Pourquoi le pape prévoit un Synode sur l'église synodale.

Le thème choisi par le pape François pour la prochaine assemblée générale du Synode des évêques, en octobre 2022, est: «pour une Eglise synodale: communion, participation et mission». Pourquoi choix? Le point de vue du théologien et journaliste Roland Juchem.

kath.ch, traduction et adaptation, Carole Pirker

Suite à l’annonce du choix du pape François, le 7 mars, énoncé par le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général de l’assemblée générale du Synode des évêques, nombreux sont celles et ceux qui s’interrogent. Pourquoi le pape prévoit-il un synode sur l’église synodale ? Le point de vue du théologien et journaliste Roland Juchem.

A peine le Vatican a-t-il annoncé le 7 mars le thème du prochain synode des évêques que certains ont tweeté la proposition hashtag #metasynod. Un synode sur la synodalité, ne serait-ce pas un peu trop d’auto-réflexion au niveau méta? Ceux qui connaissent par ailleurs le pape François savent que l’égocentrisme et l’abstraction sont pour lui des péchés presque mortels.

Aller au fond des choses

Ainsi, lorsque le pape, après une réflexion qui aura duré deux ans et demi, discutera en octobre 2022 avec les évêques d’une église synodale, il veut aller au fond des choses. Et cela sous trois aspects: «pour une Église synodale: communion, participation et mission», comme l’annonce le titre de la réunion annoncé le 7 mars.

La synodalité est un thème central pour le pape François. Cela est apparu clairement dans son discours d’ouverture du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, en octobre 2015. Il avait appelé alors à une voie et des structures plus collégiales au sein de l’Eglise. Il pourrait s’agir de repenser la primauté de la papauté, ce qui aurait également une pertinence œcuménique. Mais cela signifiait surtout une décentralisation de l’Eglise, avec de nouveaux rôles pour les diocèses et les conférences épiscopales.

Un synode est aussi une question de style

Mais le Synode est aussi une question de style, comme l’ont montré les dernières réunions du Synode. Pour le cardinal viennois Christoph Schönborn, par exemple, les Synodes de la jeunesse et de l’Amazonie ont été les meilleurs qu’il ait connus. La méthodologie s’est améliorée, les évêques ont écouté avec beaucoup plus d’attention.

Pour ce faire, le pape François a assoupli en automne 2018 le Synode des évêques, au moyen de la Constitution apostolique «Episcopalis Communio» (La communauté épiscopale). Tant dans la préparation que dans la mise en œuvre, les fidèles et les experts externes doivent être plus étroitement associés. Des formes de consultation et de participation telles que des questionnaires, des séminaires spécialisés, des réunions régionales ou des «présynodes» avec les personnes concernées sont désormais possibles.

Anniversaire du début du Conseil

Il pourrait être significatif que l’assemblée synodale annoncée coïncide avec le 60e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II (1962-1965). Celui-ci avait renforcé le rôle des évêques et compris l’ensemble de l’Eglise essentiellement comme le peuple pèlerin de Dieu. Paul VI a créé l’institution du Synode des évêques en 1965 comme une conséquence du du Concile Vatican II.

Cependant, après un premier élan, l’instrument de conseil du pape s’est transformé au fil du temps en un événement relativement incolore. Lorsque Benoît XVI (2005-2013) a soudainement créé un espace de discussion lors des réunions, cela a déjà été considéré comme une avancée significative.

Sous François, la préparation du contenu des discussions n’a pas seulement été élargie. La contribution des auditeurs externes et des experts a également été renforcée, et une culture de discussion parfois animée s’est développée.

Le Synode n’est pas un parlement

Néanmoins, ce que François entend par synodalité est souvent mal compris. Le Pape met en garde contre le malentendu selon lequel un Synode est un parlement dans lequel on discute et dans lequel les décisions sont prises par vote.

La synodalité est pour lui un processus spirituel : «Le travail le plus important est fait par l’Esprit Saint. Il est important de s’ouvrir à lui. C’est pourquoi le pape a décrété depuis le Synode de la jeunesse de 2018 qu’après cinq discours, il devrait y avoir trois minutes de silence pour réfléchir à ce qui a été entendu.

Les questions controversées sont reportées

L’objectif des consultations synodales est d’éviter les votes de combat et de rallier aux décisions le plus grand nombre possible de participants, pour préserver la communauté. Pour cette raison, les questions particulièrement controversées, comme récemment celles des «viri probati» et des diaconesses, sont retirées de l’ordre du jour et reportées. Jusqu’à ce que le moment soit mûr pour prendre une décision.

Alors que le Synode des évêques d’octobre 2022 est en cours de préparation au Vatican, on peut regarder avec attention le cheminement synodal de l’Eglise en Allemagne. La participation ne signifie pas seulement que beaucoup s’expriment, mais que le pouvoir et la séparation des pouvoirs font partie du processus des discussions. En ce cas, le Synode des évêques pourra aborder un sujet controversé de la voie synodale.

«Décentralisation salutaire»

François a parlé à plusieurs reprises de «décentralisation salutaire», d’écoute mutuelle et d’apprentissage à tous les niveaux. Ainsi, lorsqu’à l’automne 2022, le pape et les évêques discuteront à Rome d’une Eglise synodale, les conseils paroissiaux, les communautés spirituelles, les équipes pastorales, les ordres religieux et les conseils diocésains pourront réfléchir à la manière dont «la communion, la participation et la mission» peuvent fonctionner chez eux.

Un élan aussi pour l’église en Suisse ?

Depuis la Suisse, le théologien et secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine, Daniel Kosch, a réagi sur Twitter le jour même de l’annonce du thème : «Un synode des évêques sur le thème de la synodalité, exactement 50 ans après le début du Synode de 1972 en Suisse, donnera, espérons-le, également un nouvel élan synodal à notre Eglise suisse». 

Avec Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, Daniel Kosch a participé en tant qu’observateur à la première assemblée synodale en Allemagne. (cath.ch/kath.ch/cic/ms/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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