Le Vatican se prépare au contrecoup financier de la crise sanitaire

L’actuelle crise sanitaire pour le Saint-Siège pourrait représenter une perte de revenus d’environ 25 millions d’euros, selon une estimation d’Andrea Gagliarducci, journaliste de l’agence catholique ACI Stampa. Selon une source proche du Saint-Siège, la rencontre interdicastérielle convoquée par le pape François le 4 mai 2020 avait pour but d’aborder cette question.

Le 22 avril dernier, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, a annoncé que la «phase 2» [le nom donné au «déconfinement» en Italie et au Vatican] allait comporter une «réactivation progressive des services ordinaires». Cette nécessité d’une reprise économique s’explique notamment par le besoin de finances pour faire face aux pertes générées par les mesures du confinement dans le plus petit Etat du monde.

Mesures pour limiter les dépenses

Le 4 mai dernier, le pape François a présidé une réunion regroupant tous les chefs de dicastères et d’organes dépendants du Saint-Siège et de la Cité du Vatican afin de traiter la problématique financière que posent ces pertes au petit Etat et au Siège apostolique, a appris l’agence I.Media auprès d’une source proche du Vatican. Selon elle, les pertes causées par la pandémie avoisineraient les 30 millions d’euros. Le journaliste italien Andrea Gagliarducci les estime pour sa part à 25 millions d’euros.

Quel qu’en soit le montant, ces pertes ont poussé le Saint-Siège à prendre des mesures pour limiter ses dépenses. Par le biais d’une circulaire administrative publiée le 17 avril et transmise aux services, l’administration prévoit notamment l’annulation de tous les déplacements professionnels, la suppression de tous les événements organisés en 2020 demandant un voyage. Elle demande aussi le gel des promotions et embauches, la suspension des contrats à durée déterminée et une coupe «drastique» dans les dépenses en matière de conseils et consultations.

Les trois «trous» dans les caisses vaticanes

A l’origine de ces mesures figure la perte de trois principales sources de revenu, à commencer par la principale, celle des visites des Musées du Vatican, fermés depuis le 8 mars. Selon le journaliste Andrea Gagliarducci, le manque à gagner s’évaluerait à quelque 17 millions d’euros, soit entre 57% et 68% du total des pertes. Le 9 mai, le secrétaire général du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, Mgr Fernando Vérgez Alpaga, avait d’ailleurs annoncé le 9 mai la réouverture prochaine des Musées, sans pour autant en fixer la date.

Autre source de baisse de revenus: l’effort solidaire consenti le 21 avril par le Saint-Siège consistant à réduire parfois jusqu’au deux tiers le prix des loyers aux activités commerciales et aux particuliers romains privés de revenus à cause de la crise sanitaire.

Enfin, le Saint-Siège a repoussé la quête annuelle du Denier de Saint-Pierre, prévue le 29 juin, au 4 octobre prochain. Cette collecte représentait un gain de 71 millions d’euros en 2013, dernière fois où un montant a été rendu public.

Un grand défi financier

Dans le même temps, le Saint-Siège a choisi de continuer à payer les salaires de ses 3’000 employés. On peut aussi considérer que le Vatican a augmenté ses dépenses solidaires, notamment avec l’achat de matériel médical onéreux pour de nombreux hôpitaux en Italie, en Europe et en Orient en mars et avril.

Le Saint-Siège a aussi été à l’origine de la création d’un fonds de solidarité pour les Eglises du Proche-Orient le 18 avril et d’un fonds d’urgence pour les pays du Sud le 6 avril. Le pape François avait versé personnellement 750’000 dollars (692’400 euros) dans ce dernier.

Salaires cédés pour venir en aide aux pauvres

A prendre en compte enfin, la baisse des revenus générés par l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) – la ‘banque du Vatican’ – qui sont passés de 86 millions en 2012 à 17,5 millions en 2018. Par ailleurs, 250 haut prélats et prélats de la Curie romaine ont, à la demande du chef de l’Eglise, fait don de leur salaire ou de sommes importantes à l’Aumônerie apostolique pour venir en aide aux pauvres.

Le coronavirus «représente un grand défi financier» pour le Vatican et l’Eglise en Allemagne, avait déclaré le cardinal Reinhard Marx, coordinateur du Conseil pour l’économie et archevêque de Munich et Freising, dans un entretien accordé à la presse allemande le 9 avril dernier. Cependant, le prélat allemand s’était voulu optimiste et avait écarté tout risque de «faillite». (cath.ch/imedia/cd/be)

I.MEDIA

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