Des dieux et des hommes

L’exposition «Dieu(x), mode d’emploi» poursuit son tour d’Europe. Partie de Belgique, elle débarque sur les rives du Rhône, précisément à Palexpo à Genève. Etalage de statuettes, d’amulettes, de gris-gris et de talismans. Vaudou, bouddhisme, christianisme, chamanisme, judaïsme, hindouisme et j’en passe. Chacun, dans sa boutique, débite ses boniments et présente sa recette «magique» qui devrait vous aider à passer les moments cruciaux de votre vie.

A ce niveau de présentation, le calendrier interreligieux édité en Romandie suffit amplement à vous informer. Alors, à quoi bon cette exposition? Elle vous permet quelques bonnes rencontres parmi des visiteurs qui, comme vous, cherchent dans ce dédale obscur le chemin qui conduit à la porte de sortie. Et même, le bras compatissant d’une dame du service d’accueil qui, dans le noir, vient à votre secours. C’est elle que j’aurais aimé voir exposée, pratiquante de la «vraie» religion, si j’en crois mon évangile.

Mais qu’en retenir? Tout d’abord une évidence qui va de soi. Depuis que l’homme est sur terre, il fait usage de «médiums» qui devraient lui donner accès à «une puissance extérieure» priée de satisfaire ses désirs et ses aspirations. Des dieux sont donc à son service, à condition qu’il en connaisse «le mode d’emploi» et s’acquitte du prix de leur intervention. Les religions sont là pour lui faciliter cette démarche.

«L’unique résistance est une foi gratuite en une Transcendance»

Evidemment, on se passera de recourir à ces «dieux» utilitaires le jour où l’homme aura trouvé par lui-même réponse à ses questions et à ses tourments. Ce jour semble être arrivé pour la majorité de nos contemporains «occidentaux», indifférents à toute requête de nature religieuse jugée par eux anachronique et même néfaste puisque les religions génèrent la violence entre les humains. Un jeu scénique présenté à l’entrée de Palexpo le démontre avec force.

Une confirmation? L’an dernier, dans le seul canton de Fribourg, plus de mille baptisés ont «officiellement» quitté leur Eglise. Pourquoi soutiendraient-ils de leurs deniers une institution qu’ils ignorent, ne fréquentent plus et ne leur sert à rien? Cette hémorragie ne s’explique pas seulement par des raisons personnelles ou par des scandales ecclésiaux, mais elle reflète un changement social profond qui tend à se globaliser.

L’unique résistance à lui opposer est une foi gratuite en une Transcendance qui vient au secours de l’homme avant même qu’il ne l’implore. Jésus l’appelait «Père». Un Père qui ne monnaye pas ses services au marché des religions, mais se donne gratuitement à celui qui veut bien le recevoir.

Guy Musy

13 novembre 2019

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