François et Macron: «convergences» entre la France et le Vatican

Le pape François et Emmanuel Macron, président de la République française, se sont entretenus pendant quarante-cinq minutes le 21 avril 2020, selon l’Elysée, le pontife s’exprimant en espagnol. Les deux chefs d’Etat ont évoqué les «convergences» entre la France et le Vatican.

Selon l’édition en ligne du quotidien français Le Figaro, la conversation entre les deux chefs d’Etat n’aurait pas concerné l’ouverture des lieux de culte, mais plutôt les «convergences» entre le Saint-Siège et l’Elysée.

D’après la présidence française, les deux hommes ont souligné leurs convergences de vue concernant la trêve universelle, l’annulation de la dette, la solidarité internationale et l’Europe. Le chef de l’Etat français a voulu, lors de cet entretien, expliquer ce que la France faisait dans ces domaines.

Invitation du pape en France

Au début de l’entretien téléphonique, Emmanuel Macron a renouvelé son invitation au pape à venir en visite en France.  Dans le contexte de la crise sanitaire, Emmanuel Macron avait demandé un entretien avec l’évêque de Rome afin de travailler à une «mobilisation internationale» pour laquelle il comptait sur l’appui du pontife, une «grand conscience» capable d’aider à «créer des convergences».

L’appel s’est tenu aux alentours de 16h, et l’échange a été, selon les sources de l’Elysée, «très cordial». Le pontife argentin aurait profité de l’appel pour encourager la France dans son combat pour la paix. Les convergences entre les deux hommes concerneraient la préservation de l’unité de l’Union européenne, le soutien à apporter à l’Afrique, l’abolition de la dette des pays les plus pauvres, l’arrêt des conflits, toutes ces mesures ayant été expressément soutenues par le chef de l’Eglise catholique.  

Dialogue avec les représentants des cultes

Ensuite, le président français s’est entretenu durant près d’une heure et demie avec les représentants des cultes et des associations laïques en France. L’occasion de poursuivre le dialogue entre les pouvoirs publics et les religions dans le contexte du confinement de la population à cause de la pandémie de Covid-19. Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF), représentait l’Eglise catholique. Présents également à cet échange de vues le ministre français de l’Intérieur et des Cultes ainsi qu’une représentante du conseil scientifique et un autre du conseil national d’éthique.

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France | © I.Media

Un mois après un entretien de la même nature, Emmanuel Macron a voulu voir comment étaient perçues les mesures de confinement et entendre les remarques sur la suite des événements du point de vue des responsables de culte.

Une Semaine Sainte intéressante mais compliquée

Le président est conscient, assure Mgr de Moulins-Beaufort, qu’interdire aux gens de se rassembler est «une difficulté, une douleur, une complication»pour l’ensemble des fidèles mais aussi pour les membres du clergé. Il en va de même pour les autres confessions. En ce qui concerne les catholiques, le président de la CEF est revenu sur la Semaine Sainte qui s’est révélée être une expérience qu’il a qualifiée d'»assez intéressante». Elle a suscité beaucoup de créativité chez beaucoup, mais a été pour d’autres «une expérience quand même lourde, compliquée». Il a également souligné le désir de retrouver un peu de contacts et de relations, tout en étant bien conscient des difficultés actuelles et des mesures sanitaires à respecter.

Grande pauvreté des sans-papiers

Lors de sa prise de parole, l’archevêque de Reims a attiré l’attention du président sur la grande pauvreté qui touchait tout particulièrement les sans-papiers qui travaillaient jusqu’à présent au noir et qui se retrouvent désormais sans ressources.

Mgr de Moulins-Beaufort a également parlé des associations caritatives qui ont besoin de retrouver une possibilité d’agir «parce que les besoins sont très grands», se montrant reconnaissant du fait qu’il n’y aurait pas de limite d’âge à l’heure de la sortie du confinement, de nombreux retraités faisant vivre ces associations.

Aumôniers d’hôpitaux privés d’accès aux malades

Autre thème abordé par Mgr de Moulins-Beaufort: les aumôniers d’hôpitaux. Les plans d’urgence des établissements hospitaliers ont fait sortir les personnels non-indispensables et les aumôniers se sont retrouvés ainsi privés d’accès aux malades.

«On fait reporter tout l’accompagnement des mourants sur les seuls soignants qui accompagnent du mieux qu’ils peuvent, mais qui ne peuvent pas tout faire non plus et pour qui il y a une certaine injustice à leur faire porter seuls ce poids-là», regrette l’archevêque de Reims, cité par Vatican News.

Heureusement, se félicite-t-il, depuis quelques semaines il est plus facile pour les aumôniers de se rendre dans les hôpitaux et maintenant dans les EHPAD, les maisons de retraite médicalisées. «Ce desserrement des contraintes est bénéfique et permet de manifester que l’être humain n’est pas qu’un corps dont il faut s’occuper, qu’un psychisme qu’il faut soigner, mais qu’il est aussi un être spirituel et que vivre la maladie, vivre la mort, ce dont des actes profondément humains». (cath.ch/imedia/cg/vaticannews/be)

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