Evangile de dimanche: prier, encore et encore…

Une fois de plus, Jésus revient sur la nécessité de prier sans cesse et sans se décourager! L’accent est mis non pas sur des formules rabâchées sans que le cœur y soit – Jésus dira que c’est là une pratique païenne – mais sur la confiance profonde qui doit soutenir cette prière.

Pourquoi cette insistance? Tout simplement parce que Jésus est réaliste, il prévoit ce qui est une des difficultés majeures de la vie de foi: on ne voit pas toujours ni tout de suite notre prière exaucée. Et c’est d’autant plus blessant et déstabilisant que s’y ajoute, pour les disciples de Jésus, l’expérience douloureuse du rejet et des moqueries. En effet, dans les quelques versets qui précèdent la parabole de ce dimanche, Jésus annonce que mystérieusement «Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération». Ce sera une épreuve non seulement pour lui mais aussi pour ses disciples.

Le combat de Jésus à Gethsémani, par exemple, sera rude: une intense supplication pour exprimer finalement le «non pas ma volonté mais la tienne». Humainement parlant, cette prière semblera vaine, Jésus ira à la croix. Pourtant la fidélité du Père va se manifester au matin de Pâque.

Si telle est la condition du chrétien, on comprend que Jésus cherche à nous encourager. Ne délaissons pas la prière, faute de résultat immédiat, mais intensifions-la dans une confiance entêtée, à l’image de cette veuve face à un juge inique. La détresse de cette femme sans défense se heurte à un fonctionnaire sans cœur. Sa détresse ne le touche pas, et il n’a aucune envie de se trouver en délicatesse avec l’adversaire de la veuve: qui sait? Un personnage peut-être influent alors qu’elle ne compte pour personne.

«Ne délaissons pas la prière, faute de résultat immédiat, mais intensifions-la dans une confiance entêtée.»

Le seul recours de la veuve serait la justice, mais qui se révèle bien lente à venir en aide aux petits. Ce qui va emporter l’affaire, c’est la ténacité de cette femme qui finira par lasser le juge. Oui, il va lui rendre justice non par bonté, ni même par respect du droit ou de Dieu…, mais tout simplement pour avoir la paix!

Et Jésus de tirer la conclusion de son histoire: «Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit? Les fait-il attendre?» N’oublions pas qu’il s’agit d’une parabole. Dieu n’est pas le reflet de ce juge inique qui n’exaucerait nos incessantes prières que pour avoir la paix! La comparaison ne porte que sur un point: l’insistance de cette femme, sa confiance en un Dieu proche de nous, qui connaît nos besoins, même s’il semble nous faire attendre… Cette dernière phrase est ambigüe: Les fait-il attendre?» (sous-entendu: non mais le temps de Dieu n’est pas forcément coextensif au nôtre); ou bien «Et il les fait attendre!» Ce qui renforce encore le sentiment d’échec.

La conclusion est frappante: «Le Fils de l’Homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?»: Il s’agit de cette foi-là en un Dieu proche et soucieux de chacun de nous.

Jean-Michel Poffet | Vendredi 16 octobre 2019


Lc 18,1-8

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples une parabole
sur la nécessité pour eux
de toujours prier sans se décourager :
    « Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait pas Dieu
et ne respectait pas les hommes.
    Dans cette même ville,
il y avait une veuve qui venait lui demander :
›Rends-moi justice contre mon adversaire.’
    Longtemps il refusa ;
puis il se dit :
›Même si je ne crains pas Dieu
et ne respecte personne,
    comme cette veuve commence à m’ennuyer,
je vais lui rendre justice
pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ »
    Le Seigneur ajouta :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
    Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ?
Les fait-il attendre ?
    Je vous le déclare :
bien vite, il leur fera justice.
Cependant, le Fils de l’homme,
quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

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