Le pape appelle à une nouvelle architecture financière internationale

En économie, il n’existe pas de «loi magique» ni de déterminisme qui condamne à «l’inégalité universelle», a déclaré le pape François le 5 février 2020 devant de nombreux ministres des Finances réunis à l’occasion d’un congrès sur les ›nouvelles formes de solidarité’ au Vatican. Le pontife a appelé à bâtir une «nouvelle architecture financière internationale» en délivrant des conseils concrets.

Si le monde est riche, le nombre de pauvres continue d’augmenter, a rappelé le pape. Alors que le revenu annuel moyen sur la planète approche des 11’000 euros, des millions de personnes demeurent plongées dans la pauvreté extrême. En 2020, il est prévu que près de 5 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent à cause de la pauvreté. Le pontife a également déploré les nombreuses victimes de la traite humaine.

Ces tristes réalités ne doivent pas être des motifs de désespérance mais d’action, a affirmé le pape. Il n’existe aucun «déterminisme» ou «loi magique» condamnant à «l’inégalité universelle» ou à la «paralysie face à l’injustice».

Pour une culture d’interconnexion

La personne humaine n’est pas simplement un être qui accumule des bénéfices individuels, étrangère à son «être social» comme l’indique une forme de rationalité économique. En finance, il s’agit selon le pontife de passer d’une «logique insulaire» et antagoniste à une «culture d’interconnexion» et de rencontres favorisant une «nouvelle architecture financière internationale».

Pour le pontife argentin, l’écart entre les plus pauvres et les plus riches est aujourd’hui le plus grand de l’histoire. Une telle réalité existe car elle a été permise par les hommes. Les cinquante personnes les plus riches du monde pourraient à elles seules financer les soins médicaux et l’éducation de chaque enfant pauvre du monde, a assuré le pontife. Elles pourraient ainsi sauver des «millions de vie».

Condamnation de la spéculation financière

Le successeur de Pierre a ainsi appelé les personnalités du monde de la finance présentes à la responsabilité. Les organisations mondiales de crédit doivent selon lui œuvrer dans une logique de justice fiscale: il s’agit d’alléger la dette de certains pays. Cette nouvelle éthique suppose encore de lutter contre le changement climatique.

Le monde de la finance et des banques doit se mettre au service des peuples les plus pauvres, a encore appuyé le pape. Il s’agit de penser une égalisation entre les pays riches et pays pauvres, soit une économie pour «l’union» des peuples et non pour la «division», dans un esprit de «coresponsabilité». Le pape a en ce sens condamné la spéculation financière et les «structures de péchés» dans lesquelles l’économie et la finance deviennent une fin en soi.

L’industrie de la guerre, la plus grande structure de péché existante

Selon le 266e pape, la plus grande structure de péché reste l’industrie de la guerre, qui n’est rien d’autre que du temps et de l’argent «au service de la division et de la mort». Le monde perd chaque année des milliards en armement, une somme qui peut selon lui être réinvestie pour lutter contre la pauvreté et l’analphabétisme.

A cet événement, étaient présents des ministres en provenance du Mexique, de la Colombie, du Paraguay, de l’Argentine ou encore du Salvador. Egalement convié, le ministre français Bruno Le Maire s’est exprimé sur le financement et la promotion de politiques environnementales. (cath.ch/imedia/cg/rz)

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