Le projet de «La Bible Corona»prend une envergure internationale

Kath.ch./Ueli Apt/Traduction adaptation: Carole Pirker

Parti de Suisse allemande, le projet d’écriture manuscrite de «La Bible Corona» a essaimé jusqu’aux Etats-Unis. Environ 80% des 1’189 chapitres ont été attribués à ce jour. Au vu des contributions reçues, le résultat sera publié sous forme imprimée et numérisée, disponible sur Internet. 

Conçu par le pasteur saint gallois Uwe Habenicht, le principe du projet de «La Bible Corona» est simple: les gens choisissent un chapitre de la Bible et le copient de leur propre main. Dans ce temps d’isolement, d’inactivité et d’incertitude, l’idée de se consacrer à une activité soi-disant simple a immédiatement été approuvée.

Le pasteur Uwe Habenicht est à l’origine du projet | Captute écran

Un projet qui a fait tache d’huile

Conçu au départ pour les habitants de la ville et de la région de Saint-Gall, le projet a rapidement pris de l’ampleur, face aux demandes de renseignements arrivées des autres régions de Suisse et de l’étranger. Le pasteur Uwe Habenicht et son équipe ont ainsi donné des chapitres de la Bible à des participants de Berne, Zurich, mais aussi d’Allemagne, d’Autriche, du Liechtenstein et même des Etats-Unis. «La seule condition est que vous puissiez écrire à la main», explique le pasteur, dont l’équipe comprend également des membres de l’église catholique de la ville de Saint-Gall.

Ralentir

Alors qu’au quotidien, notre travail est axé sur l’efficacité, en recourant au copier-coller, à la numérisation et à la transcription audio, le projet de Bible Corona poursuit une autre vocation: «Il s’agit physiquement de ralentir, et de trouver un nouveau rythme dans la situation nouvelle et extraordinaire que nous visons», déclare Uwe Habenicht.

Les participants au projet peuvent apporter quelque chose de leur individualité au projet par leur propre écriture manuscrite. Habenicht est convaincu que la spiritualité moderne exige un certain degré d’individualisme, qu’il a décrit dans son livre «Freestyle Religion», récemment publié et qui allie les sciences sociales avec les connaissances sociologiques et théologiques.

Les participants apportent quelque chose de leur individualité | © zVg

Pour le pasteur de Saint-Gall, cependant, il est important que le projet ne se limite pas au plan individuel «Les contributeurs peuvent se percevoir comme faisant partie d’un projet d’écriture qui les englobe et les dépasse à la fois», expose-t-il.

Un travail d’écriture communautaire

Pour les contributeurs, les différents chapitres sont ainsi des parties d’un ensemble plus vaste, qui les relient au passé et à l’avenir: le texte de la Bible ainsi recopié, issu du passé, sera remis officiellement à la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Gall, une fois les travaux d’écriture terminés.

«Curieusement, j’ai d’abord eu l’idée que la copie était une activité solitaire des monastères du Moyen Âge», confie Uwe Habenicht, qui, en y regardant de plus près, s’est rendu compte que les gens qui écrivaient ainsi dans des ateliers d’écriture travaillaient souvent de manière très collaborative: «Ainsi, même là, le travail individuel et collectif a été combiné.»

Le Cantique des cantiques s’est arraché

Dès le début du confinement, le pasteur a constitué une équipe et a mis en place tout ce qui était nécessaire au projet, y compris un site web et des vidéos explicatives. Cinq semaines plus tard, le celui-ci est en bonne voie, puisqu’environ 1000 chapitres de la Bible ont déjà été distribués aux participants. Et comme dans tout texte, la Bible a aussi ses «bests of»: «Le psaume 23, le Cantique des cantiques, l’histoire de la création et l’histoire de Noël ont disparu incroyablement vite!», raconte le Saint gallois.

L’illustration du chap. 24 du Livre de l’Exode| © zVg

Uwe Habenicht se réjouit en particulier des nombreuses lettres dans lesquelles les participants racontent l’expérience qu’ils font ainsi du texte biblique: «Les gens partent véritablement à sa découverte. L’autre jour, une jeune femme à qui l’on a remis un livre de Moïse nous a écrit. Elle s’est déclarée étonnée de ce dont Moïse se souvenait et de ce que Dieu lui avait dit. «Soudain, les gens ont commencé à voir ce qui y était écrit. Différentes perceptions et questions passionnantes émergent».

Numérisation complète envisagée

Au vu des contributions déjà reçues – certaines avec leurs propres illustrations et commentaires, dans leur propre dialecte ou même dans une langue étrangère – Habenicht a réalisé que le projet ne devait pas seulement être publié sous forme imprimée, mais qu’une numérisation complète serait importante pour que tout le monde puisse y accéder. Il est d’ailleurs en train de clarifier cela avec les responsables de la bibliothèque cantonale de Saint-Gall.

Uwe Habenicht s’attendait à ce qu’environ 95 % des chapitres soient disponibles d’ici la Pentecôte. Pour les autres chapitres, un bureau séparé sera mis en place. Si l’avancement du déconfinement le permet, le transfert à la bibliothèque de l’abbaye devrait avoir lieu cet automne, ou au plus tard au printemps prochain. (cath.ch/kath.ch/ua/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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