apic/Mennonite/500 ans de naissance du fondateur
APIC – Dossier
500e anniversaire de la naissance de Menno Simons (190296)
Les mennonites fêtent un homme, mais aussi une histoire mouvementée
Des exécutions bernoises à nos jours, pour une communauté de 3’000 membres
Fribourg, 19février(APIC) Les quelque 850’000 mennonites répartis dans le
monde entier fêtent cette année le 500e anniversaire de la naissance de
Menno Simons (1496 – 1561), un réformateur pacifiste dont le courant de
pensée reste toujours vivant, un peu partout dans le monde, mais surtout
aux Etats-Unis et en Europe.
Plusieurs manifestations marqueront un peu partout le 500e anniversaire
de la naissance (1496) de Menno Simons. Une série de conférences et d’animations ainsi qu’une exposition permanente se tiennent jusqu’en mai au Centre Mennonite, à Bruxelles. Alors qu’un Congrès universitaire des Mennonites européens se tiendra du 16 au 19 mai, à Elspeet, aux Pays-Bas.
En Suisse, rien de particulier n’a pourtant été prévu pour les 3’000
mennonites et 20 pasteurs répartis en une quinzaine de communautés. Si ce
n’est, relève le pasteur mennonite Daniel Bippus, de La Chaux-de-Fonds, un
culte au mois d’août, dans l’un des lieux historiques du Jura bernois. Le
Jura des Princes-évêques de Bâle d’alors leur ayant tendu la main, leurs
ancêtres y trouvèrent refuge lors des persécutions, en ville de Berne,
notamment, où une chronique du XVIe siècle mentionne 40 exécutions pour
cette seule ville entre 1528 et 1571.
Précurseur en matière d’objection de conscience
On connaît généralement bien les grands noms de la réforme protestante
du XVIe siècle: Martin Luther, Ulrich Zwingli, Jean Calvin… ou même ceux
qui ont marqué le renouveau catholique après le Concile de Trente, comme
Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. On connaît moins, par
contre, Menno Simons, Michaël Sattler ou Pilgram Marpeck qui, eux-aussi,
ont pourtant suscité un mouvement de réforme dite « radicale » dans l’Europe
de la « Renaissance ».
Le mouvement, ouvert à l’oecuménisme, entend « promouvoir une adhésion
libre et volontaire au Christ, mettre en oeuvre la pratique de la non-violence, instaurer la séparation entre l’Eglise et l’Etat, développer une
conception communautaire et non hiérarchique de l’Eglise ». Ces dissidents,
alors relativement nombreux dans la province des Pays-Bas du Sud, « ont été,
au nom de leur foi, des précurseurs en matière d’objection de conscience et
de liberté religieuse ».
Le développement de la Communauté en Suisse
En 1525, la rupture avec Zwingli, alors effective, se concrètise par le
« re-baptême », entraîne pour les anabaptistes (sobriquet signifiant rebaptisés – leurs détracteurs les nomment aussi sans baptême) des conséquences
qui se traduisent en effet par des persécutions, par des emprisonnements et
des mises à mort. La persécution a pour effet que les idées anabaptistes se
répandent rapidement en Suisse, en Autriche, en Moravie, en France, dans le
sud et le nord de l’Allemagne. Elles atteignent également les Pays-Bas où,
vers 1535, un ancien prêtre catholique, Menno Simons, rassemble et fortifie
les fractions pacifiques du mouvement anabaptiste pour former une nouvelle
fraternité dont les membres reçoivent le surnom de « Mennistes » ou « Mennonites ».
Dès la fin de l’année 1525, les anabaptistes apparaissent à Berne. On
trouve également leurs traces à Zofingue, Aarau et Brugg. Partout l’opposition au mouvement se manifeste. Après 1528, l’anabaptisme suisse progresse
surtout dans les campagnes. Mais la lutte contre le mouvement se traduit
par des menaces et des interdictions, des expulsions, une inquisition sans
pitié et des exécutions. Vers la fin du XVIe siècle, les anabaptistes se
retirent dans les vallées reculées et sur les hauteurs de l’Emmental. Les
anabaptistes bernois, chassés par leurs autorités s’établissent dans les
montagnes jurassiennes. Le martyrologe, une chronique du XVIe siècle évalue
à 40 le nombre d’exécutions dans la seule ville de Berne en moins de 45
ans.
Vers la fin du XVIIe, un schisme marque l’anabaptisme. Cela sous l’impulsion du prédicateur Jacob Ammann, d’origine bernoise (1644(?) – 1730),
qui exige une Eglise moins mondaine. La rupture avec les « frères » se produit en 1693. Ammann trouve des adeptes en Suisse, en Alsace et dans le sud
de l’Allemagne. Ses disciples sont connus sous le nom d’ »Amish ». Le monde
amish se distingue comme une branche conservatrice du mennonisme, appliquant à la lettre les règles d’Ammann: refus du service armé et de toute
fonction publique, costume austère et port de la barbe, et… maintien du
dialecte bernois. Le mouvement amish, issu de l’anabaptisme européen, est
aujourd’hui fortement implanté aux Etats-Unis. Où il est organisé en communautés rurales relativement autarciques, maitenant toujours leur spécificité linguistique, vestimentaire et archtecturale.
Au moment de la Révolution française, vers la fin du XVIIIe siècle, les
anabaptistes sont toujours présents dans la région de Bâle, dans l’Emmental, où l’isolement permet leur survie, ainsi que dans le Jura catholique
où ils sont tolérés par les Princes-Evêques, en dépit des efforts répétés
des Bernois pour leur faire vider les lieux.
Présents sur de nombreux fronts
Avec 3’000 membres actuellement recensés en Suisse, les anabaptistes se
répartissent en Communautés autonomes dans les cantons de Bâle-Ville et
Campagne, Berne, Jura et Neuchâtel, avec des groupements à Berne, Bienne,
La Chaux-de-Fonds, La Chaux-d’Abel, Courgenay, Emmental, La Ferrière,
Kleinthal, Liestal, Lucelle, Muttenz, Sonnenberg, dans les vallées de Delémont et dans le vallon de St-Imier. Ensemble, ces communautés constituent
la « Conférence mennonite suisse ». Depuis plus de 100 ans, le « Zionspiler »,
hebdomadaire bilingue de la Conférence, sert de lien entre les mennnonites
suisses. La communauté dispose en outre d’une oeuvre caritative de secours.
Sans parler de ses nombreuses antennes et activités dans les domaines religieux, sociaux et pacifiques les plus divers. (apic/pr)
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