Un centre européen du judaïsme ouvre ses portes à Paris

Un centre européen du judaïsme a ouvert ses portes à Paris. Le nouveau complexe a été inauguré le 29 octobre 2019, en présence du président de la République Emmanuel Macron. Implanté dans le 17arrondissement de la capitale et organisé autour de sa synagogue, il entend mieux faire connaître la culture juive, dans un contexte de recrudescence des actes antisémites.

Le Centre européen du judaïsme (CEJ), dont la construction a nécessité quatre ans de travaux, s’étend sur une superficie de 5’000 m2 et comprend trois entités : une synagogue de 600 places et deux bâtiments qui accueilleront des bureaux pour le Consistoire central (voir encadré ci-dessous) et son antenne parisienne, ainsi qu’un pôle culturel de 2’500 m2.

Un emplacement qui ne doit rien au hasard

Son emplacement dans le 17arrondissement de Paris est lié à la recrudescence des attentats et des actes antisémites des années 2000 et 2010, qui ont poussé une bonne partie de la communauté à quitter l’est de la capitale pour l’ouest, jugé plus sûr. Entre 37’000 et 41’000 juifs vivent dans cet arrondissement, où ils forment l’une des plus grandes communautés juives d’Europe. 

On y trouve déjà une quinzaine de synagogues de toutes sensibilités, mais aucune d’elle n’était membre du Consistoire (voir encadré). Le CEJ permet ainsi au Consistoire, qui incarne le courant orthodoxe, de s’établir en force dans le nouveau centre de gravité du judaïsme parisien.

«Ce projet a été à la fois un pari et un acte de foi.»

Joël Mergui, président du Consistoire central

Le complexe, qui a commencé à prendre forme en 2006, a été accompagné tout du long par une série d’attentats, de l’assassinat d’Ilan Halimi, en 2006, aux attentats de Merah, en 2012, et ceux de l’Hyper Cacher, en 2015. «Dans toutes ses étapes, explique Joël Mergui, président du Consistoire central, ce projet a été à la fois un pari et un acte de foi.»

La synagogue du Centre européen du judaïsme peut accueillir 600 personnes.| © DR Consistoire

Le projet, dont le coût s’élève à près de 15 millions d’euros, a bénéficié d’un large soutien des pouvoirs publics. La marie de Paris a mis mis à disposition le terrain, l’État et la région ont contribué à hauteur de 3 millions d’euros pour la partie culturelle du CEJ. Le reste a été financé par des dons de particuliers (7 millions) et par un emprunt du Consistoire central et de son antenne parisienne (4 millions).

Prochaine nomination d’un directeur

Le fonctionnement budgétaire du pôle culturel de nouveau centre interroge cependant des connaisseurs du dossier, vu les ambitions culturelles qu’il affiche. Devenir un lieu de savoir et de diffusion de la culture juive au niveau européen, avec salles de spectacles et expositions ouvertes au public, a un coût. «Tout reste à faire», reconnaît Joël Mergui, le président du consistoire, qui devrait nommer rapidement un directeur pour ce pôle culturel.

Les juifs libéraux, sensibilité minoritaire du judaïsme français, souhaitent de leur côté que le CEJ puisse devenir un haut lieu du dialogue religieux intra-juif «pour faire dialoguer tous les courants du judaïsme en Europe comme en France». (cath.ch/cx/cp)

Le Consistoire
Institution représentative de la religion juive en France sections régionales (500 synagogues affiliées ou associées), il forme les rabbins et répond aux besoins cultuels (mariage, conversion, éducation religieuse, certification de la nourriture cachère). L’institution, créée par Napoléon en 1808, incarne le courant orthodoxe, majoritaire en France.
En région parisienne, qui comprend les deux tiers de la communauté juive de France (500’000 personnes), 82 communautés dépendent directement du Consistoire de Paris, une cinquantaine d’autres lui sont associées. Les fidèles adhèrent aux consistoires locaux, qui paient une cotisation annuelle au Consistoire central. 

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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