Forte baisse des baptêmes dans le diocèse de Sion

Entre 2012 et 2018, le nombre de baptêmes a baissé de 20,4% dans le diocèse de Sion. Une diminution supérieure à la moyenne suisse, située à 14,1%. Un phénomène qui s’explique en partie par le taux traditionnellement élevé des baptêmes dans ce canton très catholique.

«Dans un monde où l’on réfléchit toujours plus en termes individuels, il y a une crise de l’engagement, du lien social, de la durée», souligne Pierre-Yves Maillard dans le quotidien Le Nouvelliste du 13 janvier 2020. Pour le vicaire général du diocèse de Sion, le baptême, qui présuppose un engagement à vie, est donc forcément touché.

Des indications confirmées par les chiffres publiés fin novembre 2019 par l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), basé à Saint-Gall. Ils confirment une baisse observable des baptêmes dans tous les diocèses du pays. Les diminutions les plus marquées se trouvent dans les diocèses de Sion (20,4%), Coire (18,2%) et Lugano (17,6%). Les autres diocèses se placent en-dessous de la moyenne suisse située à 14,1%. Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) a vu son taux de baptêmes baisser de 12,1% entre 2012 et 2018, Bâle de 11,4% et Saint-Gall de 7,5%.

Pluralité de références

Mais pourquoi cette baisse est-elle la plus élevée dans le diocèse de Sion? Selon Pierre-Yves Maillard, cela est dû au fait que «traditionnellement, les baptêmes étaient plus nombreux en Valais. Leur diminution est donc proportionnellement plus importante, mais le pourcentage demeure élevé en comparaison avec d’autres diocèses». Le taux absolu de baptêmes reste en effet élevé dans le diocèse de Sion. En 2018, la part des personnes avec des origines catholiques y ayant été baptisées s’élevait à 65,1%, contre 62,1% dans le diocèse de Bâle, 53,7% dans le diocèse de Coire et seulement 49,2% dans celui de LGF. Les diocèses de Lugano et de Saint-Gall sont dans cette catégorie les mieux placés, avec respectivement 80,6% et 75%.

Les chiffres du SPI décrivent tout de même une distanciation toujours plus grande des personnes avec la religion institutionnalisée. Un phénomène qui touche bien au-delà de la Suisse, observable depuis les années 1960 dans tous les pays post-industriels très modernisés. «Chaque génération semble être un peu moins religieuse que la précédente», explique Jörg Stolz, sociologue des religions à l’Université de Lausanne.

«Avec la modernisation, est apparue une pluralité de visions du monde et de systèmes de référence pour nous donner le sens de la vie et ce qui doit la guider», renchérit Pierre-Yves Brandt, psychologue des religions rattaché à l’Institut des sciences sociales des religions de l’Université de Lausanne. Le baptême a ainsi changé de signification. Considéré traditionnellement comme un rite de passage obligatoire, il est aujourd’hui devenu optionnel.

La soif spirituelle demeure

Pierre-Yves Maillard ne voit cependant pas cet état de fait comme une catastrophe, même s’il ne minimise pas cette tendance. Pour le vicaire général, Dieu «ne se limite pas aux sacrements et n’aime pas moins ceux qui ne sont pas baptisés. Il y a plein de bonté aussi chez des gens qui ne viennent pas du tout à l’église». Le chanoine estime pour autant que la soif spirituelle de l’homme est toujours présente, mais qu’elle «s’exprime simplement différemment». Il considère que pour relever cet «immense défi» de la fragilisation du lien entre l’Eglise et la population, les chrétiens doivent témoigner de leur foi «sans contraindre personne». (cath.ch/nouvelliste/spi/rz)

Raphaël Zbinden

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