Brésil: une commission contre les abus sexuels bientôt mise en place

L’archevêché de Porto Alegre, au sud du Brésil, a décidé de créer une commission spéciale pour prévenir et lutter contre les abus sexuels commis au sein de l’Eglise. La structure verra le jour le 26 février 2020.

Baptisée «Commission archidiocésaine spéciale de promotion et de tutelle des enfants, adolescents et personnes vulnérables», cette structure, la première du genre au Brésil, verra officiellement le jour du lancement de la Campagne de Fraternité 2020. Elle sera composée de plusieurs prêtres, d’une commissaire de la police fédérale, d’une procureure de justice, de psychopédagogues, psychologues et psychiatres, ainsi que d’une assistante sociale et d’un juriste.

«Conformément à la tolérance zéro voulue par le pape François en ce qui concerne les abus sexuels commis par les prêtres et autres religieux, cette commission aura pour objectif d’évaluer et simplifier les processus qui ont sali l’image de l’Eglise pendant des décennies», indique l’archevêché.

«Un chemin» pour lutter contre le fléau

En mai de l’année dernière, à travers le document Vos Estis Lux Mundi, le pape François avait exprimé la détermination de l’Eglise de collaborer dans le combat contre les abus de pouvoir, de conscience ou sexuels. Le pontife avait également fixé à juin 2020 le délai maximum afin que tous les diocèses se dotent de canaux pour dénoncer les faits d’abus sexuels et de commissions pour déterminer d’éventuels actes de cette nature.

«Depuis que l’Eglise a été atteinte directement par ce type de crime, un chemin a été ouvert pour le combattre au sein de toutes les instances de la vie ecclésiale, en incluant l’information et la formation», a rappelé Mgr Jaime Spengler, l’archevêque de Porto Alegre.

Levée du secret pontifical

Parmi les déterminations du pape François, figure la levée du secret pontifical. N’importe quel citoyen pourra ainsi obtenir des informations sur des situations suspectes qui font l’objet d’une enquête. Des cas d’abus sexuels qui seront portés à la connaissance de l’Eglise seront partagés avec le Ministère Public et la police. Si ces obligations ne sont pas respectées dans un délai maximum de trente jours, le supérieur responsable sera immédiatement démis de ses fonctions.

En interne, l’Eglise lancera une procédure administrative de constat du processus canonique qui échappera à la bureaucratie – et à ses délais. Le délai pour la conclusion de ce processus est de 90 jours. Durant l’enquête, le prêtre suspecté aura interdiction de travailler et sera écarté de toutes relations sociales. Le Ministère public devra être informé du lieu où se trouve le suspect. La mesure met également fin au transfert systématique des prêtres suspectés dans d’autres communautés où le même type de faits pourraient se reproduire.

Eloignement et réparations

À la fin de l’enquête, les conclusions seront jugées par la commission et pas seulement par l’évêque, dont on pourrait craindre l’impartialité requise. Si le cas de harcèlement est établi, le prêtre sera interdit de travailler avec des enfants et des adolescents. En cas d’abus sexuel avéré ou d’utilisation d’images à caractère pornographique, le religieux sera licencié et renvoyé à l’état laïc. L’Eglise prendra en charge financièrement les frais de la victime liée aux traitements psychologique, psychiatrique et spirituel de cette dernière.

Chargé de coordonner les travaux de la future commission, le Père Fabiano Schwanck Colares, se réjouit du fait que «plus jamais le sujet sera mis sous le tapis. Le pape a levé le secret et veut une ligne directe avec les coordinateurs des commissions du monde entier, ce qui va empêcher que les situations lui soient dissimulées. Quant aux supérieurs qui ne rempliront pas leurs obligations avec détermination, ils seront punis!», conclut le Père Fabiano.

Tous les membres de l’Eglise concernés

Lors de l’annonce de la création de la future commission, les autorités religieuses de l’archevêché de Porto Alegre ont rappelé que ces règles de conduites formulées par la commission ne vaudront pas seulement pour les évêques, prêtres et religieux, mais également pour les religieuses, les séminaristes, les catéchistes, les responsables de groupes de jeunes et les employés des églises.

Enfin, pour informer au mieux l’ensemble des acteurs de l’Eglise de Porto Alegre, un document d’information permettra d’obtenir des orientations simples, visant à éviter des situations pouvant mettre les enfants et les adolescents en situation de vulnérabilité. «Par exemple, les prêtres ne pourront pas recevoir dans les maisons paroissiales des enfants et adolescents non accompagnés. Ils ne seront pas non plus autorisés à offrir du covoiturage, promouvoir la confession avec les portes fermées». (cath.ch/jcg/bh)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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