Amazonie: les «viri probati» face à la valeur du célibat sacerdotal

Face aux craintes des partisans du célibat sacerdotal, des pères synodaux plaident pour l’adoption, pour l’Amazonie, de nouveaux modèles d’admission au sacerdoce, comme l’ordination d’hommes mariés, sages et à la foi éprouvée – les «viri probati».

Cela n’affecterait pas la communion dans l’Eglise ni ne minerait la valeur du célibat, a-t-on entendu  lors de la 8e congrégation générale du synode pour l’Amazonie le 12 octobre 2019.

Certains participants au synode à Rome ont qualifié d’inévitable et souhaitable pour l’Amazonie la réflexion sur de nouveaux modèles d’admission au sacerdoce, en recommandant de proposer d’ordonner des «viri probati».

Pour ces participants, qui connaissent bien les réalités du terrain, notamment les grandes distances et l’absence continuelle de prêtres pour célébrer l’eucharistie – pourtant un sacrement tant au fondement qu’au sommet de la vie chrétienne – ce modèle représenterait une étape décisive. Ce serait l’accomplissement d’un ministère ordonné non pas seulement de visite (le prêtre vient seulement de temps en temps), mais de présence.

Ne pas être paralysé par la peur de faire des erreurs

Il ne s’agit pas seulement de trouver des réponses au manque de vocations, mais d’exprimer une Eglise avec une identité amazonienne. Ce synode, a-t-on suggéré, devrait jeter les bases d’une nouvelle étape, car la foi en l’Esprit Saint doit être plus forte que la peur de faire des erreurs.  

Le thème des femmes dans l’Eglise est également revenu avec la demande «d’une plus grande responsabilité pastorale» et d’une participation effective des femmes, y compris dans la prise de décision.

Pour une Eglise «moins cléricale»

L’un des intervenants a suggéré de réfléchir à l’institution du diaconat féminin dans la région. D’autant que la présence des femmes jette les bases d’une «Eglise moins cléricale».  De fait, aujourd’hui, les femmes ont acquis de plus en plus de place dans la vie de la communauté, non seulement comme catéchistes ou mères, mais aussi comme sujets possibles de nouveaux ministères. L’on remarque que le cléricalisme dans l’Eglise est encore présent aujourd’hui et entrave le service, la fraternité et la solidarité.

D’autres voix craignent de telles avancées, plaidant pour le maintien du célibat. Des chrétiens affirment avoir été accueillis par les cultures indigènes précisément à cause de leur célibat. De plus, a-t-on entendu, le monde actuel considère le célibat religieux comme le «dernier rempart à abattre» sous la pression d’une culture hédoniste et sécularisée.

Nécessaire conversion écologique

Il est donc nécessaire de réfléchir attentivement à la valeur du célibat, selon un participant à la 8e congrégation générale du synode pour l’Amazonie, a rapporté le Bureau de presse du Saint-Siège le 12 octobre 2019.

Ce synode doit se mettre à l’écoute constante de l’Esprit Saint, a-t-on encore entendu. Cette attitude devrait toujours guider et inspirer «l’urgente et nécessaire conversion écologique» pour contrer la destruction environnementale qui menace la planète.

«La Création est en effet confiée à nos soins et l’Amazonie est le jardin le plus beau et le plus vivant de la planète», a-t-il été noté. Mais sans adopter un style de vie plus simple, ce «paradis sur terre» pourrait bien devenir un véritable enfer.

Quelque 166 Pères synodaux ont participé aux travaux de cette session de travail en aula.  (cath.ch/imedia/vaticannews/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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