Brésil: un prêtre italien militant pour l'Amazonie interdit de séjour

Après dix ans de mission au cœur de l’Amazonie brésilienne, le prêtre italien Angelo Maffeis ne pourra plus retourner au Brésil, puisque son visa n’a pas été renouvelé. Le missionnaire s’était élevé contre un grand propriétaire terrien occupant illégalement les terres de petits paysans.

Le Père Maffeis a expliqué au quotidien italien Bergamo Post qu’il avait dénoncé l’occupation illégale de terrain au maire local. Après lui avoir exposé la situation, l’édile a fait en sorte que la police militaire se rende sur les lieux et rétablisse l’ordre.

L’initiative n’a évidemment pas plu au grand propriétaire. «Au Brésil, si l’on s’oppose aux grands propriétaires, il n’y a que deux alternatives: soit on est tué, soit on est éloigné, souligne le Père Angelo Maffeis. Finalement je m’en sors bien car j’ai été éloigné, alors que j’ai vu beaucoup de gens perdre la vie pour beaucoup moins».

Absurdités administratives

Les ennuis du missionnaire italien ont débuté en 2018, quelques mois avant l’échéance de son visa. «Pour en obtenir le renouvellement, l’administration a commencé à me demander différents documents. Pour chacun d’entre eux, le coût moyen était l’équivalent de 250 euros en monnaie, ce qui représente beaucoup d’argent dans le pays». Le prêtre ne s’est jamais vu explicitement refuser le visa, mais l’administration a multiplié les demandes absurdes pour son obtention, jusqu’à exiger qu’il fournisse des documents prouvant l’absence d’antécédents criminels provenant de chacun des 27 Etats du Brésil. Le prêtre a finalement jeté l’éponge et est rentré en Italie.

Violence et corruption

Revenu sur sa terre natale de Bergame, le missionnaire assure qu’il n’y a jamais eu autant de violence au Brésil qu’aujourd’hui, que ce soit contre la nature ou contre les personnes. «Le niveau de corruption à tous les niveaux du pouvoir est très élevé et nous sommes face à un pays soumis à la logique du profit le plus effréné», avertit le Père Maffeis.

D’où l’importance, selon lui, du Synode pour l’Amazonie qui s’est tenu du 6 au 27 octobre à Rome. «Je ne voudrais pas mettre en avant le seul aspect de la défense de la nature, car il y a aussi des populations qui vivent en Amazonie. Mais le problème des incendies dans la région est très sérieux. En Amazonie, la forêt est détruite à la vitesse effrayante de deux terrains de football par minute!» (cath.ch/jcg/rz)

Hommage à un évêque italien défenseur de l’Amazonie

Le Père Maffeis n’est pas le seul Italien a s’engager pour l’Amazonie au Brésil. C’est également l’un des principaux combats de Mgr Aldo Mongiano, évêque émérite du Roraima, au nord de l’Amazonie brésilienne. Le Piémontais d’origine est un grand défenseur des peuples indigènes et de la préservation de la forêt contre les chercheurs d’or et les grands propriétaires terriens. Il a fêté ses 100 ans le 1er novembre dernier, dont 40 à la tête du diocèse de Roraima. Un hommage lui a été rendu cette semaine par la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB).

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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