Canonisation: Merci Marguerite, Merci pour Marguerite

Maurice Page et Bernard Hallet, à Rome

«Merci Marguerite. Merci pour Marguerite». Les pèlerins fribourgeois et suisses n’ont pas eu besoin de beaucoup de mots pour préparer la canonisation, le 12 octobre 2019, de ‘leur sainte’ l’humble couturière de la Pierra.   

«C’est un simple paysan, un homme de la terre qui vous parle. Je peux seulement vous dire que Marguerite m’a sauvé», raconte Norbert Baudois. Le vieil homme de 87 ans ne veut pas rappeler une nouvelle fois l’accident qui a manqué de coûter la vie à sa petite fille. «C’est trop pénible». Il ne veut dire et redire qu’une chose: ‘merci Marguerite’. Pour le miracle du 6 mars 1988, mais surtout pour tout le reste. Pour son accompagnement quotidien. «Un jour à la maison de Marguerite, j’ai vu un nouveau tableau. Il représentait Marguerite entourée d’enfants. Ils étaient six, comme les miens. Depuis, je la prie tous les jours pour eux.»

Sous les ors de la basilique des Saints Apôtres, au centre de Rome, les quelque 400 pèlerins qui remplissent la nef sont émus aux larmes. Tous ou presque auraient leur propre histoire à raconter à propos de ‘leur sainte’.

La chance de la foi  

Virginie, la miraculée, enchaîne: «On me dit chanceuse d’être en vie et en bonne santé. Mais je suis surtout chanceuse d’avoir grandi dans une famille qui m’a transmis des valeurs et sa foi. Je suis chanceuse de connaître Marguerite. Je voudrais dire simplement merci.» Avant de s’interrompre dans un sanglot. «Chaque jour est un cadeau.»

Virginie Baudois et son grand-Père, Norbert, très émus après avoir témoigné lors de la veillée de prière. | © B. Hallet

C’est exactement ce qu’a dit Fabienne Sauca, commentant auparavant la vie de Marguerite: «Elle ne fuit jamais la réalité, elle accueille sans juger. Elle se laisse modeler par le Christ. Pour elle chaque événement, chaque épreuve, sont un don de Dieu.»

Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, ne peut que confirmer: «La vocation des saints, c’est de nous faire voir un peu mieux qui est le Christ. Ce que Dieu nous demande, il peut le réaliser. Pour cela, il faut le prier: ‘Donne-moi de me mettre à ta disposition, de me laisser faire’. C’est seulement ainsi qu’il pourra encore y avoir ‘des saints de chez nous’.»

Fabienne Sauca, gardienne de la maison de Marguerite Bays à La Pierra. | © B. Hallet

Au rythme du chapelet

«Quand je prie le chapelet, le travail va plus vite et je le fais beaucoup mieux», disait Marguerite Bays. La foule reprend ainsi la prière à Marie. Lente, répétitive, fervente. Alternant les voix, des enfants, des adultes et des aînés.

L’autre grande dévotion de la sainte de la Pierra était le sacrement de l’eucharistie. Le Père Claude Morel, ancien postulateur de la cause, conduit l’adoration du Saint-Sacrement, tandis que les fidèles s’avancent pour déposer leurs intentions de prières et recevoir une image de Marguerite contenant une relique sous la forme d’une minuscule parcelle d’étoffe ayant touché son corps. Certains s’inclinent, d’autres touchent ou embrassent le reliquaire. Pendant que la procession se déroule longuement, la chorale des jeunes chante l’adoration au Seigneur. Les fumées de l’encens montent vers les voûtes. Parmi les pèlerins, l’attachement à Marguerite devient presque palpable.

Plus de 400 pèlerins ont rempli la Basilique des Saints-Apôtres, à Rome. | © B. Hallet

Le dernier chant avant de sortir dans la douce nuit romaine s’adresse à Marguerite. C’est toujours le même refrain tout simple: «Marguerite de la Pierra, nous recourons à toi. Marguerite de la Pierra intercède pour nous.» (cath.ch/mp)

Maurice Page

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