Le chemin synodal fait ses premiers pas en Allemagne

Le début de l’année liturgique, en Allemagne, a coïncidé avec l’ouverture d’un nouveau dialogue sur l’avenir de l’Eglise catholique. Le 1er décembre 2019, dans les principales églises du pays, des bougies ont été allumées en faveur du «chemin synodal». L’agence de presse catholique allemande analyse les enjeux de cette initiative, qui vise à initier un nouvel élan de l’Eglise allemande.

kath.ch, traduction et adaptation Davide Pesenti

Chemin synodal: qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Le «chemin synodal» ne doit pas être un synode au sens classique du terme. La proximité du concept avec un synode, cependant, exprime la conscience que le dialogue sur les réformes, initialement limité à deux ans, devrait être bien plus qu’une discussion non contraignante. Ce sont les évêques et les laïcs catholiques allemands qui l’ont lancé, les règles étant fixées dans un statut. Comme c’est le cas pour un synode, le chemin synodal a une fonction consultative. Dans les deux cas, c’est l’évêque du lieu qui décide s’il mettra en œuvre les décisions qui y sont prises.

Quel est le but de ce chemin de dialogue ?

«Le chemin synodal de l’Église catholique en Allemagne sert à la recherche commune de mesures pour renforcer le témoignage chrétien», affirme le statut. La formulation reprend une pensée que le pape François a soulignée dans sa lettre au «peuple de Dieu pèlerin en Allemagne» de l’été 2019. Il y exhortait notamment à l’unité avec l’Église universelle et exigeait que le critère pour le renouveau soit l’évangélisation.

Les principaux sujets à l’ordre du jour sont la morale sexuelle, le mode de vie des prêtres, la séparation des pouvoirs ainsi que le rôle des femmes dans l’Église catholique. Les évêques et les laïcs se retiennent d’exprimer les résultats concrets attendus.

Mais il serait concevable, par exemple, qu’ils prennent des mesures en vue de l’établissement de tribunaux administratifs ecclésiastiques, avec des juges d’instructions indépendants, vers lesquels les catholiques pourraient se tourner, s’ils se sentaient désavantagés par les décisions de la hiérarchie.

Quelles sont les premières étapes de ce chemin ?

D’ici la mi-décembre 2019, le choix des membres de l’assemblée synodale, composée de plus de 200 participants, devrait être terminée. Les 69 membres actuels de la Conférence épiscopale allemande ont déjà été sélectionnés; de même que les 69 participants issus des rangs du «Comitée central des catholiques allemands» (»Zentralkomitee der deutschen Katholiken»): 31 femmes et 38 hommes.

La plus haute instance du chemin synodal se réunira pour la première fois à Francfort du 30 janvier au 1er février 2020. Comme toutes les autres réunions, celle-ci sera retransmise en direct via streaming.

Comment se dérouleront les discussions ?

Quatre forums ont produit plusieurs documents de travail sur les principaux thèmes concernant ce chemin synodal. Ils sont mis à disposition pour les débats aux sein de l’assemblée synodale. Durant sa première réunion, l’assemblée synodale établira quatre nouveaux forums qui détermineront la suite des discussions. Ces groupes de travail seront composés d’une trentaine de personnes. Les participants seront recrutés parmi les membres de l’Assemblée synodale ainsi que parmi des consultants externes.

Comment les décisions seront-elles prises ?

Pour que les décisions de l’Assemblée synodale soient définitives, elles devront être prises à la double majorité des deux tiers – de tous les membres présents ainsi que des membres de la Conférence épiscopale d’Allemagne présents.

Dans quelle mesure sont-elles contraignantes ?

Il n’y a pas d’unanimité aujourd’hui, pour savoir jusqu’à quel point les décisions prises durant les délibérations peuvent être contraignantes. Beaucoup de catholiques espèrent des changements concrets et y voient l’une des dernières chances de surmonter la crise actuelle de Église catholique. D’autres soulignent que les sujets particulièrement controversés ne pouvaient pas être décidés en Allemagne, cela ne pourra se faire qu’avec l’accord du Vatican et en lien avec l’Église universelle.

Récemment, le Synode sur l’Amazonie a lancé le débat sur les réformes de l’Église universelle. Qu’est-ce que cela signifie pour le chemin synodal ?

Selon le cardinal Reinhard Marx, le Synode sur l’Amazonie pourrait aussi donner un coup de pouce au dialogue sur les réformes en Allemagne. Une éventuelle ordination sacerdotale d’hommes mariés, comme aussi le diaconat des femmes, ont été abordés plus souvent et plus clairement qu’il ne l’avait lui-même prévu.

Maintenant, il sera intéressant de voir quelles conclusions le pape François tirera de ce sommet sur la pastorale et la protection de l’environnement en Amérique latine, qui s’est tenu en octobre dernier. On ne sait pas encore quand il publiera sa lettre, dite post-synodale, mais les observateurs l’attendent avant Noël.

Y a-t-il des critiques à l’égard de ce chemin synodal ?

Certains critiques s’inquiètent du fait que ce sont les évêques qui ont le dernier mot. Les évêques et les laïcs soulignent cependant que cela correspond aux règles d’un synode.

Une minorité d’évêques, dont le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, et Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne, ont réaffirmé leurs réserves sur le chemin synodal peu avant son début. En fin de compte, les décisions n’appartiendront qu’aux évêques. «Il faut déjà éviter de donner l’impression qu’il s’agit d’un vote quasi-parlementaire sur la foi», ont-ils affirmé.

La sélection des participants se révélera également être une source de discussions. «Sera-t-il possible d’impliquer adéquatement les représentants du camp libéral ainsi que ceux du camp conservateur ? Combien d’hommes et combien de femmes feront partie de l’assemblée synodale ? Et les jeunes catholiques, comme aussi les catholiques plus âgés, seront-ils équitablement représentés ?», s’interroge finalement la KNA. (cath.ch/kath.ch/jh/dp)

Davide Pesenti

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