Comores: le directeur des Affaires islamiques interdit de fêter Noël

Le directeur des Affaires islamiques avait interdit de fêter Noël aux Comores. Le ministre de la Justice a publiquement désavoué la décision de ce dernier, autorisant les chrétiens à célébrer Noël, et a ouvert une enquête le 25 décembre 2019.

«Le ministère des Affaires islamiques et de la justice, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et de l’information, condamne et interdit toutes activités liées au fêtes de Noël dans tous les lieux publics, les hôtels, les clubs, maisons ou spectacles, et toute apparence indiquant l’implication des chrétiens aux Comores», a notamment écrit le directeur des Affaires islamiques – qui dépend du ministère de la Justice – dans une note officielle diffusée le jour du réveillon. L’interdiction concernait les fêtes du 24 et du 31 décembre.

Suite à la diffusion de cette déclaration, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoud, a désavoué le directeur des Affaires islamiques, soulignant qu’elle n’engageait «ni le gouvernement, ni le mouftorat (les services du grand mufti)».

Pas d’interdiction de pratiquer sa religion

Dans un communiqué, le ministre a assuré les chrétiens, qu’il «n’a jamais été question [pour le gouvernement] d’interdire à qui que ce soit de pratiquer sa religion. Notre Islam est un islam tolérant. On ne viendra pas mélanger les avis personnels à une décision gouvernementale», a-t-il souligné dans des propos rapportés par Radio France Internationale (RFI).

Pour lui, cette sortie très remarquée du directeur des Affaires islamiques aura des conséquences. Ce n’est pas moi qui vais parler de son limogeage. Il a engagé le pays et le gouvernement, sans pour autant qu’on le sache. En tant que ministre de l’Intérieur chargé de la sécurité publique, a-t-il poursuivi, je crois que s’il y a des mesures de ce genre, c’est à moi de les prendre. Pas à un directeur des Affaires islamiques».

Selon la Constitution de 2001, les Comores sont une république laïque, mais l’Islam est la religion d’Etat. Tous les citoyens sont égaux en droits et devoirs, sans distinction de sexe, d’origine, de race, de religion ou de croyance. Les chrétiens représentent environ 1% de la population, estimée en 2017 à 813’912 habitants.

L’Observatoire des libertés religieuses dans le monde a rapporté, en 2018, que la pression et les intimidations sont constantes à l’encontre des comoriens qui se convertissent au christianisme. «Le gouvernement ne semble pas être impartial dans les punitions qu’il inflige aux adeptes d’autres religions», relève l’étude, avant de conclure: «Il n’y a pas de liberté religieuse aux Comores sauf pour ce qui est du rite sunnite chaféite. Rien n’indique que cela change dans un proche avenir». (cath.ch/ibc/bh)

Ibrahima Cisse

Portail catholique suisse

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