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APIC – Document
Vatican: l’Eglise n’a pas le pouvoir de (211195)
conférer l’ordination sacerdotale aux femmes
Publication intégrale de la note
de la Congrégation pour la doctrine de la foi
Rome, 21 novembre(APIC) La Congrégation pour la doctrine de la foi a publié le 18 novembre une brève note confirmant la doctrine selon laquelle
l’Eglise n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes.
La Congrégation répondait à la question suivante: « Doit-on considérer
comme appartenant au dépôt de la foi la doctrine selon laquelle l’Eglise
n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes, doctrine qui a été proposée par la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis comme à tenir de manière définitive? ». La réponse est oui: « Cette doctrine
exige un assentiment définitif parce qu’elle est fondée sur la Parole de
Dieu écrite, qu’elle a été constamment conservée et mise en pratique dans
la Tradition de l’Eglise depuis l’origine et qu’elle a été proposée infailliblement par le magistère ordinaire et universel (cf. Concile Vatican II,
Const. dogm. Lumen gentium, 25, 2). C’est pourquoi, dans les circonstances
actuelles, le Souverain Pontife, exerçant son ministère de confirmer ses
frères (cf. Luc 22,32), a exprimé cette même doctrine sous forme d’une déclaration formelle qui affirme explicitement ce qui doit toujours être tenu, partout et par tous les fidèles, comme appartenant au dépôt de la foi ».
Au cours d’une audience accordée au cardinal Ratzinger, Jean-Paul II a
approuvé cette réponse, élaborée en réunion ordinaire de la Congrégation
pour la doctrine de la foi, et en a ordonné la publication. La brève note
signée par le cardinal J. Ratzinger, préfet, et par Mgr T. Bertone, secrétaire, est suivie d’une note explicative. En voici le texte intégral, traduit par CIP à partir de la version italienne. Les sous-titres sont de la
rédaction.
* * *
A l’occasion de la publication de la réponse de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi à une question touchant le motif pour lequel la doctrine
exposée dans la lettre apostolique ’Ordinatio sacerdotalis’ doit être tenue
pour définitive, quelques réflexions paraissent opportunes.
L’importance ecclésiologique de cette Lettre apostolique a été soulignée
par la date même de sa publication: en effet, c’était ce jour-là, le 22 mai
1994, la Solennité de la Pentecôte. Cette importance, on pouvait la découvrir surtout dans les mots de conclusion de la Lettre: « afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Eglise, je déclare, en vertu de ma mission
de confirmer mes frères, que l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de
conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit
être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise » (n. 4).
L’intervention du Pape avait été rendue nécessaire non seulement pour
réaffirmer la validité d’une discipline observée dans l’Eglise depuis
l’origine, mais pour confirmer une doctrine (n. 4) « conservée par la Tradition constante et universelle de l’Eglise » et « enseignée avec fermeté par
le Magistère dans les documents les plus récents »; doctrine « qui tient à la
constitution divine elle-même de l’Eglise » (ibid.). De cette manière, le
Saint-Père voulait qu’il soit clair que l’enseignement selon lequel l’ordination sacerdotale est réservée seulement aux hommes ne pouvait être tenue
pour « discutable », et que l’on ne pouvait non plus attribuer à la décision
de l’Eglise « une valeur purement disciplinaire » (ibid.).
Depuis la publication de la Lettre, ses fruits se sont fait sentir. De
nombreuses consciences qui, de bonne foi, s’étaient peut-être laissées
troubler plus par l’insécurité que par un doute, ont retrouvé la sérénité
grâce à l’enseignement du Saint-Père. Cependant, les perplexités ont aussi
été nombreuses, non seulement chez ceux qui, éloignés de la foi catholique,
récusent l’existence d’une autorité doctrinale dans l’Eglise, c’est-à-dire
le Magistère sacramentellement investi de l’autorité du Christ (cf. Const.
Lumen gentium, 21), mais aussi chez quelques fidèles pour lesquels l’exclusion du ministère sacerdotal continue de paraître une violence ou une discrimination à l’égard des femmes. Certains objectent qu’il ne dérive pas de
la Révélation qu’une telle exclusion ait été la volonté du Christ pour son
Eglise, et d’autres s’interrogent sur l’assentiment dû à l’enseignement de
la Lettre.
Les motifs de l’Eglise
On peut certainement approfondir encore plus les motifs pour lesquels
l’Eglise n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes; motifs déjà exposés, par exemple dans la Déclaration Inter insigniores
(15-10-1976) de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, approuvée par
Paul VI, et dans divers documents de Jean-Paul II (comme l’ex. ap. Christifideles laici, 51; et la Let. ap. Mulieris dignitatem, 26), ainsi que dans
le Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 1577. On ne peut en tout cas oublier que l’Eglise enseigne, comme vérité absolument fondamentale de l’anthropologie chrétienne, l’égale dignité personnelle de l’homme et de la
femme et la nécessité de surmonter et d’éliminer « toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux » (Const. Gaudium et spes, 29). A la
lumière de cette vérité on peut chercher à mieux comprendre l’enseignement
selon lequel la femme ne peut recevoir l’ordination sacerdotale. Une théologie correcte ne peut faire abstraction ni de l’un ni de l’autre enseignement, mais doit les tenir ensemble. Ce n’est que de cette façon que l’on
pourra approfondir les desseins de Dieu sur la femme et sur le sacerdoce et donc sur la mission de la femme dans l’Eglise. Si au contraire on devait
soutenir qu’il y a une contradiction entre les deux vérités, en se laissant
peut-être trop conditionner par les modes ou par l’esprit du temps, on perdrait le chemin du progrès dans l’intelligence de la foi.
Dans la lettre ’Ordinatio Sacerdotalis’, le Pape fixe son attention sur
l’exemple de la personne de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et
Mère de l’Eglise: le fait qu’Elle « n’a reçu ni la mission spécifique des
Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission
des femmes à l’ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu’elles auraient une dignité moindre, ni qu’elles seraient l’objet d’une discrimination »
(n. 3). La diversité en ce qui concerne la mission n’entame pas l’égalité
de la dignité personnelle.
En outre, pour comprendre qu’il n’y a ni violence ni discrimination à
l’égard des femmes, il faut considérer aussi la nature même du sacerdoce
ministériel, qui est un service et non une position de pouvoir humain ni de
privilège sur les autres. Quiconque, qu’il soit homme ou femme, conçoit le
sacerdoce comme une affirmation personnelle, comme l’aboutissement ou même
le point de départ d’une carrière pour un succès humain, se trompe complètement, car le vrai sens du sacerdoce chrétien, aussi bien le sacerdoce
commun des fidèles que, de manière toute spéciale, le sacerdoce ministériel, ne peut se trouver que dans le sacrifice de sa propre existence, en
union avec le Christ, au service des frères. Le ministère sacerdotal ne
peut constituer ni l’idéal général, et encore moins l’aboutissement de la
vie chrétienne. En ce sens, il n’est pas superflu de rappeler une fois encore que le seul charisme supérieur que l’on peut et que l’on doit désirer
est la charité.
L’Ecriture et la Tradition
Pour ce qui est du fondement dans la Sainte Ecriture et dans la Tradition, Jean-Paul II s’arrête sur le fait que le Seigneur Jésus, comme en témoigne le Nouveau Testament, a appelé au ministère ordonné seulement des
hommes, et non des femmes, et que les Apôtres « ont fait de même au moment
de choisir les collaborateurs qui devaient leur succéder dans le ministère »
(Let. apost. Ordinatio Sacerdotalis, n. 2; cf. Tm 3,1 ss.; 2 Tm 1, 6; Tt
1,5). Il y a des arguments solides pour soutenir que la façon d’agir du
Christ n’a pas été déterminée par des motifs culturels, comme il y a des
raisons suffisantes pour affirmer que la Tradition a interprété le choix
fait par le Seigneur comme contraignant pour l’Eglise de tous les temps.
Ici, cependant, nous nous trouvons déjà confrontés à l’interdépendance
essentielle entre la Sainte Ecriture et la Tradition; interdépendance qui
fait de ces deux modes de transmission de l’Evangile une unité indissociable en même temps que le Magistère, lequel est partie intégrante de la Tradition et l’instance qui interprète authentiquement la Parole de Dieu écrite et transmise (cf. Const. Dei Verbum, 9 et 10). Dans le cas spécifique
des ordinations sacerdotales, les successeurs des Apôtres ont toujours observé la norme de ne conférer l’ordination sacerdotale qu’à des hommes, et
le Magistère, avec l’assistance de l’Esprit Saint, nous enseigne que ceci
ne s’est pas fait seulement, ni par routine, ni par soumission à des conditionnements sociologiques, et encore moins en raison d’une infériorité imaginaire de la femme, mais « parce que l’Eglise a toujours reconnu comme norme éternelle le mode d’agir de son Seigneur dans le choix des douze hommes
dont il a lui-même fait le fondement de son Eglise » (Let. apost. Ordinatio
Sacerdotalis, n. 2).
Comme on le sait, il y a des motifs de convenance au travers desquels la
théologie a cherché et cherche à comprendre la conformité à la raison de la
volonté du Seigneur. De tels motifs, que l’on trouve exposés par exemple
dans la Déclaration Inter insigniores, ont une valeur incontestable, mais
ils ne sont pas conçus ni mis en oeuvre comme s’ils étaient des démonstrations logiques et contraignantes dérivant de principes absolus. Cependant,
il est important de garder à l’esprit que la volonté humaine du Christ, non
seulement n’est pas arbitraire, comme ces motifs de convenance aident de
fait à le comprendre, mais est intimement liée à la volonté divine du Fils
éternel, de laquelle dépend la vérité ontologique et anthropologique de la
création des deux sexes.
Un enseignement irrévocable
Face à cet acte magistériel précis du Pontife Romain, explicitement
adressé à l’Eglise catholique tout entière, tous les fidèles sont tenus de
donner leur assentiment à la doctrine qu’il énonce. C’est à ce sujet que la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec l’approbation du Pape, a donné une réponse officielle sur la nature de cet assentiment. Il s’agit d’un
plein assentiment définitif, c’est-à-dire irrévocable, à une doctrine proposée infailliblement par l’Eglise. En fait, comme l’explique la réponse,
ce caractère définitif dérive de la vérité de cette doctrine, parce que,
fondée sur la Parole de Dieu écrite et constamment tenue et appliquée dans
la Tradition de l’Eglise, elle a été proposée infailliblement par le Magistère ordinaire universel (cf. Const. Lumen gentium, 25). C’est pourquoi la
réponse précise que cette doctrine appartient au dépôt de la foi de l’Eglise. On souligne donc que le caractère définitif et infaillible de cet enseignement de l’Eglise n’est pas né de la Lettre ’Ordinatio Sacerdotalis’.
Dans celle-ci, comme l’explique la réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Souverain Pontife, compte tenu des circonstances présentes, a confirmé cette doctrine par une déclaration formelle énonçant, de
nouveau quod semper, quod ubique et quod ab omnibus tenendum est, utpote ad
fidei depositum pertinens (Ce qui doit être tenu toujours, partout et par
tous les fidèles comme appartenant au dépôt de la foi). Dans ce cas, un acte du Magistère pontifical ordinaire, non absolument infaillible en lui-même, atteste le caractère infaillible de l’enseignement d’une doctrine déjà
en possession de l’Eglise.
Enfin, certains commentaires à la Lettre ’Ordinatio Sacerdotalis’ n’ont
pas manqué, selon lesquels cette lettre constituerait une difficulté supplémentaire et inopportune sur le chemin déjà ardu du mouvement oecuménique.
De ce point de vue, il ne faut pas oublier que selon la lettre et l’esprit
du Concile Vatican II (cf. Decr. Unitatis redintegratio, 11), l’engagement
oecuménique authentique, auquel l’Eglise catholique ne veut ni ne peut se
soustraire, exige une entière sincérité et clarté dans la présentation de
l’identité de sa propre foi. Il faut en outre relever que la doctrine réaffirmée par la Lettre ’Ordinatio Sacerdotalis’ ne peut pas ne pas favoriser
la recherche de la pleine communion avec les Eglises orthodoxes, lesquelles, en conformité avec la Tradition, ont maintenu et continuent de maintenir avec fidélité le même enseignement.
L’originalité singulière de l’Eglise et du sacerdoce ministériel en son
sein exige une clarté précise dans ses critères. Concrètement, il ne faut
jamais perdre de vue que l’Eglise ne trouve pas la source de sa propre foi
et de sa propre structure constitutive dans les principes de la vie sociale
d’un quelconque moment historique. Tout en observant avec attention le monde dans lequel elle vit et au salut duquel elle travaille, l’Eglise a conscience d’être porteuse d’une fidélité supérieure à laquelle elle est liée.
Il s’agit de la fidélité radicale à la Parole de Dieu reçue de l’Eglise que
Jésus a établie jusqu’à la fin des temps. Cette Parole de Dieu, en proclamant la valeur essentielle et le destin éternel de chaque personne, manifeste le fondement ultime de la dignité de tout être humain: de toute femme
et de tout homme. (apic/cip/pr)
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