A Boston, les abus sexuels ont provoqué une déchristianisation

La mauvaise gestion des affaires d’abus sexuels a constitué une «force» de déchristianisation à Boston, a confié le cardinal Seán Patrick O’Malley, archevêque de la ville américaine. Il s’exprimait lors d’une conférence, le 5 février 2020 à l’Université ecclésiastique San Dámaso de Madrid, rapporte le média espagnol La Vanguardia. Le cardinal a appelé à établir des protocoles «clairs et publics» pour lutter contre les abus sexuels.

Au début de l’année 2002, le quotidien The Boston Globe révélait une série de poursuites pénales à l’encontre de cinq prêtres catholiques américains accusés d’abus sexuels. La couverture de ces faits avait encouragé des centaines de victimes à s’exprimer. Mis en cause dans cette affaire, le cardinal Bernard Francis Law, alors archevêque de Boston, avait démissionné la même année.

De nombreux fidèles, aux Etats-Unis et dans le monde, ont été «attristés» et «surpris» par le nombre de prêtres accusés et pourtant autorisés à poursuivre leur ministère, a noté Mgr O’Malley. Parce que «l’Eglise les a déçus», il est devenu difficile pour ces fidèles de faire confiance aux responsables de la hiérarchie ecclésiale. Le fait que tant de personnes ont été «abusées par cette confiance» a constitué une «force» de déchristianisation.

«Embarrassés» d’être catholiques

De nombreux catholiques ont été «embarrassés» de leur affiliation à l’Eglise et ont cessé de pratiquer leur foi, a-t-il expliqué. En outre, les prêtres ont été «ridiculisés» et moqués par une grande partie de la culture contemporaine, a-t-il confié.

La priorité du prélat américain, lors de sa nomination dans cet archidiocèse en 2003, a été de rencontrer les victimes et de reconnaître les graves erreurs commises par l’Eglise sur ce plan. À cet égard, il a recommandé de concevoir des protocoles «clairs et publics» pour détecter et combattre les abus sexuels commis par certains membres du clergé. C’est en effet «lorsqu’on improvise que de grandes erreurs sont commises», a-t-il souligné.

Egalement membre du Conseil des cardinaux (C6), Mgr O’Malley s’est distingué par ses prises de paroles très fortes au sujet des abus sexuels depuis sa nomination à Boston. En 2018, il s’était élevé publiquement contre la mauvaise gestion de la crise aux Etats-Unis, appelant à la «tolérance zéro» et demandant des «sanctions» pour les évêques accusés de mauvaise gestion. Le cardinal préside en outre la Commission pontificale pour la protection des mineurs. (cath.ch/imedia/cg/rz)

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