Togo: Plaidoyer des évêques pour une élection présidentielle calme

Dans la perspective de l’élection présidentielle au Togo, prévue en février ou en mars 2020, la Conférence des évêques a appelé au calme, alors que le climat politique est tendu dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Samedi 23 novembre, le ministre de la sécurité, Yark Damehame, a dénoncé de nouveaux actes de violence à Lomé, la capitale.

La Conférence des évêques du Togo (CET) a lancé un appel aux hommes politiques du pays, les invitant à surprendre «positivement le monde qui nous regarde». Elle leur demande de prendre leurs responsabilités «pour offrir, enfin, aux concitoyens, une élection présidentielle paisible, libre, transparente et équitable».

La CET redoute la réédition du scénario auquel le Togo est habitué lors de consultations électorales, à savoir: «élections entachées d’irrégularités suivies de contestations, de manifestations populaires, de répressions sanglantes, de dialogue et d’accords non suivis, d’élections qui se succèdent sans de réelles avancées». 

Faure Eyadéma ne s’est pas encore déclaré candidat

L’élection présidentielle, se tiendra probablement entre le 19 février et le 5 mars 2020, sur proposition de la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays. La dernière élection présidentielle du pays a eu lieu en 2015, le président étant élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Arrivé au pouvoir en 2005, après le décès de son père Gnassingbé Eyadéma, Faure Eyadéma a été réélu en 2010, puis en 2015. A cette époque, la Constitution ne limitait pas le nombre des mandats d’un chef de l’Etat togolais.

C’est seulement en mai dernier que la loi fondamentale a changé, en introduisant la limite du nombre des mandats présidentiels. Faure Eyadéma n’a pas encore déclaré sa candidature à sa propre succession. En revanche, cinq de ses adversaires politiques ont déclaré être candidats au scrutin.

Actes de violence  

Les derniers actes de violence  ont été enregistrés à Lomé, la capitale. Ils ont visé particulièrement les forces de l’ordre. Un groupe d’individus qui tentait d’incendier un Commissariat de police à Agoè, un quartier populaire de Lomé, a été repoussé, après avoir lancé des cocktails Molotov.

Prenant acte de ces débuts de troubles, la CET a invité «tout le monde à la retenue, à s’abstenir de toute forme de violence et de tout acte de provocation», souhaitant que la prochaine campagne se déroule «dans un esprit de saine compétition et de fair-play, avec de grands débats sur les vrais problèmes de la société togolaise», a-t-elle souhaité dans une déclaration du 22 novembre 2019.

Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, «l’évêque-chanteur», nommé archevêque de Lomé

Le texte est signé par les huit évêques et les deux archevêques émérites de Lomé, Mgr Philippe Kpodzro, et de Sokodé, Mgr Ambroise Djouba. C’est la  dernière déclaration de la CET co-signée par Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, en tant qu’archevêque de Lomé. Après avoir atteint l’âge limite de 75 ans, il a démissionné. Le Vatican a annoncé, samedi 23 novembre 2019, son remplacement par Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, 56 ans, évêque du diocèse d’Atakpamé. Il est connu comme «l’évêque-chanteur».

Né le 19 mai 1963 à Ouagadougou, au Burkina Faso, Mgr Barrigah-Bénissan est entré au Petit Séminaire Saint Pie X d’Agoè-Nyivé. Il en sort en 1981 et s’inscrit au Bénin pour des études de philosophie et de théologie au Grand Séminaire Saint-Gall de Ouidah jusqu’en 1987.

Outre les fonctions religieuses, Mgr Barrigah-Bénissan a présidé la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) au Togo. Selon la presse togolaise, Mgr Barrigah, qui est perçu comme un diplomate, devra insuffler «une ère de convivialité entre l’Eglise catholique et l’Etat togolais» dont les relations ne sont pas au beau fixe. Ainsi Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé, s’est récemment dit «menacé de mort» par le pouvoir pour s’être rangé du côté de l’opposition dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.  (cath.ch/ibc/be)

Jacques Berset

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