Canada: Une malencontreuse 'primate' à la tête de l'Eglise anglicane

Même si l’expression populaire veut que l’homme descende du singe, qualifier une personne de ‘primate’ n’est pas très flatteur. C’est pourtant l’impair qu’a commis la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) envers Linda Nicholls, première femme à accéder à la direction de l’Église anglicane du pays.

A l’occasion de la canonisation du cardinal John Newman, les Eglises catholique et anglicane du Canada ont publié, le 10 octobre 2019, une déclaration commune signée par le président de la CECC, Mgr Richard Gagnon, et par la nouvelle cheffe de l’Église anglicane du Canada, Linda Nicholls. Sous la signature de cette dernière, on a inscrit: «Primate de l’Église anglicane du Canada».

Première dirigeante anglicane au Canada

En devenant cet été «the 14th Primate of the Anglican Church of Canada», la très révérende Linda Nicholls, évêque du diocèse de Huron, a été la première femme à accéder à la direction de son Église. Toute historique qu’elle soit, cette élection a suscité un débat linguistique inédit dans le pays bilingue, rapporte le site Présence information religieuse. Peut-on utiliser en français le terme de ‘primate’ pour qualifier Linda Nicholls?

Le service de traduction de la CECC ne semble avoir eu guère d’hésitation en transposant littéralement de l’anglais le titre de la révérende Nicholls. L’épisode n’a pas manqué de susciter une certaine gène du côté catholique… Renseignement pris auprès de l’évêque anglican de Québec, Bruce Myers, on se serait entendu après l’élection sur l’appellation «la primat».

L’archevêque Nicholls a heureusement pris cet imbroglio linguistique avec humour. Elle note qu’en anglais, le terme primate, tiré du latin primus inter pares – premier parmi les pairs – désigne aussi une variété de singes. L’imbroglio existe donc depuis longtemps.

Rabbin – rabbine mais pas primat – primate

Champion de la féminisation des titres et des fonctions, le Canada francophone a néanmoins dû concéder qu’il fallait aussi « veiller à utiliser des mots qui ne suscitent pas le ridicule. Or primate en est un », a expliqué Guy Bertrand, conseiller linguistique à Radio-Canada. Ainsi rabbin peut devenir rabbine, mais médecin ne peut pas devenir médecine.

La CECC semble avoir compris la leçon puisque « à la demande de nos collègues de l’Église anglicane du Canada » Linda Nicholls de ‘primate’ est redevenue primat le 15 octobre! (cath.ch/pir/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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