Abbé Luc Bucyana – Eglise St-Pierre, Boudry, NE
Avec le premier dimanche de l’Avent, commence une nouvelle année liturgique. C’est un temps nouveau pour les croyants. C’est un temps, pouvons-nous dire de rajeunissement spirituel. Nous pouvons le comparer à une marche, un pèlerinage vers « la montagne sainte » qui est évoquée par le prophète Isaïe. Une marche comporte des fatigues mais permet de respirer l’air sain de la nature.
« Tenez-vous prêts »
Le chemin n’est pas inconnu si nous nous laissons guider par la parole de Dieu. Le but de notre pèlerinage est Jésus et le moyen pour le rencontrer est indiqué par son Evangile. L’avent nous rappelle une vérité fondamentale et cela peut nous rassurer : Que c’est Jésus en premier qui vient vers nous, c’est lui qui commence le pèlerinage. « Venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver », c’est le chant d’entrée de la célébration. Malheureusement il nous arrive souvent de ne pas voir Jésus arriver et passer. Le motif de la distraction nous le dit Jésus en prenant l’exemple du temps de Noé : Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. « En ces jours-là, on mangeait, on buvait, on prenait femme et on prenait mari ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis. Tenez-vous donc prêts vous aussi, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’Homme viendra… » Ils étaient complétement ailleurs, pris dans les réjouissances, dans les distractions de toutes sortes, Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Il est toujours dangereux de ne se douter de rien, de faire comme si notre déluge à nous n’allait jamais arriver.
Notre société, comme celle du temps de Noé, n’endort-elle pas beaucoup d’hommes par son progrès matériel pour se réveiller brutalement quand survient le déluge de la crise, la récession, le changement climatique, le chômage. L’Avent nous invite à nous interroger sur tout ça. Après cet avertissement, Jésus ne nous décourage pas. Il nous propose une recette qu’il résume en un seul mot : Veillez.
Veiller c’est revêtir le Christ
Comment veiller ? Saint Paul qui a été réveillé par le Christ n’hésite pas à nous donner sa recette : C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies, sans luxure ni débauche, sans rivalités ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ. Oui veiller c’est revêtir le Christ. Cela ne va pas sans rappeler qu’il a choisi la voix de la fragilité, de l’abaissement, du renoncement.
La liturgie de l’Avent est alors importante pour nous empêcher de nous installer dans le moment présent. Elle vient nous rappeler que nous sommes en situation de cheminement. Qu’il y a un avant et un après. Et la beauté de ce cheminement est que Jésus marche avec nous sur la route, comme avec les disciples d’Emmaüs tout en étant en même temps Celui-là même que nous rencontrerons au bout du chemin.
L’évangéliste Matthieu Il fait appel à une attitude de » vigilance » et d’ » attention « . Il faut vivre les yeux ouverts, vigilants. C’est le temps de faire comme Noé qui vit venir le déluge et fit des préparatifs en conséquence, malgré l’ironie de ses concitoyens. Être éveillé signifie non seulement ne pas s’endormir sur nos lauriers, dans l’insouciance, comme au temps de Noé, mais cela signifie aussi veiller avec Jésus, l’accompagner dans sa montée vers Jérusalem et sur la croix. Cela signifie ne pas le laisser seul devant sa mort, point culminant de sa lutte contre les structures injustes.
Je vous soumets pour finir cette réflexion du Père Armand Veilleux, il dit ceci :
Faire notre part…
Dans le contexte des nombreux conflits armés qui défigurent aujourd’hui encore l’humanité, la prophétie d’Isaïe (1ère lecture) résonne comme un énorme reproche mais aussi comme le fondement de notre espérance. » De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles » prophétisait Isaïe, » On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre. «
Si toutes les armes utilisées actuellement dans les conflits qui ravagent la planète étaient transformées en socles de charrue et en faucilles, il y aurait de quoi labourer toute la planète et de quoi procurer à manger aux milliards d’êtres humains qui souffrent de la faim. Il nous est demandé de faire notre part, chacun à son niveau. Et pour cela il faut que nous transformions toutes les épées et toutes les lances de nos petits conflits quotidiens en autant d’instruments de travail pouvant servir à la construction de la communauté humaine et d’une société plus aimante et plus conforme au plan de Dieu.
1er DIMANCHE DE L’AVENT
Lectures bibliques : Isaïe 2, 1-5; Psaume 121, 3-4ab, 4cd, 6-7, 8-9; Romains 13, 11-14a; Matthieu 24, 37-44
https://www.cath.ch/homelie-du-1er-decembre-2019-mt-24-37-44/