Rencontre avec Mgr Khoury, « visiteur apostolique » des maronites d’Europe
Vous êtes depuis juillet 1993 « visiteur apostolique » de la diaspora maronite: combien avez-vous de fidèles à visiter en Europe et où se trouventils? En particulier en Suisse…
APIC:L’assemblée spéciale du Synode des évêques sur le Liban s’est achevée
le 14 décembre à Rome. Qu’apporte-t-il aux Libanais sur place et dans la
diaspora?
MgrKhoury:Le Synode a rappelé que l’Eglise au Liban est une Eglise universelle et importante pour le monde. Il faut sauvegarder l’intégrité du
Liban et que son Eglise se renouvelle. C’est la seule voie indiquée par le
Saint-Père:Renouvelez-vous, faites un examen de conscience sérieux, sur
votre mission, sur le message que vous devez apporter dans ce monde pluriconfessionnel et pluriculturel.
Comme l’a dit le pape, le Liban est plus qu’un pays, c’est un message.
Ce message est fait convivialité entre les différentes confessions et les
diverses cultures, de joie de vivre ensemble, de liberté d’expression…
C’est un cas unique au Proche-Orient. La guerre qui a dévasté le pays durant 17 ans était une guerre importée, à partir d’éléments qui n’étaient
pas les nôtres. C’est pourquoi cette guerre a été une violence énorme sur
la conscience libanaise, chrétienne ou musulmane.
APIC:Le patriarche Nasrallah Pierre Sfeir a déclaré que le pape Jean Paul
II se rendrait au Liban – avant la fin de cette année – pour signer l’exhortation apostolique devant conclure le Synode…
MgrKhoury:Le Saint-Père lui-même m’a parlé de sa visite au Liban, mais
rien n’est décidé encore. Il faut maintenant préparer l’exhortation apostolique. Si le texte est prêt pour cette date, on pense que le pape pourrait
se rendre à Beyrouth pour y signer ce document post-synodal.
APIC:Aujourd’hui, le Liban est toujours occupé – soit au Sud par les Israéliens, soit par les Syriens presque partout ailleurs… Sans compter la
présence de 500’000 réfugiés palestiniens, dont une partie est armée…
Peut-on parler vraiment parler de souveraineté et de démocratie au Liban?
MgrKhoury:Est-ce qu’un pays occupé par des armées étrangères peut parler
d’intégrité, de souveraineté et de liberté? Nous ne demandons pas plus que
les autres, nous ne demandons que ce qu’ont les autres pays. En pratique,
nous ne sommes pas indépendants. La démocratie souffre de la présence
étrangère, qui conditionne la politique, qui n’est pas purement la nôtre.
Certes, la liberté d’expression est conditionnée, on nous fait violence.
Mais je pense que c’est une période transitoire, car on ne peut jamais altérer la conscience libanaise, car ce peuple a vécu des siècles durant libre et indépendant. Bien sûr, nous devrons composer avec les états de fait
existant dans la région.
Aujourd’hui, sur 3 millions de Libanais, il reste moins d’un million de
chrétiens. Vivent-ils leur foi librement? Quels sont les rapports des
chrétiens avec les musulmans…. Apostasie, mariages mixtes,
conversions?
Encadré
Nommé en juillet 1993 premier « visiteur apostolique » pour les fidèles maronites d’Europe occidentale et du nord, Mgr Joseph Khoury est né il y a 60
ans à Behwaita, dans l’archidiocèse maronite de Tripoli. Le visiteur
apostolique a pour tâche de coordonner la pastorale des réfugiés libanais,
entre autre en France, en Autriche, en Allemagne, en Suisse et dans les
pays scandinaves.
Le synode maronite avait déjà demandé à plusieurs reprises une structure
ecclésiastique adaptée pour subvenir aux besoins pastoraux de l’importante
présence libanaise en Europe. Le visiteur, qui est compétent pour toute
l’Europe occidentale et les pays scandinaves, n’a pas de juridiction sur la
diaspora maronite de ces régions, mais doit repérer ses fidèles et encourager leurs évêques locaux latins à assurer une pastorale conforme aux recommandations de Vatican II et aux normes du droit canon.
Ordonné évêque le 4 septembre 1993, il porte le titre d’évêque titulaire
de Conocora, un évêché de Syrie aujourd’hui disparu. Mgr Khoury est également consulteur de la Congrégation pour les Eglises orientales et du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. (apic/be)
Encadré
700 maronites en Suisse
Les maronites constituent une Eglise orientale catholique, dont le lieu
d’origine fut d’abord la Syrie, puis le Liban. Le siège en est le patriarcat d’Antioche des maronites, qui se trouve à Bkerké, au Liban. Déjà sous
le régime colonial, de nombreux maronites choisirent la voie de l’émigration, notamment à destination des deux Amériques et de l’Australie. La récente guerre libanaise, qui a sévi pendant 17 ans, a provoqué une nouvelle
vague d’émigration, cette fois surtout vers l’Europe occidentale, où les
maronites sont les plus nombreux en France – entre 50 et 70’000 -, tandis
qu’on relève des minorités importantes en Grande-Bretagne, en Suède, en
Italie et en Allemagne.
Le synode maronite avait déjà demandé à plusieurs reprises une structure
ecclésiastique adaptée pour subvenir aux besoins pastoraux de cette émigration. Le visiteur, qui est compétent pour toute l’Europe occidentale et les
pays scandinaves, n’aura pas de juridiction sur la diaspora maronite de ces
régions, mais devra repérer ses fidèles et encourager leurs évêques locaux
latins à assurer une pastorale conforme aux recommandations de Vatican II
et aux normes du droit canon. (apic/be)
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