Le Colisée, un trésor pillé puis protégé par les papes

Construit sous l’empereur Vespasien et achevé sous Titus, le Colisée, originellement dédié aux jeux du cirque, impressionne toujours les touristes du monde entier par son étonnante conservation. Au fil des siècles, il échappe aux multiples catastrophes naturelles et incendies… mais il a été de nombreuses fois restauré, et même reconstruit presque en entier.

Après la chute de l’Empire romain, l’immense amphithéâtre a connu de nombreux usages: il devient tour à tour cimetière, carrière de pierre, village ou encore  forteresse. Dès le IVe siècle, il est voué à la démolition et ses pierres sont transportées aux quatre coins de la Ville éternelle pour être réutilisées. A cette lente déconstruction, s’ajoutent les pillages liés aux multiples invasions de Rome.  

Au IXe siècle, le bâtiment devient la propriété officielle de l’Eglise. Bien plus tard, en 1381, une section de l’édifice sera confiée à la Confrérie Saint Sauveur qui obtient le droit de vente sur les pierres. Les vestiges du Colisée font alors la richesse de cette archiconfrérie qui conserve ce droit durant plusieurs siècles. Ainsi se poursuit dans la plus grande légalité le démantèlement de cette merveille de l’Antiquité.

C’est à cette période, par l’intermédiaire de cette confrérie, que l’on commence à représenter la Passion du Christ au sein de ses ruines à travers des spectacles grandioses, dans la tradition des «mystères», ces pièces de théâtre racontant l’histoire chrétienne. Ces représentations attirant des milliers de personnes permettent également de redécouvrir ce lieu comme celui du martyre des premiers chrétiens, assassinés dans des mises en scène cruelles par les empereurs de l’Antiquité.

Une merveille antique transformée en entrepôt

Le XVe siècle sera marqué par la Renaissance et ses projets visionnaires. Si par leurs décrets les papes semblent vouloir protéger les ruines antiques, ils autoriseront paradoxalement la construction de bon nombre de bâtiments grâce à ses vestiges. On sait aujourd’hui que les façades du palais de Venise et de la basilique Saint-Pierre comportent des blocs de travertin du Colisée.

Il faut attendre le XVIe siècle pour que les successeurs de Pierre cherchent à protéger l’édifice en imaginant diverses transformations parfois très originales. Sixte V (1585-1590), le premier, envisage d’installer une filature de laine où l’on emploierait les anciennes prostituées. Cette proposition ne fut finalement pas suivie d’effet, le pontife mourant avant d’avoir pu l’appliquer. 

Au XVIIe, l’amphithéâtre est de nouveau pillé et ne retrouve de l’intérêt qu’en 1700, année durant laquelle le pape Clément XI décide de transformer le bâtiment en entrepôt pour produire de la poudre.

C’est alors qu’un moine carme du nom de Angiolo Paoli intervient auprès du Souverain pontife pour lui soumettre une toute autre idée: préserver ce lieu imprégné du sang des martyrs. Aidé par de nombreux volontaires, le religieux fait alors fermer les arcs de l’immense édifice avec des murs épais et les portes avec de grosses traverses en fer. À l’intérieur, au milieu des ruines, il érige trois immenses croix de bois.

Un Colisée consacré en «église publique»

Moins de cinquante ans plus tard, en 1749, son successeur Benoît XIV confère le titre «d’église publique» au bâtiment. A partir de cette date, le pillage de l’édifice est formellement interdit et puni. Le chef de l’Eglise catholique consacre à ce moment-là le monument à la Passion du Christ et aux martyrs.

Pour que cette consécration s’ancre dans le cœur des fidèles, le pape italien effectue en 1750 le premier chemin de Croix au sein des arènes. Afin d’installer la tradition qui perdure jusqu’à nos jours, il fonde même une confrérie appelée ‘Les Amants de Jésus et de Marie’ en charge de l’organiser. 

Autour de l’arène, sont disposées 14 stations. Une croix trône alors au milieu de ce lieu jadis païen. Le pape italien se charge également de restaurer de nombreuses arcades au rez-de-chaussée.

La tradition du chemin de Croix se perd lors de l’unité italienne avec la formation du Royaume d’Italie qui s’approprie ce monument symbole d’un glorieux passé. Il faudra attendre Jean XXIII pour que soit restaurée cette Via Crucis si singulière en 1959, pour une année seulement. Paul VI, à partir de 1965, renoue définitivement avec cette tradition.  (cath.ch/imedia/cg/mp)

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