L’attentat de Jean Paul II, tournant marial de son pontificat

Le 13 mai 1981, jour de la fête de Notre-Dame de Fatima, le pape Jean Paul II (1978-2005) survit miraculeusement à un attentat. Trente neuf ans plus tard, l’agence IMEDIA propose de revenir sur quelques faits parfois peu connus concernant cet événement qui a marqué l’histoire de la papauté.

Par Sixtine Waché, I.MEDIA

Alors que l’on ne connaît toujours pas la véritable identité du commanditaire de l’attentat contre Jean Paul II, le coupable a quant lui a été démasqué juste après les faits. Il s’agit du Turc Mehmet Ali Ağca, faisant partie du groupe islamiste et nationaliste des «Loups gris». Juste après avoir tiré deux coups de pistolet sur le pape, le tireur situé à une distance d’environ 3 mètres de la papamobile est stoppé dans sa cavale par la foule. Jean Paul II, alors âgé de 61 ans, s’effondre dans les bras de son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz, avant d’être emmené en urgence à l’hôpital.

Blessé au ventre, au coude droit et à l’index de la main gauche, le 264e pape s’en sort indemne, non sans avoir passé de longs mois de rétablissement avant d’être totalement guéri. Alors qu’il accorde publiquement son pardon à son agresseur le 17 mai 1981 et le rencontre en prison deux ans plus tard, le premier pape d’Europe centrale va dès lors se consacrer davantage à la Vierge Marie et donner une dimension mariale spécifique à son pontificat. Et l’attentat joue un rôle important dans cette inflexion.

Un sauvetage providentiel

Les médecins et chirurgiens en charge d’intervenir pour soigner le pape polonais ont révélé plus tard qu’ils l’avaient opéré sans vraiment croire à la survie de leur patient, étant donné la gravité des dommages infligés au pape par les trois balles. Le fait qu’aucun des organes vitaux n’ait été touché par les balles est considéré comme un signe du Ciel.

Tireur professionnel, Mehmet Ali Ağca n’avait pas prévu de rater sa cible. Et pourtant, ni son expérience, ni sa détermination n’ont permis d’atteindre le pape en plein cœur. En effet, la balle a été comme «déviée», déclarera le personnel médical. Cet événement providentiel est vu par le pontife, dès sa rémission, comme le signe qu’autre chose est intervenu en faveur du miraculé. Celui-ci dira plus tard y voir la «main» de la Vierge Marie.

L’importance de la Vierge de Fatima

Jean Paul II est en effet convaincu de l’intervention de la Vierge de Fatima, qui aurait agit pendant le moment fatidique pour déjouer la mort certaine qui se présentait alors. Et il lui attribue largement sa survie (même s’il remerciera évidemment le travail remarquable des équipes de santé de la clinique Gemelli). En effet, quelques mois plus tard, il confie avoir senti la protection de Marie: «à l’instant même où je tombais place Saint-Pierre, j’ai eu ce vif pressentiment que je serais sauvé (…) une main a tiré et une autre a guidé la balle». Et la balle a manqué son but.

Cette conviction du pape polonais l’est d’autant plus que le 13 mai est précisément le jour de l’anniversaire de la première apparition de Notre-Dame de Fatima à des enfants au Portugal en 1917. En signe de reconnaissance envers la Vierge protectrice, il se rend exactement un an après dans le sanctuaire marial lusitanien et fait sertir la balle qui l’avait frappé dans la couronne en or massif de la statue de la Vierge, disposée au sanctuaire.

Le 26 juin 2000, Jean Paul II révèle par l’intermédiaire du cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, le troisième secret de Fatima. Par prudence, celui-ci n’avait jamais été communiqué par les papes. Bien que le contenu de ces révélations suscite encore aujourd’hui des polémiques, ce troisième mystère, assure le cardinal Ratzinger, invite à la conversion des cœurs, traite de la persécution contre l’Eglise et contre le Successeur de Pierre. Ainsi la tentative d’assassinat contre Jean Paul II serait l’aboutissement de ce troisième secret.

La dévotion de Jean Paul II à Marie

Cependant, la dévotion mariale de Karol Wojtyla ne commence pas au lendemain de son attentat. Elle est profondément enracinée dans l’âme du peuple polonais, et dans la sienne aussi. Dès son enfance, il prend l’habitude de prier Marie dans divers sanctuaires de son pays. La Sainte Vierge va particulièrement l’accompagner à partir du jour où sa mère décède, alors qu’il n’a que 9 ans. Plus tard, Jean Paul II prend comme devise Totus Tuus (Tout à toi [Marie], en latin) en signe de sa dévotion au Cœur immaculé de la Vierge.

Après l’événement du 13 mai 1981, Jean Paul II se reconnaît dans le troisième message de Notre Dame de Fatima révélé aux trois pastoureaux Jacinthe, François et Lucie en 1917. Par trois fois, il effectuera un pèlerinage sur les lieux de cette révélation pendant le reste de son long pontificat. Il consacrera aussi le monde et la Russie au Cœur immaculé de Marie, comme la Vierge de Fatima l’avait demandé aux trois bergers. Lors de ce déplacement, le pape a été à nouveau attaqué, cette fois-ci à la baïonnette, par un prêtre traditionaliste espagnol du nom de Juan Fernandez Krohn, convaincu que le pontife était un agent «communiste»… Selon le cardinal Dziwisz, qui dit avoir assisté à la scène, le pontife polonais aurait été à nouveau blessé, mais plus légèrement. Le pape a sans nul doute pu y voir un signe de plus que son attachement à la Vierge de Fatima était déterminant.

En 1981, quelques mois après l’événement historique, le pape polonais fait installer sur une façade du Palais apostolique place Saint-Pierre une mosaïque représentant la Vierge Marie, en souvenir de son intervention. La devise du pape y est aussi inscrite, signe de l’importance de la dévotion de Karol Wojtyla à la Mère de Dieu. Puis en 2006, lors du 25e anniversaire de l’attentat, une plaque commémorative est placée à l’endroit de la place Saint-Pierre où le pape a été frappé par les balles de son agresseur. Un lieu historique sur lequel tout visiteur et pèlerin à Rome pourra aisément se rendre ou se recueillir. (cath.ch/imedia/sw/rz)

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