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Suisse: Massacres de l’ordre du Temple solaire à Salvan et à Cheiry

La plupart des victimes ont bien été assassinées (030496)

Fribourg, 3avril(APIC) Plus d’une trentaine des 48 victimes du Temple de

l’Ordre Solaire disparues lors des drames de Cheiry et de Salvan le 4 octobre 1994 ont bien été assassinées. Telle est la conclusion principale à laquelle sont parvenus les juges suisses après plus d’un an d’enquête et

d’investigations. Le cerveau et l’instigateur de ce « transit » a bien été le

chef de la secte Joseph di Mambro retouvé parmi les morts de Salvan.

Devant plus d’une centaine de journalistes et d’une dizaine de caméras

de télévision, le juge fribourgeois André Piller a tenté de reconstituer le

déroulement de cet « apocalypse préparée de longue haleine ». Les 48 victimes

de Cheiry et de Salvan peuvent être rangées en trois catégories, a expliqué

le juge. Les « éveillés », formant le noyau dur et fanatisé de l’Ordre du

Temple Solaire, étaient pleinement acquis à l’idée d’un transfert, d’un

« transit » sur Sirius, même si cela impliquait le passage par la mort

physique. Une quinzaine de personnes pour lesquelles on peut parler de

suicide, appartenaient à ce groupe.

Les quelque trente « immortels » étaient convaincus eux aussi du passage

extra-terrestre et en accord avec un départ, mais ne semblaient pas conscients que ce passage impliquait la mort. Le terme d’assassinat peut donc

s’appliquer à cette catégorie. Enfin trois ou quatre personnes semblaient

opposées à cette idée. Elles sont qualifiées par la secte de « celles à qui

justice et sentence doivent être appliquées ». Elles sont donc bien mortes

assassinées.

Le déroulement des événements indique clairement qu’ils avaient été préparé de longue date: Achat d’une arme et de munitions, construction d’un

silencieux artisanal, achat de puissants somnifères, installation de mécanismes complexes de mise à feu censés faire disparaître toutes traces de la

ferme de Cheiry et des trois chalets de Salvan etc.

Joseph di Mambro, l’instigateur du drame

Seul le chef de la secte Joseph di Mambro, décrit comme un manipulateur

hors pair, était capable de planifier ce drame, estiment les juges. Le médecin homéopathe d’origine belge Luc Jouret, le fribourgeois Joël Egger et

deux autres complices en ont probablement été les exécutants. 20 des 23

victimes de Cheiry ont en effet été tuées d’une ou plusieurs balles dans la

tête après avoir absorbé un puissant somnifère, deux sont mortes par asphyxie au moyen d’un sac en plastique attaché sur la tête. Pour la dernière

victime la cause de la mort n’a pas pu être déterminée avec certitude.

A Salvan la plupart des morts sont dues à un cocktail médicamenteux pris

soit sous forme d’injection, soit de perfusion. Ce qui laisse à penser

qu’il s’agissait plutôt du groupe des « éveillés ». Quant a la mise à feu des

incendies elle a été commandée à distance au moyen du téléphone portable de

Joël Egger, mais rien ne permet de déterminer s’il est lui-même l’auteur

des coups de fils fatals, précise le juge valaisan Jean-Pascal Jaquemet.

Une organisation aux ramifications multiples

Le juge genevois Daniel Dumartheray s’est penché de son côté sur l’organisation et les ramifications de l’Ordre du Temple Solaire. Il a découvert

trois niveaux d’organisations: les « vitrines » ouvertes au public, en particulier les clubs « Archedia »; l’Ordre proprement dit qui a subi diverses

restructurations et enfin le cercle di Mambro réservé à un petit nombre

d’initiés vivant en communauté. Autour de ces trois niveaux gravitaient de

nombreuses sociétés à caractère commercial.

Mais rien ne permet de parler de trafic quelconque ni de blanchiment

d’argent sale, affirme le juge Dumartheray. Les quelques 20 millions de

francs probablement dépensés par di Mambro en une dizaine d’années proviennent pour l’essentiel des salaires de ses proches et des contributions des

membres de l’Ordre ainsi que de mécènes.

Pour les juges suisses les mobiles de ces crimes collectifs sont bien

d’ordre interne à la secte. A l’idéologie millénariste se sont ajoutés une

véritable paranoïa manifestée par une manie de la persécution (Joseph di

Mambro se disait poursuivi par toutes les polices du monde), une atmosphère

interne très tendue avec plusieurs départs et enfin la personnalité nettement déséquilibrée de di Mambro.

A propos du massacre du Vercors dans lequel 16 autres membres du Temple

solaire ont trouvé la mort récemment, Jean-François Mayer, spécialiste des

mouvements religieux, émet l’hypothèse d’un noyau dur regrettant de ne pas

avoir fait partie du premier voyage. Malgré la disparation de leurs chefs

di Mambro et Luc Jouret ces gens auraient décidé de recommencer de leur

propre chef sans qu’ils aient reçu un ordre d’ailleurs. (apic/mp)

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