Abbé Charles Olivier Owono Mbarga – Eglise St-Pierre, Boudry, NE
Préparer le chemin du Seigneur aujourd’hui : pourquoi et comment ?
Chers frères et sœurs, dans l’extrait de l’évangile selon saint Mathieu proposé le 1er dimanche de l’Avent (Mt 24, 37-44), le Seigneur Jésus, dans un ton inhabituellement dur, invitait ses disciples à préparer son retour par les deux recommandations suivantes : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient» ; « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».
Appel à la conversion
On peut observer une continuité entre cette invitation de Jésus de dimanche dernier et celle de Jean-Baptiste ce dimanche (Mt 3, 1-12). Toutefois, il convient de préciser que si le texte du 1er dimanche de l’Avent fait allusion au retour du Seigneur pour juger le monde, le discours et la mission de Jean s’inscrivent dans l’effervescence des attentes messianiques. En assumant pleinement sa mission de précurseur, il lance un appel à la conversion en des termes qui évoquent l’éminente stature de Celui dont il prépare la venue : « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. » (Mt 3,11)
Dans un langage familier au monde rural et agricole, Jean fait également allusion à l’imminence du jugement (« Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu » Mt 3, 10) et au fait que Celui qui vient après lui est bel et bien Celui qui apporte le Royaume de Dieu au monde. A la manière de Dieu, il va nettoyer/purifier les cœurs : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
La connaissance du Seigneur
Revenant à la première lecture (Is 11, 1-10), comme dimanche dernier, elle est du prophète Isaïe (Is 2, 1-5) ; et les deux textes présentent quelques similitudes et une certaine continuité tant ils suscitent une grande espérance non seulement pour le peuple élu, mais surtout pour toutes les nations, tous les peuples de la terre : il est question de la venue du Seigneur, souche de Jessé, descendant de David (messie-roi) sur qui reposera l’esprit du Seigneur ; il sera juge des nations, qui apportera la justice et la paix universelles ; les armes deviendront des outils agricoles ; les nations n’apprendront plus la guerre (lecture du 1er dimanche de l’Avent) ; il y aura l’harmonie universelle dans la nature entre des êtres généralement opposés, les uns étant généralement victimes des autres (2e dimanche de l’Avent) ; une grande transformation des hommes opérée par la Parole du Seigneur (1er dimanche de l’Avent) et la connaissance de Dieu : « Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (2e dimanche de l’Avent – Is 11, 9). La tradition chrétienne a retrouvé en Jésus Christ, l’accomplissement et le réalisateur des prophéties annonçant le Messie et ses œuvres.
Cependant, force est de constater que, deux mille ans après sa première venue, notre monde est toujours embourbé dans des conflits interminables et inquiétants, des armes aux effets capables de détruire notre monde sont fabriquées ; les hommes continuent à se faire du mal de diverses manières et la corruption perdure. Face à tout cela, l’harmonie universelle, la justice pour les pauvres au sens divin du terme semblent un rêve lointain voire une utopie ! Que faire donc face à tout cela ? Dans quel état d’esprit préparer la fête qui nous rappelle la naissance du Fils de Dieu ? Que faire pour dire au monde que Jésus a bel et bien semé la graine du Royaume des Cieux dans nos cœurs et qu’il a promis de revenir pour en recueillir les fruits ?
Jean-Baptiste et l’apôtre Paul nous donnent quelques conseils à caractère personnel et communautaire à mettre en pratique pour changer certains des comportements et attitudes dont nous ne sommes pas toujours fiers et qui contredisent l’évangile dont nous sommes les témoins :
Rendre le règne de Dieu présent dans la société
(1) Jean dit aux pharisiens et aux sadducéens de ne pas s’arrêter au fait d’être descendants d’Abraham, « car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. » Par analogie, il nous est demandé de ne pas nous arrêter à la fierté d’être chrétiens ; mais en cultivant la « connaissance de Dieu », d’être ceux qui contribuent à rendre son règne présent dans notre société ; ceux qui apportent leur pierre pour participer à la construction d’un monde juste où règne la paix entre les peuples.
Cultiver l’harmonie
(2) Les Saintes écritures, comme dit Paul, ont été données pour nous instruire et cultiver en nous l’espérance grâce à la persévérance et au réconfort qu’elles transmettent. Profitons-en en nous acceptant mutuellement ; en nous accueillant les uns les autres pour cultiver l’harmonie dans notre milieu de vie (famille, milieu professionnel, milieu associatif, communauté paroissiale, communauté religieuse, etc.) ; et pouvoir ainsi « rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ».
2ème dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 11, 1-10 ; Psaume71 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12