Homélie du 26 janvier 2020 (Mt 4, 12-23)

Abbé François Dupraz – Basilique Notre-Dame, Lausanne

C’est donc aujourd’hui en Eglise le « Dimanche de la Parole de Dieu ». La « Parole de Dieu »… L’Église, en ses Conciles, en ses Papes et en ses saints a toujours tenu en très haute estime la Parole de Dieu considérée – pour parler de manière imagée – comme une véritable « source où puiser Dieu ». Une source commune à tous les chrétiens, dirais-je avec joie et reconnaissance aujourd’hui, suite à la grande Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui vient de se conclure.

Le Concile Vatican II en sa Constitution dogmatique sur la Révélation divine « Dei Verbum » s’exprime ainsi au sujet de la Parole de Dieu. Je cite: « Une si grande force, une si grande puissance se trouve dans la Parole de Dieu, qu’elle se présente comme le soutien et la vigueur de l’Eglise, et, pour les fils de l’Eglise, comme la solidité de la foi, la nourriture de l’âme, la source pure et intarissable de la vie spirituelle ».

Quel est mon rapport avec la Parole de Dieu ?

S’il en est ainsi – et la vie de beaucoup démontre qu’il en est ainsi… – une bonne question à se poser est dès lors la suivante : Quel est dans l’aujourd’hui de ma vie mon rapport avec la Parole de Dieu ?

« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous », écrit l’apôtre Jacques en son épître. Il nous revient donc en 1er lieu de l’accueillir cette Parole ; c’est à dire de l’écouter car oui, l’accueil de LA Parole se fait de prime abord écoute de cette Parole. Ecoute dans la liturgie comme aujourd’hui, fut-elle radiodiffusée; dans les écoles bibliques, la lecture personnelle de la Bible…

Ecouter donc LA Parole puis… la méditer ; la contempler. Les Pères utilisaient l’image de « mâcher » ou de « ruminer » la Parole. Ainsi de saint Augustin : « Quand – dit-il – on rappelle à la mémoire ce que l’on a entendu et qu’on y repense doucement en son cœur on devient semblable à celui qui rumine ».

Vivre la Parole

Ecouter la Parole puis la méditer, la contempler, la mâcher la ruminer (…) et enfin et surtout, 3e étape… VIVRE la Parole : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion » insiste l’apôtre Jacques. « Celui – poursuit-il – qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s’y tient, celui qui l’écoute non pour l’oublier, mais pour la mettre en pratique dans ses actes, celui-là sera heureux d’agir ainsi ».

Jésus Lui-même dira alors qu’on lui faisait remarquer que sa Mère et Ses frères – entendez Ses cousins – étaient là dehors voulant le voir : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ». (Lc 8, 21). Sans ce « mettre en pratique », sans ce « faire » c’est à dire sans ce « vivre la Parole », tout reste illusion, construction sur le sable. On ne peut même pas dire avoir compris la Parole que l’on avait pourtant écoutée car, comme l’écrit si bien saint Grégoire le Grand – brillant pape et docteur de l’Eglise du VIe siècle – « on ne comprend vraiment la Parole que lorsqu’on commence à la mettre en pratique ».

Le devoir d’obéissance dans le Nouveau Testament, soit dit en passant, étant presque toujours vu lui-même comme une obéissance à « La Parole de Dieu ». Ainsi de saint Paul par exemple qui parle d’obéissance à l’enseignement ou d’obéissance à l’Evangile. Ainsi du Christ Lui-même dont l’obéissance s’exerce en particulier sur les paroles écrites à son sujet et pour Lui depuis les temps anciens dans la loi, les prophètes et les psaumes : « Comment -dira-t-Il alors qu’on essayait de s’opposer à Son arrestation – comment alors s’accompliraient les Ecritures d’après lesquelles il doit en être ainsi ? ». Oui, la vie de Jésus est comme guidée par un rai de lumière  que les autres ne voient pas. Un rai de lumière formé par les Paroles écrites pour Lui. Il déduit des Ecritures le « il faut » qui régit toute Sa vie.

Un trésor caché

Voilà… quelques mots et bien d’autres encore (…) en ce « Dimanche de La Parole de Dieu » pour vous donner goût je l’espère « d’accueillir dans la douceur la Parole semée en vous », de la méditer, la contempler, la ruminer, la mâcher et… de la vivre. Un trésor y est caché. Ce trésor c’est Jésus Lui-même. JE-SUS ! Saurons-nous le découvrir ? « Qui cherche trouve, qui demande reçoit, à qui frappe l’on ouvre… ».

Aussi mon appel se résume-t-il en quelques mots : Prenez la Parole avec vous ! Faites-en, vous aussi, vous surtout les jeunes la « compagne » de votre vie. Qu’elle devienne lumière de vos pas, lampe de votre route en un monde où beaucoup cheminent comme à tâtons ; cherchant le chemin; mourant de soif par trop souvent sur les rivages d’éternité…  Amen.

3e dimanche du temps ordinaire et dimanche de la Parole de Dieu
Lectures bibliques :
Isaïe 8, 23b–9, 3; Psaume 26, 1, 4abcd, 13-14; 1 Corinthiens 1, 10-13.17; Matthieu 4, 12-23

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