Retour sur une Semaine-Sainte historique

Pour répondre aux exigences sanitaires liées à la pandémie, la Semaine Sainte de l’année 2020 a été ›confinée’ dans une espace allant du pied de l’obélisque de la place Saint-Pierre à l’autel de la Chaire, au fond de l’abside de la basilique papale. Privé de fidèles et marqué par la crise du coronavirus qui touche le monde entier, le pape François a œuvré pour faire de ce moment clé de l’année chrétienne un écho puissant à toutes les douleurs et espérances de l’humanité.

Le »drame de la pandémie» peut ressembler à un chemin de croix, avait reconnu le pape François lors de la messe des Rameaux, le 5 avril. Mais à l’orée d’une Semaine sainte riche et historique, célébrée dans le confinement le plus complet, le Souverain pontife a tenu à y voir une opportunité: »ne pensons pas seulement à ce qui nous manque, mais au bien que nous pouvons faire».

De fait, il a manqué beaucoup de choses pendant cette semaine décisive pour les catholiques du monde entier, à commencer par la foule des fidèles qui se rassemble chaque année pour accompagner le chef de l’Eglise catholique sur le chemin qui mène de la cène jusqu’au tombeau lors du Triduum pascal. La gendarmerie vaticane avait estimé l’affluence à 70’000 fidèles l’année précédente: cette année, ils furent à peine une vingtaine, tous anonymes. 

Un programme bouleversé

Les grands rendez-vous clé du Triduum pascal n’ont pas eu lieu. Ont ainsi été retirées certaines cérémonies significatives telle que la messe chrismale puis le lavement des pieds le Jeudi Saint. L’ombre du Colisée, évocatrice des martyrs de l’Antiquité, a manqué à la Via Crucis du Vendredi Saint. Enfin, le rituel de la transmission du feu pascal lors de la Vigile et le ›Resurrexit’ pendant la messe du jour de Pâques n’ont tout bonnement pas eu lieu.

Cependant, ces nombreux aménagements n’ont pas affaibli la solennité de cette Semaine sainte. La commémoration du dernier repas du Christ, lors de la messe du Jeudi Saint a été l’occasion pour le pape, si souvent exigeant avec son clergé, de rendre hommage au courage de tous ces hommes qui ont décidé un jour de donner leur vie au Christ: »Je vous porte dans mon cœur et à l’autel», a déclaré le successeur de Pierre.

Une Via Crucis symboliquement forte

Le chemin de croix du Vendredi Saint à la tombée de la nuit sur une place Saint-Pierre seulement peuplée par de milliers de bougies a également été un moment singulier. Le pape a présidé ce grand moment de piété populaire seul, devant les portes de sa basilique, alors que sous ses yeux seules dix personnes formaient la procession accompagnant le Christ jusqu’à son sacrifice. 

Parmi les dix fidèles suivant la croix dans la nuit romaine, cinq venaient de la paroisse d’une prison italienne, et avaient préparé les méditations marquant chaque station de la Passion. Celles-ci, personnelles et poignantes, avaient pour but de montrer la compassion du Crucifié pour ceux qui souffrent dans l’isolement carcéral, mais trouvaient un écho inhabituel dans l’absence douloureuse des fidèles enfermés chez eux et privés de la consolation des sacrements. 

Les cinq autres membres du cortège étaient des médecins et des infirmiers. Le pape a souhaité leur présence et a confié leur mission à Dieu. Il avait alors salué tous ceux qui donnent leur vie pour les plus fragiles «dans les innombrables lieux de souffrance de l’humanité». 

Une résurrection placée sous le signe de l’espérance

La Vigile pascale, point d’orgue dans l’année chrétienne, a aussi été pour le pontife un moment privilgié pour étancher la soif d’espérance des fidèles. »Tout ira bien», a-t-il déclaré lors de son homélie, reprenant les slogans des Italiens confinés. «Jésus est sorti pour nous, il est ressuscité pour nous», a-t-il rappelé.

Le Souverain pontife a insisté sur ce point lors de son message de Pâques le dimanche 12 avril. Le Ressuscité apporte au monde »la contagion de l’espérance», a-t-il déclaré. Ses blessures, qu’il porte encore après avoir traversé pour l’humanité la souffrance et la mort sont devenues des »fissures d’espérance». 

Au moment de l’Urbi et Orbi, devant la nef vide de Saint-Pierre de Rome, le 266e pape s’est une fois de plus tenu seul. Une lumière cependant brillait face à lui, celle d’une porte de la basilique, ouverte pour porter symboliquement à l’air libre sa bénédiction à la Ville et au Monde. Cette image se voulait aussi illustrer l’espoir d’une issue proche au drame actuel. (cath.ch/imedia/cd/mp)

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