Ecône : Mgr Lefebvre consomme le schisme (300688)
Ecône, 30juin(APIC) Malgré une ultime tentative de Jean Paul II – Mgr Dominique Rézeau, auditeur de la nonciature de Berne, s’est rendu mercredi en
fin d’après-midi à Ecône, porteur d’un message du cardinal Ratzinger, au
nom du pape, demandant à Mgr Lefebvre de renoncer à ces ordinations l’évêque rebelle a franchi le pas jeudi 30 juin. Devant une assistance de
quelque 7’000 personnes (bien moindre que prévu), Mgr Lefebvre a ordonné à
Ecône 4 évêques « fidèles à la tradition ». Il s’agit des abbés Richard Williamson, un Anglais de 48 ans, Bernard Tissier de Mallerais, un Français de
43 ans, Alfonso de Galarreta, un Espagnol de 31 ans, et de Bernard Fellay,
un Valaisan de 30 ans.
Selon le canon 1382, l’Eglise prévoit dans ce cas l’excommunication « ipso facto » de l’évêque consécrateur, donc Mgr Lefebvre, et des évêques qui
reçoivent la consécration. En effet, en refusant de se soumettre au
souverain pontife et en rompant la communion avec la hiérarchie catholique,
Mgr Lefebvre s’exclut aujourd’hui de l’Eglise et commet un schisme.
Au début de la cérémonie d’ordination, l’abbé Franz Schmidberger,
supérieur général de la Fraternité, a lu un texte en latin, présenté comme
« mandat apostolique » (Ecône n’en a bien évidemment pas reçu du pape). « Ce
mandat, nous l’avons de par l’Eglise romaine, toujours fidèle à la sainte
tradition qu’elle a reçue des apôtres », a affirmé l’abbé Schmidberger. « Depuis le Concile Vatican II jusqu’à aujourd’hui, a-t-il poursuivi, les autorités de l’Eglise romaine sont animées par l’esprit du modernisme, c’est
pourquoi nous estimons sans valeur aucune toutes les peines et toutes les
censures portées par ces autorités ». Et Mgr Lefebvre d’affirmer dans ce
texte que c’est une grave obligation pour lui de transmettre la grâce de
son épiscopat « aux chers prêtres qui sont ici, afin qu’ils puissent à leur
tour conférer la grâce sacerdotale à d’autres clercs nombreux et saints,
instruits selon la sainte tradition de l’Eglise catholique ».
Mgr Lefebvre, interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements
nourris de ses fidèles, venus essentiellement de France, de Suisse et d’Allemagne, avait auparavant ironisé sur les ultimes tentatives du pape Jean
Paul II mercredi en fin d’après-midi pour l’amener à ne pas commettre
l’irréparable. Il a affirmé que le pli du pape contenait un appel et « mettait tout simplement à disposition une voiture qui devrait m’emmener hier
soir même à Rome pour éviter que je fasse ces consécrations aujourd’hui,
sans dire ni pourquoi ni ou je devais me rendre à Rome. Vous jugerez vousmêmes de la sagesse et de l’opportunité de cette démarche ! ».
« Pas question pour nous de nous séparer de Rome »
« Pourquoi cette cérémonie apparemment contre la volonté de Rome ? », se
demande le prélat rebelle, qui affirme : « Nous ne voulons pour rien au
monde que cette cérémonie soit un schisme, nous ne sommes pas des
schismatiques ! » Mgr Lefebvre justifie alors l’excommunication par Pie XII
des évêque de l’Eglise patriotique chinoise » qui se sont séparés de Rome et
se sont soumis au gouvernement chinois ».
Quant au schisme qu’il est en train de consommer, Mgr Lefebvre relève
qu’ « il n’est pas question du tout de nous séparer de Rome et de nous soumettre à un pouvoir quelconque étranger à Rome ni de constituer une espèce
d’Eglise parallèle comme l’ont fait par exemple les évêques de Palmar de
Troya en Espagne, qui ont nommé un pape et créé un collège de cardinaux. Il
n’est pas du tout question de choses semblables chez nous , loin de nous
cette pensée méprisable de nous éloigner de Rome. C’est pour manifester
notre attachement à l’Eglise de toujours, au pape, à tous ceux qui ont
précédé les papes qui, malheureusement, depuis le concile Vatican II, ont
cru devoir adhérer à des erreurs graves. Ils sont en train de démanteler
l’Eglise et de détruire tout le sacerdoce catholique ». Pour justifier la
rupture avec la Rome d’aujourd’hui, Mgr Lefebvre a recours alors à l’explication du « cas de nécessité ». Il prétend venir au secours des « âmes mises
en danger par cette Eglise conciliaire qui mène tout simplement à l’apostasie ».
Une « opération survie de la tradition »
Evoquant les mânes des pasteurs d’avant le Concile, « il me semble
entendre la voix de tous ces papes, s’est-il exclamé, de Grégoire XVI à Pie
XII ». Il se présente alors comme l’unique évêque défenseur de la foi
catholique avec Mgr de Castro Mayer, l’évêque co-consécrateur.
Nous sommes persuadés « qu’en faisant ces consécrations aujourd’hui, nous
obéissons à l’appel de ces papes », affirme le chef de file intégriste. Pour
lui, s’il avait signé les accords avec Rome, il aurait dû accepter « l’esprit d’Assise et perpétrer une « opération suicide de la tradition ». Sous
les applaudissements, il affirme déclencher par ces consécrations une
« opération survie de la tradition », pour ne pas laisser ses fidèles orphelins. Des fidèles qui, jeudi à Ecône, n’avaient visiblement pas d’états
d’âme. A part peut-être une dame italienne, vite évacuée par le service
d’ordre, qui avait osé interrompre le long monologue de Mgr Lefebvre par de
vibrants « nous restons fidèles au pape ». (apic/be/ym)
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