerite Bays a sauvé la fillette d’une mort certaine. Le grand-père et sa petite-fille ont été les instruments du miracle qui a ouvert la voie à la canonisation de la couturière de la Pierra.

Pour Norbert, cette canonisation est un grand jour: «C’est un aboutissement. Marguerite le méritait depuis longtemps». Il était déjà présent ici, pour sa béatification, en 1994.

«Miraculée, ce n’est pas un titre«

Le vieil homme avec son béret sur la tête, appuyé sur sa canne, fatigue un peu. Il insiste: «C’est Marguerite qui est portée en gloire, pas nous». Virginie, la petite fille miraculée, renchérit : «Je suis une fille comme les autres. Cela fait partie de ma vie, mais ce n’est pas un titre, ni un privilège. Je suis quelqu’un de normal. Ce qui est différent est le lien que j’ai avec Marguerite et peut-être ma foi».

Même si elle n’a pas gardé de souvenir de l’événement, Virginie est très émue de pouvoir vivre cette canonisation avec son grand-père qu’elle tient tendrement par la main. «Je ne pensais pas que cela pourrait encore arriver de son vivant. On me regarde, mais je ne veux pas apparaître», relève la jeune femme aux longs cheveux blonds, bientôt rejointe par son ami.

«Marguerite est une confidente, une alliée, une sœur de cœur. Je lui parle tous les jours. Dans sa chambre à la Pierra, ou à Notre-Dame du Bois, je ressens vraiment sa présence.»

«J’étais responsable»

Norbert lui aussi continue de remercier Marguerite tous les jours: «J’étais responsable, j’étais le seul adulte présent avec les enfants. Pendant deux jours après l’accident, malgré l’issue heureuse, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps». Il se rend désormais encore au moins une fois par semaine à la Pierra pour prier Marguerite et lui apporter des fleurs de son jardin. «Je marche avec une canne alors j’y vais en voiture, car j’ai encore mon permis de conduire».

Norbert, avec Virginie, retrouve la place St-Pierre de Rome, où il avait assisté à la béatification en 1994. | © B. Hallet

Sa joie d’être à Rome, avec toute la famille, est un peu ternie par l’absence de sa femme, désormais placée dans un home et qui ne peut plus se déplacer. «Nous avions fait beaucoup de pèlerinages ensemble. Quand je vais voir Marguerite, je la confie à sa prière.»

Outre la marguerite stylisée, épinglée sur sa poitrine, Norbert portera sur son gilet sa médaille ‘bene merenti’. Il a chanté plus de 60 ans dans la chorale paroissiale». Il tient dans sa poche aussi une petite boîte avec une relique de Marguerite. «Je vais demander au pape François de la bénir.»

Ce qu’elle dira au pape François? «Je ne sais pas encore, avoue Virginie, et cela me stresse un peu.»

«Les gens avaient la foi»

Installé à Siviriez en 1951, Norbert Baudois a vécu les cérémonies grandioses de 1953 lors de l’exhumation de Marguerite Bays. Des dizaines de milliers de fidèles avaient afflué, en trains spéciaux, vers le village de la Glâne fribourgeoise. Un grand cortège avec la fanfare, les groupements paroissiaux et tout le clergé de la région avait parcouru le village. Aujourd’hui, l’affluence est bien moindre, seuls cinq ou six fidèles se réunissent pour le chapelet dans la maison de Marguerite, déplore Norbert. Autrefois, les gens se pressaient dans le corridor, ou même à l’extérieur. «Les gens avaient la foi!».

Demain sur l’esplanade de la basilique Saint-Pierre, Norbert et Virginie seront deux témoins privilégiés de cette foi, à la suite d’une «sainte de chez nous». (cath.ch/mp)

Maurice Page

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