Jean Paul II au camp de concentration de Mauthausen (240688)

Le pape dénonce « l’idéologie insensée » du nazisme

Vienne, 24juin(APIC/CIP) Vendredi après-midi, le pape s’est rendu à l’ancien camp de concentration de Mauthausen, ou les nazis ont déporté, entre

1938 et 1945, pas moins de 197.000 personnes de différents pays d’Europe,

dont 5.000 femmes. A cette occasion, le pape Jean Paul II a dénonce

« l’idéologie insensée » du nazisme.

A son arrivée au camp principal de Mauthausen (qui comptait également 49

camps annexes), Jean Paul II a été accueilli par onze survivants de ce camp

de la mort. C’est ensuite au cours d’une liturgie de la parole, célébrée

devant une centaine de personnes rassemblées dans la chapelle du camp, qu’a

été évoquée la mémoire des 110.000 victimes des nazis à Mauthausen : 44.000

Polonais, dont 7.000 Juifs ., 34.000 Soviétiques ., 32.000 Hongrois mais

également 17.500 Allemands.

Durant cette liturgie a été lu un passage du livre biblique des lamentations, dont le pape allait s’inspirer ensuite pour le discours qu’il a prononcé devant les 2.000 personnes rassemblées sur le site des vieux baraquements du camp. Après la lecture, l’assemblée réunie dans la chapelle s’est

unie à la prière du pape. Puis Jean Paul II a béni une croix commémorative

plantée à l’extérieur de la chapelle.

Dans le discours qui a conclu cette liturgie, le pape a déclaré : « En ce

lieu, ici à Mauthausen, il y a eu des hommes qui, au nom d’une idéologie

insensée, ont mis en branle tout un système de mépris et de haine contre

d’autres hommes. Ils leur ont infligé des tortures, leur ont brisé les os,

ont maltraité horriblement leurs corps et leurs âmes. Ils ont persécuté

leurs victimes en toute cruauté. »

« Ceci s’est passé au coeur de l’Europe, a poursuivi le pape. Ceci s’est

passé en plein milieu de notre siècle, près de deux mille ans après le

Christ. » Et de se référer au livre biblique des lamentations, qui n’exprime

pas seulement la plainte de l’homme des douleurs d’autrefois, mais la

question de l’homme de toujours devant la souffrance. Mais à Mauthausen,

« cette question ne se transforme-t-elle pas en accusation ? », a demandé le

pape, laissant transparaître son effroi à la pensée qu’il y eut un jour « un

plan insensé de détourner l’Europe du chemin ou elle s’était engagée depuis

des siècles ». Car au lendemain de cette extermination de milliers d’êtres

humains, l’Europe s’est sortie comme vaincue de cette expérience la plus

terrible de son histoire, comme vaincue dans ce qui semblait être son

héritage et sa mission ».

Le dernier mot aux survivants

Jean Paul II s’est ensuite tourné vers les survivants de Mauthausen et

autres lieux de supplice analogues, pour leur demander : « Quel est votre

dernier mot ? » Et le pape a enchainé :  » Homme d’hier et homme d’aujourd’hui, lorsque le système des camps d’extermination se poursuit aujourd’hui encore ou que ce soit dans le monde, dis-nous, qu’est-ce que

notre siècle peut transmettre à ceux qui nous suivent ? » « Dis-nous,

n’avons-nous pas été trop empressés d’oublier ton enfer ? » « N’avons nous

pas effacé de notre mémoire et de notre conscience les traces du crime

d’hier ? » « Dis-nous, dans quelle direction doivent marcher l’Europe et

l’humanité d’après Auschwitz et d’après Mauthausen ? » « A-t-on vraiment raison de prendre la direction qui nous éloigne des expériences terribles

d’autrefois ? » « Parle, car tu en as le droit. Parle, toi, l’homme, qui as

souffert et qui as perdu la vie. Parle : nous avons le devoir d’écouter ton

témoignage. »

Le pape s’est encore posé la question, en conclusion de son discours : à

voir les camps d’extermination de la seconde guerre, l’homme et son système

n’ont-ils pas attiré la colère de Dieu ? Mais ce n’est pas cette hypothèse

qu’a retenue le pape. Il a plutôt invité les chrétiens d’Europe à regarder

une fois de plus l’homme des douleurs que fut le Christ sur la croix et à

ne jamais laisser s’évanouir sa mémoire. « Christ, demeure avec nous et sois

notre avenir », s’est exclamé Jean Paul II dans une dernière prière,

demandant au français Marcel Callo, martyr de Mauthausen et récemment

béatifié, et à deux autres martyrs des camps de la mort, la bienheureuse

Edith Stein et saint Maximilien Kolbe, d’implorer le secours et la bonté de

Dieu pour toutes les victimes de la torture et de la violence, hier comme

aujourd’hui, mais aussi pour leurs bourreaux. (apic/jt/be)

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