Journée de la femme: Rome soutient une déclaration interreligieuse

A l’occasion de la prochaine Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2020, six femmes de religions différentes ont signé une déclaration dans laquelle elles s’engagent à promouvoir le «Document pour la fraternité humaine» paraphé par le pape François et le grand imam sunnite Ahmed al-Tayeb, 44ᵉ imam de la mosquée al-Azhar, au Caire.

La signature de ce texte a été soutenue par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Le 3 mars 2020, le Saint-Siège et l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC), qui représente des millions de femmes catholiques, ont organisé un événement pour promouvoir le dialogue interreligieux dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.

«Les femmes créatrices de fraternité humaine»

Cette journée, intitulée «les femmes créatrices de fraternité humaine», a été ponctuée de prises de parole de dix femmes issues des principales religions. Un événement organisé en collaboration avec  le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et sous le patronage des ambassades près le Saint-Siège d’Argentine, d’Autriche, mais aussi des Philippines et des Pays-Bas.

Parmi les dix intervenantes, six d’entre elles ont ratifié une déclaration reprenant certains points du «Document sur la fraternité humaine» signé par le pape et l’imam Ahmed al-Tayeb le 4 février 2019 Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis. Il a ainsi été signé par la théologienne iranienne Shahrzad Houshmand Zadeh, par Maria Lía Zervino, présidente de l’UMOFC, mais aussi par Elena Seishin Viviani, responsable bouddhiste, Swamini Hamsananda Ghiri, de l’Union italienne hindoue, Sabrina Coen, de la communauté juive italienne, ainsi que par la doctoresse presbytérienne Isabel Apawo Phiri.

Le document du pontife argentin et de l’imam Ahmed al-Tayeb représente une «étreinte maternelle à l’humanité»

Ce texte sonne comme un «engagement public» de femmes de différentes religions en matière d’harmonie interreligieuse, a expliqué Maria Lía Zervino. 

Le document du pontife argentin et de l’imam Ahmed al-Tayeb représente une «étreinte maternelle à l’humanité», considèrent dans cette déclaration ces six femmes. C’est pourquoi, cette déclaration féminine s’engage dans le sillage du Document d’Abou Dhabi «à s’éduquer et à éduquer les autres à un monde plus fraternel».

Ensemble, elles veulent œuvrer à la protection de l’institution familiale dans tous les secteurs possibles et travailler à être les gardiennes de la vie et «de la Terre». Il s’agit encore, écrivent-elles, de lutter contre les nouvelles formes d’esclavage et de dénoncer «le silence international inacceptable» sur ce plan.

Dévoiler le génie féminin

Sans la contribution des femmes, ce monde gangrené par «la détérioration morale» serait vulnérable et risquerait de tomber dans des jeux de pouvoirs, a estimé pour sa part le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Dans un message lu à cette occasion, il a souligné la nécessité de dévoiler le «génie féminin», notamment en matière interreligieuse. Selon lui, la participation des femmes dans l’Eglise doit ne pas se cantonner aux seuls sujets féminins mais plutôt se diffuser dans toutes les sphères.

Ce «génie féminin» doit à présent s’exprimer sur la scène internationale pour défendre les plus faibles, a appelé la musulmane iranienne Shahrzad Houshmand Zadeh.

Porteuses de vie par nature

Ces «maîtres spirituels» que sont le pape François et l’imam Ahmed al-Tayeb «nous supplient», lance-t-elle, d’abandonner les «discussions inutiles» pour sauver l’humanité. Historique, ce texte s’élève contre les égoïsmes des individus pour leur demander d’être les «gardiens» et non les patrons de la famille humaine et de la Terre. 

Porteuses de vie par nature, les femmes doivent diffuser la compassion, a demandé Elena Seishin Viviani. Il s’agit selon elle d’éduquer le monde à la réalité suivante: «il n’existe pas de bonheur seul, car nous sommes tous interconnectés». La promotion de la paix, qui ne peut se faire sans les hommes, commence selon elle au niveau de chacun, par une éducation personnelle. En exemple, la bouddhiste a appelé à cesser les discriminations liées au coronavirus.

Un rôle dans la résolution des conflits

Les femmes ont un rôle majeur en matière de résolution de conflit, a pour sa part estimé Franziska Honsowitz-Friessnigg, ambassadrice d’Autriche près le Saint-Siège, en rappelant qu’une résolution des Nations Unies met en lumière cette qualité. En guise d’illustration de la capacité de résistance aux conflits et de renouvellement des femmes, Sabrina Coen a évoqué en Israël, terre de conflits, la manière dont les femmes portent ce message de paix.

En réalité, aucun enseignement théorique ne peut remplacer celui reçu par une mère, a encore pointé cette universitaire juive. Il s’agit de préserver cette hérédité. Alors que la crise spirituelle est à l’œuvre, les femmes ont pour mission de «ressusciter la spiritualité» capable de forger la conscience morale. Par le dialogue avec les hommes, elles pourront incarner cette aide rééquilibrante dont parlent les textes sacrés. (cath.ch/imedia/cg/be)

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