Romandie: un «Fair Friday» au profit de Caritas

Les librairies Payot ont annoncé la deuxième édition du «Fair Friday». En riposte au «Black Friday», prévu les 29 et 30 novembre prochains, les plus de 120 commerçants associés à l’opération proposent aux acheteurs d’arrondir le ticket de caisse à la hausse au profit de Caritas Suisse.

Beaucoup s’apprêtent à piquer un sprint dans les magasins pour s’emparer du téléviseur, du smartphone ou de vêtements tant convoités à prix cassé, à l’occasion du «Black Friday». De son côté Pascal Vandenberghe, directeur des librairies Payot, a annoncé le 19 novembre dernier sur la RTS, la deuxième édition du «Fair Fraiday», qu’il qualifie de riposte au «Black Friday».

«Je considère le «Black Friday» comme une opération purement mercantile, qui n’a pas grand intérêt et qui est une incitation à l’hyperconsommation», fustige le libraire romand au micro de l’émission Forum. Il a souligné la nécessité d’une consommation raisonnée et durable alors que l’équilibre de la planète est menacé. Il incite également chacun à réfléchir à son mode de consommation à l’approche des fêtes de Noël, période traditionnellement dédiée aux achats de cadeaux.

Or, ajoute Pascal Vandenberghe, beaucoup de Suisses ne participeront pas à cette fête parce qu’ils sont pauvres. Un argument qui l’a incité, en 2018, à proposer d’arrondir le ticket de caisse à la hausse plutôt que d’aplatir le prix des livres. Il renouvelle l’opération: le surplus consenti par les acheteurs sera reversé à Caritas Suisse. «Autant faire un geste pour les plus pauvres, non pour financer la pauvreté, mais pour favoriser l’insertion professionnelle et la formation».

Une journée de solidarité

«Transformer le «Black Friday» en une journée de solidarité: un concept très porteur que nous saluons», se réjouit Fabrice Boulé, porte-parole de Caritas Suisse. Il confirme que l’œuvre d’entraide catholique a été approchée par le libraire romand.

«Un choix naturel en raison de la notoriété, de la fiabilité et de la compétence de Caritas Suisse dans le domaine caritatif», explique Anne Niederoest, directrice de la communication de Payot. D’autant plus que l’année prochaine les organisateurs ambitionnent de porter l’opération à l’échelle nationale. Caritas serait donc le partenaire idéal en raison de son implantation en Suisse.

L’année passée, le profit généré par l’opération a permis de reverser quelque 35’000 francs à l’œuvre d’entraide catholique. «Des dons répartis entre les «projets réseau» de Caritas Suisse (les épiceries Caritas, la CarteCulture) et les Caritas régionales romandes (GE, VD, VS, FR, NE, FR) pour leurs projets de formation et d’intégration professionnelle», précise Fabrice Boulé.

Des promotions contre-productives

Quelque 121 commerces (dont deux enseignes en ligne) se sont annoncés pour l’opération 2019, une majorité d’entre eux sont situés dans les cantons de Genève (27) et Vaud (38). Passé l’engouement des premières éditions du Black Friday, certains commerçants commencent à douter de l’efficacité de telles promotions qui génèrent une rétention d’achats avant et après le «vendredi noir». Ces promotions seraient contre-productives. «A long terme, cela n’aide personne si les produits sont vendus à des prix toujours plus bas – les producteurs, les détaillants», précise un commerçant.

Les initiatives à rebours du «Black Friday» essaiment en Europe, comme en Allemagne où la chaîne de librairies Osiender propose un ‘Better Friday’ aux consommateurs. Elle reversera, les 29 et 30 novembre prochain, 10 centimes d’Euro sur chaque achat à l’association «One Earth One Ocean», qui lutte contre la pollution qu’engendre le plastique dans les océans. (cath.ch/bh)

Un «vendredi noir» venu des Etats-Unis
Aux Etats-Unis, le «Black Friday» suit le jeudi du «Thanksgiving» («Action de grâce», le 3e jeudi de novembre), fête traditionnelle célébrant les récoltes. Quelques années plus tard, les achats du lendemain de Thanksgiving permettaient de sortir «du rouge» et donc d’écrire à l’encre noire les nouveaux chiffres positifs, d’où l’expression de «vendredi noir». Importé en Suisse il y a quelques années, le «Black Friday» ne s’inscrit dans aucune tradition locale.

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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