L'Eglise s'interroge face au manque de prêtres en Amazonie

Le cardinal Christoph Schönborn a appelé les catholiques occidentaux à une autocritique face au manque de prêtres amazoniens lors d’un briefing sur le synode pour l’Amazonie le 21 octobre 2019. Pour le prélat, confiance et volonté ont parfois pu manquer au développement d’un clergé autochtone.

Selon Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication, le cardinal Claudio Hummes, rapporteur général du synode, a brièvement présenté le projet de document final sur lequel travaillent désormais les Pères synodaux au sein des circoli minori (groupe de travail). Le haut prélat brésilien a beaucoup insisté sur le fait que le processus d’écoute n’était pas terminé, a spécifié Paolo Ruffini.

Nouveaux chemins du synode sur l’Amazonie

Témoignant de son expérience à Vienne qui compte 180 diacres permanents, le cardinal Schönborn a estimé qu’il s’agissait d’une des propositions pour aider la pastorale dans l’immense territoire amazonien. Plus largement, a expliqué celui qui est aussi membre de la Commission pour l’élaboration du document final, le sujet des ministères – laïcs, institués ou ordonnés – fait partie des nouveaux chemins que ce synode doit identifier.

Par ailleurs, le haut prélat autrichien a appelé les catholiques occidentaux à une autocritique face à la quasi totale inexistence de prêtres autochtones de l’Amazonie. «Avons-nous eu la confiance et la volonté [nécessaires] pour qu’il y ait des prêtres indigènes ?», s’est-il interrogé. Toute l’Amérique latine doit également se sentir concernée par cette question, a-t-il plaidé.

Surabondance de prêtres étrangers en Europe

Toujours au sujet du manque de prêtres, l’archevêque de Vienne, a appelé à la solidarité vocationnelle, en relevant que nombre de prêtres de pays amazoniens exerçaient en réalité leur ministère dans d’autres pays. Se pose ainsi plus largement la question de la distribution des prêtres. Pour le cardinal Schönborn, l’Europe doit ainsi réaliser qu’elle a une surabondance de prêtres venus de l’étranger par rapport à d’autres zones du monde.

Des peuples en «danger d’extinction»

Marcivana Rodrigues Paiva, porte-parole du groupe ethnique brésilien Sateré Mawé, a pour sa part appelé l’Eglise à défendre les droits des individus contraints de rejoindre les grandes villes. Chaque année, des populations entières sont contraintes de quitter leur territoire.

Ces autochtones sont appelés «invisibles», tant ils doivent se cacher pour ne pas subir les discriminations, a-t-elle expliqué. «Mon peuple a une spiritualité centrée sur la terre, car nous avons été créé de la terre, c’est pourquoi sans territoire nous n’avons pas d’identité culturelle», a-t-elle déclaré.

De son côté, le cardinal Schönborn a salué le courage des populations autochtones de l’Amazonie, alors qu’elles sont selon lui sous menace depuis la découverte de l’Amérique en 1492. Pour lui, les Occidentaux doivent être «très attentifs à ce que cela signifie pour ces populations d’être en danger d’extinction». Par ce synode notamment, le pape François veut alerter l’ensemble des catholiques sur leur situation, a encore considéré l’archevêque de Vienne.

«Exclure l’or dans l’Eglise»

Le Père Dario Bossi, missionnaire italien combonien, a quant à lui dénoncé les connivences très dangereuses entre les multinationales minières et les gouvernements qui ont pour conséquence la réduction considérable des contrôles environnementaux.

Produire une simple bague d’or implique selon lui de déplacer et polluer 20 tonnes de terre. Le missionnaire a ainsi suggéré d’exclure l’utilisation de l’or dans l’Eglise et au-delà, pour sensibiliser à ce problème.

«Un vol qui parle de lui-même»

A la fin du briefing, Paolo Ruffini a été invité à réagir sur l’action de certains opposants au synode qui se sont emparés d’une statue amazonienne dans une église non loin du Vatican, avant de la jeter dans le Tibre. «Cette bravade, a-t-il dénoncé, «contredit l’esprit de dialogue. C’est un vol qui parle de lui-même», a-t-il tancé (cath.ch/imedia/ah/xln/dp)

Davide Pesenti

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/leglise-sinterroge-face-au-manque-de-pretres-en-amazonie/