Un chemin de joie qui sillonne le canton de Genève

Se balader aux quatre coins du canton de Genève, découvrir des églises jusque dans la campagne trop méconnue du bout du lac, tout en faisant de belles découvertes artistico-spirituelles, c’est le cadeau que l’Eglise catholique romaine de Genève (ECR) fait à tout un chacun. Treize mosaïques, éparpillées sur un chemin qui va dans tous les sens, composent une création due à l’artiste de renom Marko Rupnik.

Par Claude Jenny, Grandir

Pour celui qui veut le découvrir à pied, c’est évidemment possible! Mais il lui faudra marcher bien des kilomètres et… prévoir plusieurs jours étapes! Mais qu’importe le mode de locomotion, l’important est dans la démarche. Celle du visiteur-pèlerin qui désormais peut bâtir son itinéraire pour arriver à voir les treize lieux composant un chemin achevé après une décennie d’épisodes, d’incertitudes et de travaux artistiques menés partiellement in situ.

Importante a en effet été la démarche de départ. Un projet qui a jailli déjà en 2012, fruit de l’inspiration d’un noyau de personnes du Service de la catéchèse de l’Eglise catholique genevoise et en particulier de sa responsable de l’époque, Pauline Lodder.

Mgr Pierre Farine bénit la mosaïque de l’église Saint-Martin, à Onex | © Jean-Claude Gadmer

De l’idée à la réalisation, le chemin ne fut pas simple! Mais il a pu être parcouru jusqu’à son terme grâce au soutien apporté à cette ambitieuse démarche par Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire de Genève jusqu’en2016. Il a, comme on dit, «poussé au char» pour que, d’étape en étape, de mosaïque en mosaïque, la démarche soit conduite à son terme. Grâce aussi à l’engagement de Silvana Bassetti, responsable de la communication de l’ECR, qui a fait le lien avec l’artiste. Un chemin de foi, fait de patience, de volonté, d’incertitudes et finalement…de joie, lors de l’inauguration officielle le 28 avril 2019.

Un jésuite à l’œuvre

Un chemin de treize mosaïques, dont douze sont visibles par celle ou celui qui daigne «se mettre en chemin». La treizième, le bon chrétien ne peut pas la voir! Et c’est mieux ainsi, puisqu’elle a été installée dans les murs de la prison de Champ-Dollon! L’ensemble de l’oeuvre donne l’ampleur du magnifique travail artistique réalisé par le fameux Atelier Aletti, à Rome, que dirige le père jésuite Marko Rupnik.

Chemin de joie, parce que chemin de résurrection. Parce que, après le chemin de croix du temps pascal, cet itinéraire artistique en terre genevoise est destiné à guider nos pas en direction du Christ ressuscité pour «être des témoins de la joie de la Résurrection» disent ses promoteurs. Alors, mettez-vous en marche.

Et si vous venez d’ailleurs, et que vous arrivez à Genève par le train, vous serez vite émerveillés: deux mosaïques vous attendent déjà à la sortie de la gare… (cath.ch/cj/rz)

La mosaïque présente dans la prison de Champ-Dollon| © Jean-Claude Gadmer

Treize mosaïques, dont douze sont visibles…

Les 13 mosaïques sont réparties en 12 lieux différents. «C’est un choix délibéré de les avoir éparpillées dans tout le canton, jusqu’aux périphéries. Elles apportent partout un message de beauté, y compris par exemple dans une cité urbaine comme Le Lignon», explique Silvana Bassetti, qui s’est beaucoup investie pour que ce projet soit conduit à son terme. «A travers ces oeuvres d’art, l’Eglise apporte un message d’ouverture, bien visible, destiné à interpeller le visiteur, et qui exprime les couleurs de notre foi», ajoute la journaliste.

Etape 1 : la Basilique Notre-Dame à la Gare Cornavin
Deux mosaïques représentant «Les femmes et les hommes au tombeau:
les femmes porteuses de myrrhe, d’après l’Evangile de Luc (24, 1,3) et l’étonnement de Pierre et Jean, d’après l’Evangile de saint Jean (20, 3-9).

Etape 2 : le temple de Montbrillant, derrière la gare
«L’esprit» – Comme des langues de feu sur chacun d’eux, d’après le livre des Actes des Apôtres (chapitre 2, 1-4)

Etape 3 : l’église Saint-Nicolas de Flüe, derrière la gare
«Ne me retiens pas» – Le Ressuscité se révèle à Marie de Magdala (Evangile de Jean 20, 14-18).

Etape 4: l’église Saint-Jean XXIII, au Petit-Saconnex
«Thomas» – Thomas reconnaît le ressuscité et professe sa foi (selon l’Evangile de Jean (20, 24-29).

Etape 5: au Cénacle, dans le quartier de Malagnou
«Touchez-moi et regardez» – Le Ressuscité se manifeste aux disciples et demande à manger (selon l’Evangile de Luc, 24, 39-43).

Etape 6: Eglise Saint-François de Sales à Chêne-Bourg
«Reste avec nous» – Deux disciples rencontre le Ressuscité sur le chemin d’Emmaüs (selon l’Evangile de Luc, 24, 28-32).

Etape 7: Eglise Saint-Martin, à Onex
«Rencontre sur le rivage» – Les disciples reconnaissent le Ressuscité grâce à une pêche miraculeuse (selon l’Evangile de Jean, 21, 4-14).

Etape 8: Eglise Saint-Maurice, à Bernex
La dormition – «Viens ma mère bénie» – Le Ressuscité accueille sa mère dans la gloire (selon Saint Jean Damascène – deuxième homélie sur la dormition).

Etape 9: Chapelle Saint-Jean-Baptiste, à Perly
Jean le baptiste – «Tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer les voies». D’après l’Evangile de Jean,1,26-29).

Etape 10 : Eglise Sainte-Marie du Peuple, à Châtelaine-Vernier
Apparition aux 500 – Le Ressuscité se manifeste à une multitude de frères (d’après la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens – 15,3-8)

Etape 11 : Eglise de l’Epiphanie, à la Cité du Lignon
«La paix soit avec vous» – Le Ressuscité survient au milieu des disciples apeurés (selon l’Evangile de Jean, 20, 19-23).

… et la treizième est en prison!
La treizième mosaïque, intitulée «La Résurrection», n’est pas visible du grand public, puisqu’elle se trouve dans la salle où se déroule les célébrations religieuses pour les personnes détenues à la prison de Champ-Dollon. Elle représente «La descente aux enfers», d’après la première épître de Pierre (3, 18-19). Il est prévu d’installer une reproduction dans les environs de la prison à l’intention du public. A noter que cette mosaïque avait été bénie pape François lors de sa venue à Genève en juin 2018. CJ

Inauguration de la mosaïque du Jardin du Cénacle | © Jean-Claude Gadmer

Que ce chemin devienne celui de votre joie!

Par l’abbé Pascal Desthieux, Vicaire épiscopal de l’Eglise catholique romaine de Genève

Des chemins de croix ? Il y en a dans toutes nos églises. A Genève, nous vous proposons une démarche nouvelle : parcourir un « chemin de joie », en vous mettant en route, comme les disciples d’Emmaüs, avec le Christ ressuscité.

Sur ce chemin, vous croiserez Marie-Madeleine, Pierre, Jean, Thomas, les apôtres et de nombreux disciples, tous témoins de la Résurrection. Vous lirez une joie immense sur leurs visages: le Maître bien-aimé s’est relevé d’entre les morts! J’ai eu le bonheur et le privilège d’accueillir le Père Ivan Rupnik, auteur des mosaïques, et de faire avec lui le tour de ces mosaïques. Il m’a donné quelques clés de lecture de ses oeuvres.

Quelques clés de lecture

Ainsi, les auréoles des disciples ne sont pas complètement remplies, signe qu’ils sont encore en chemin vers la sainteté. Les mosaïques sont contenues sous une forme d’arc dont on ne voit pas le sommet, car il ouvre vers le haut, vers Dieu, et qui n’est pas symétrique car la relation entre Dieu et l’homme n’est pas symétrique. Enfin, devant la mosaïque de l’Apparition aux 500, à Sainte-Marie du Peuple (Châtelaine), on ne voit que quelques têtes de dos ; l’artiste a voulu que toutes les personnes qui viennent voir cette mosaïque soient incorporées à la scène, et fassent partie des 500.

Ce chemin de joie est maintenant à vous. Les mosaïques sont grandes, belles, toujours placées à l’extérieur des églises et donc visibles en tout temps. A pied, en bus, en vélo, en moto, en voiture… en route ! Que ce chemin devienne celui de votre joie! CJ

Le Père Marko Rupnik | © Jean-Claude Gadmer

Un cadeau pour tous

Toutes les mosaïques de ce chemin de joie ont été dessinées par le Père jésuite Marko Rupnik et réalisées par son équipe du Centre Aletti à Rome. Ce Centre d’études et de recherche, fondé par Jean Paul II, est chargé de valoriser la rencontre entre l’Orient et l’Occident chrétiens. Son atelier d’art a réalisé de nombreuses oeuvres, dont les mosaïques de la chapelle Redemptoris Mater au Vatican ainsi que la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire à Lourdes.

Le Centre Aletti a confié la réalisation de plusieurs parties des mosaïques du chemin de joie de Genève à l’atelier artistique péruvien d’Encanãda, dirigé par une artiste italienne formée par le père Rupnik.

«La mosaïque est un art dans lequel la communion précède la créativité, chacun et appelé à mettre ce qui lui est propre au service de ce qui appartient à tous, dans une synthèse personnelle qui vient universelle et, en tant que telle, révèle également dans la matière le passage de la fermeture, de la séparation à un visage commun où le cadeau que chacun a reçu devient un cadeau pour tous, parce que ce qui est de l’autre est aussi le mien», écrit le Père Rupnik. CJ


Cet article a été publié dans le numéro de novembre-décembre 2019 de la Revue Grandir

Rédaction

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