Sainte Corona, maîtresse des mauvais esprits

«Marcheur fatigué, sois tranquille, repose-toi auprès de sainte Corona. Fais lui confiance dans la prière si tu as du chagrin ou si tu es inquiet». Sainte Corona? Tout près de Munich, une petite chapelle porte un patronyme aujourd’hui encombrant.

Barbara Just, kath.ch, adaptation Bernard Litzler, cath.ch

La chapelle du XIXe siècle est idéalement située à Arget, au milieu d’une forêt près de Sauerlach, au sud de Munich. Elle est dédiée à sainte Corona, une martyre du deuxième siècle, surtout vénérée en Bavière et en Autriche. En Suisse, on la connaît à peine.

Les reliques de la martyre auraient été apportées dans les cathédrales de Prague et d’Aix-la-Chapelle par Charles IV et Otton III. En Basse-Autriche et aux portes de Vienne, il y a même deux endroits portant le nom de « Sankt-Corona ». Dans le diocèse de Passau, en Bavière, deux églises commémorent la sainte. Corona était réputée comme gardienne de trésors cachés et maîtresse des mauvais esprits.

Mais comment sainte Corona est-elle arrivée en Haute-Bavière ? Les sources restent mystérieuses à ce sujet. En 1599, un couple aurait trouvé dans une chapelle une sculpture en bois anonyme et l’a emportée chez lui. Cependant, elle n’y resta pas longtemps, mais retourna miraculeusement à l’endroit où elle avait été trouvée. En 1648, fut entrepris la construction d’un lieu de culte.

Chapelle, porcherie, puis à nouveau chapelle

A Arget, la vénération à la sainte martyre se développe au fil des ans à tel point que le prêtre responsable dénonce, en 1807, les excès autour du lieu: «Les garçons boivent, dansent et se battent». Pour y mettre fin, le curé fait démolir la chapelle. L’aubergiste d’Arget en prend alors les pierres et en fait une porcherie. L’élevage étant placé sous une mauvaise étoile, les registres historiques laissent entendre que, bientôt, les pierres sont à nouveau à disposition pour rebâtir la chapelle.

En 1820, la Sainte-Corona d’Arget entame sa reconstruction. Elle a été entièrement rénovée pour la dernière fois en 1986. Des dévotions printanières y sont encore célébrées, notamment pour la fête de Corona, le 14 mai. Finalement, les dévotions ont diminué. Des services religieux y sont encore célébrés trois fois par an. Toutefois, en ces temps de turbulences liées au coronavirus, personne ne sait s’ils ne vont pas devenir plus fréquents. (cath.ch/kna/bl)

Entre deux palmiers
La vie de sainte Corona semble avoir été placée sous le signe des souffrances. A16 ans, elle assiste à la mort de son mari Victor à cause de sa foi. Elle est aussi condamnée à mort et attachée entre deux palmiers. L’exécution daterait de 175 après J.-C., en Syrie ou en Égypte.

Corona est généralement représentée avec une couronne, ce que signifie son nom latin, ou avec des palmes. Elle est généralement sollicitée pour des problèmes d’argent par des investisseurs, des joueurs et des chasseurs de trésors. Elle est aussi une patronne de la boucherie. On raconte, en outre, que son intercession aide à soulager les maux de dents. BL

Bernard Litzler

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