Ph. Barbarin: «Les attaques contre moi ont permis un réveil général»

Une semaine après sa relaxe par la cour d’appel de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin s’est confié dans un long interview accordé au magazine français Le Point. «Cette affaire restera attachée à mon nom et me collera toujours au visage… Je resterai celui qui n’a pas… », raconte le prélat.  

Dans un long entretien publié le 6 février 2020, l’archevêque de Lyon revient sur les quatre ans de procédure et sur la prise de conscience progressive des abus sexuels dans l’Église. Reconnaissant ‘des erreurs de gouvernement’, le cardinal témoigne du ‘tsunami médiatique’ qui a sévi depuis quatre ans. «Cette affaire restera attachée à mon nom et me collera toujours au visage… Je resterai celui qui n’a pas… dénoncé des actes odieux. Pourtant, la justice vient de dire que ce n’était pas à moi de le faire», confie le cardinal.  

La souffrance des victimes

 S’il n’a pas été reconnu coupable, il fait cependant son mea culpa pour n’avoir pas mesuré l’ampleur du drame que constituent les abus sexuels : «Ce n’est qu’à la fin de l’année 2014 que je prends conscience brutalement, de la réalité des actes commis, de ce qu’ils signifiaient concrètement, de la souffrance des victimes…»

Mgr Barbarin revient aussi sur ce ‘lapsus’, lâché en conférence de presse à Lourdes, en 2016 : «Grâce à Dieu, les faits sont prescrits.» Une formule délétère qui a empêché toute explication, selon lui. «On me traîne dans la boue… Cela dit, ces attaques dont j’ai été la cible ont été profitables: elles ont permis un réveil général». Il continue de s’étonner qu’il n’y ait pas eu, au moins jusqu’à présent, le même acharnement dans le monde des lettres, du sport ou de l’enseignement.

Manque de courage et de détermination

Face à Preynat en 2010, «j’ai manqué de courage et de détermination» regrette l’archevêque.» J’ai surtout pensé, à tort, que l’affaire avait été définitivement traitée par mes trois prédécesseurs. J’ai donc cru que chacun, à sa place, avait agi au mieux et je me suis surtout préoccupé de m’assurer que Bernard Preynat n’avait plus commis le moindre acte contre des enfants depuis cette époque.  »Quand j’ai demandé à Preynat: ‘Mais comment de telles choses sont-elles possibles de la part d’un prêtre?’, il m’a répondu : ‘Ce n’est pas la peine que je vous explique, vous ne comprendriez pas.’ Là, j’aurais dû exiger, insister, et je regrette de ne pas l’avoir fait.»

Mais, «je n’ai jamais voulu ni pensé cacher quoi que ce soit». Ce que la cour d’appel a reconnu en déclarant qu’elle ne trouvait pas d’éléments qualifiant une intention d’entraver la justice. Néanmoins, «il faut éradiquer ce fléau et il n’est pas étonnant que l’Église prenne des coups».

Quant à son avenir, dans les prochaines semaines, il remettra à nouveau sa démission au pape François. Acquitté par la justice, il se voit accueillir des pèlerins dans un sanctuaire, prêcher des retraites ou retourner à Madagascar, où il fut prêtre fidei donum de 1994 à 1998. (cath.ch/pt/cx/mp)

Maurice Page

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