Brésil: 2019, année record pour les violences en milieu rural

Le 17 avril 2020, le Commission Pastorale de la terre (CPT), organisme rattaché à la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a publié son rapport annuel 2019 sur les violences en milieu rural. Les violences et les assassinats sont en forte hausse.

Le document indique qu’en 2019, le nombre d’assassinats dans les campagnes a augmenté de 14% par rapport à 2018 (passant de 28 à 32). Augmentation également des tentatives d’homicides (+7%) et des menaces de mort (de 165 à 201, soit +22%). En 2019, la CPT a aussi relevé 7 assassinats de leaders indigènes, soit le nombre le plus élevé depuis 11 ans.

Depuis l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir avec l’appui de la «Bancada Ruralista», représentant au Congrès les intérêts de l’agrobusiness, les conflits liés à la terre ont d’ailleurs augmenté de près d’un quart (+23%) par rapport à l’année précédente (1’833 conflits déclarés en 2019), soit cinq par jour, dont les deux tiers ont fait l’objet de violences provoquées par des grands propriétaires terriens.

Moins d’Etat, plus de violence

«L’augmentation importante des conflits en milieu rural est la conséquence directe de la politique de démantèlement des droits à la terre développée par le gouvernement fédéral depuis le début de l’année 2019, explique Jeane Bellini, coordinatrice de la CPT. Ces chiffres de conflits sont les plus importants depuis que nous publions ce cahier chiffré exhaustif ». (le Rapport général des conflits et violences en milieu rural, lui, est publié par la CPT depuis 1986, ndlr)

«Avec le temps, nous avons observé que lorsque l’Etat était présent et garantissait l’intégrité physique des personnes, le pouvoir privé reculait. Et lorsque l’Etat s’éloigne, le pouvoir privé avance et expulse», poursuit Jeane Bellini. Et le discours de Jair Bolsonaro donne du courage à ceux qui avait envie d’occuper illégalement des terres, ajoute-t-elle.

Silence du gouvernement

Le Rapport annuel des conflits liés à la terre au Brésil, rendu public comme chaque année lors de la Journée Mondiale des luttes paysannes, constitue une source de référence pour de nombreuses ONG nationales et internationales de défense des droits humains. Il est également redouté par les pouvoirs politiques en place. Cette année, aucune réaction n’a filtré de la Présidence, du Ministère des Droits Humains ou de celui de l’Agriculture. (cath.ch/jcg/bh)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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