Irlande du Nord: la loi sur l'avortement condamnée par l'Église

En Irlande du Nord, l’avortement a été légalisé, mais en l’absence d’un exécutif local, ce sera le gouvernement britannique qui introduira les règlements d’application de la nouvelle loi d’ici au 31 mars 2020. Une loi que les prélats estiment injuste. Ils invoquent le droit à l’objection de conscience.

La loi qui décriminalise l’avortement et égalise le mariage entre personnes du même sexe a pris effet le 22 octobre dernier, sur décision du Parlement de Westminster à Londres, où sont gérées les affaires courantes de la province britannique en raison de la paralysie de l’exécutif local. 

Dépourvue d’exécutif depuis janvier 2017 à la suite d’un scandale politico-financier, les députés britanniques avaient voté en juillet dernier des amendements pour étendre le droit à l’avortement et au mariage entre personnes du même sexe à l’Irlande du Nord. La province britannique d’Irlande du Nord ayant toujours ses institutions politiques à l’arrêt, ce sera donc le gouvernement britannique qui introduira en Irlande du Nord les règlements d’application sur l’avortement d’ici le 31 mars 2020.  

Afin de définir ces réglementations, l’exécutif londonien a lancé une consultation, à laquelle ont répondu les évêques catholiques locaux, qui s’étaient déjà battus ces derniers mois pour que la nouvelle loi ne soit pas approuvée. Dans une note qu’ils ont rédigée, ils déclarent que celle-ci conduit, directement et intentionnellement, au meurtre de l’enfant à naître: «Tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté sont consciencieusement tenus de ne pas coopérer formellement aux services d’avortement, même si le droit civil l’autorise».

Le droit à l’objection de conscience

«Le nouveau cadre réglementaire de l’Irlande du Nord, poursuit la note, devrait donner à tous les professionnels de la santé, y compris les sages-femmes, les infirmières et le personnel auxiliaire travaillant dans les hôpitaux, le droit de refuser de participer à tout aspect de la prestation des services d’avortement, ainsi qu’à l’acte direct et volontaire de l’avortement lui-même». L’Église catholique de Belfast demande également que les objecteurs de conscience soient «protégés contre les sanctions judiciaires, les procédures disciplinaires, la discrimination ou tout impact négatif du point de vue professionnel».  

De plus, les évêques expriment leur opinion sur certains points spécifiques de la consultation: «Nous sommes totalement opposés à toute tentative d’inclure tout lieu scolaire comme option pour la fourniture de pilules abortives ou tout autre service similaire». Ils insistent sur la nécessité de réfléchir davantage à des «services de conseil adéquats» et de prévoir «une période de temps significative pour une réflexion approfondie sur la gravité de la décision d’avortement». Actuellement, en effet, beaucoup de femmes décident d’interrompre volontairement leur grossesse parce qu’elles vivent «dans un état de panique» qui les conduit souvent à «prendre une décision prématurée», qu’elles regrettent par la suite.

Renforcer les services sociaux

Pour les dignitaires de l’Eglise catholique, il est central de renforcer les services sociaux et d’informer davantage les femmes sur les services existants. Selon eux, les mères confrontées à des difficultés économiques pensent parfois que l’avortement est la seule solution. Ls services de soins post-avortement doivent également être davantage mis en œuvre. Les évêques d’Irlande du Nord appellent enfin à renforcer le droit des femmes «à recevoir des informations précises et appropriées sur les risques liés à l’avortement et sur l’éventail des conditions mentales et physiques qui peuvent résulter d’une interruption volontaire de grossesse». (cath.ch/ag/vatnews/ip/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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