Covid-19: Des missionnaires évangéliques mettent des indiens en péril

En pleine crise sanitaire au Brésil et sans autorisation de la Fondation Nationale de l’Indien (Funai), des missionnaires évangéliques fondamentalistes états-uniens se sont rendus, début avril, en hélicoptère dans plusieurs villages de tribus indiennes en isolement volontaire.

Selon la chaîne de télévision nationale Globo, des membres de la Mission Nouvelles Tribus du Brésil (MNTB), une organisation missionnaire fondamentaliste originaire des Etats-Unis, ont visité plusieurs villages du Vale do Javari, une zone située dans l’Etat d’Amazonas, au cœur de l’Amazonie brésilienne.

Ces visites ont été effectuées en utilisant un hélicoptère acheté quelques mois plus tôt par l’organisation missionnaire dans l’objectif annoncé d’aller à la rencontre de tribus indigènes difficiles d’accès et isolées.

Interdiction formelle

La MNTB assure avoir fait les demandes d’autorisation auprès de la Funai, comme l’y oblige la loi. Ce que dément l’organisme, dirigé depuis le mois de février (et selon un décret de Jair Bolsonro) par Ricardo Lopes Dias, ex-membre actif de… la MNTB.

Pour lutter contre la propagation de la pandémie de coronavirus et éviter de décimer des populations particulièrement vulnérables, la Funai, appuyée par le Ministère Public Fédéral (MPF), a justement interdit depuis février la présence de toutes organisations religieuses dans les communautés indigènes.

Un acte criminel

Sydney Possuelo est l’un de ceux qui s’est battu pour que cette mesure soit adoptée. Ancien président de la Funai (1991 et 1993) et considéré comme l’un des indigénistes les plus reconnus du pays, cet ethnographe a très vite alerté les autorités sur les dangers particuliers encourus par les peuples indigènes.

«Un indien peut mourir en 24 heures»

Heurté par cette tentative d’évangélisation des peuples indigènes par la MNTB, Sydney Possuelo estime que cette approximation est criminelle en tant de pandémie. «N’importe quel contact avec ces groupes isolés est déjà dangereux en tant normal. Même si l’approche se fait avec les meilleurs sentiments, il est possible de commettre quasiment un génocide».

Sans défense immunitaire adaptée les risques sont en effet immenses. «Un indien peut mourir d’une pneumonie en 24 heures après avoir contracté une simple grippe», illustre-t-il. (cath.ch/jcg/gr)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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