Les missionnaires engagés, «la meilleure ressource» de l’Église

Plutôt que de chercher à fidéliser les grands donateurs, les organismes missionnaires doivent permettre la rencontre avec le Christ, estime le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour la nouvelle évangélisation, sur Vatican News, le 27 mai 2020. Le prélat est revenu sur le discours du 21 mai 2020 du pape François aux Œuvres pontificales missionnaires (OPM), dont la fondatrice, Pauline Jaricot, s’est vue reconnaître le 27 mai l’attribution d’un miracle.

Pour le cardinal philippin, ce discours majeur du pontife argentin doit rayonner au-delà de la sphère des responsables des OPM auxquels il était adressé. «Le pape veut que toute l’Église, tout le peuple de Dieu, le lise, l’étudie et le médite», estime-t-il.

Le prélat souligne notamment la mise en garde du pontife au sujet des fonds collectés pour la mission. Selon lui, il existe une tentation forte pour des organismes faisant la promotion de la mission de s’appuyer uniquement sur les grands donateurs. Il suggère de consacrer «plus de temps et d’énergie» pour permettre aux gens de rencontrer Jésus et d’être missionnaires dans leur vie quotidienne. «Ceux qui deviennent des missionnaires engagés et joyeux» sont la «meilleure ressource» de l’Église, et «non pas l’argent».

Il est également utile de rappeler aux fidèles que même les petits dons sont une «expression tangible de la charité missionnaire universelle» du pontife pour les Églises dans le besoin, souligne le cardinal philippin. «Aucun cadeau n’est trop petit lorsqu’il est fait pour le bien commun».

Dans ce texte, note Mgr Tagle, le pape François ne se positionne pas «contre l’efficacité et les méthodes qui peuvent rendre notre mission fructueuse et transparente». Mais il met en garde contre le danger de «mesurer» la mission de l’Église en utilisant uniquement «des normes et des résultats prédéterminés par des modèles ou des écoles de gestion».

Contre la tentation du narcissisme: sortir de soi-même

Les outils d’efficacité ne doivent jamais remplacer la mission de l’Église, rappelle-t-il. En affirmant que la mission est «un don de l’Esprit saint», le pape François ramène ainsi les fidèles catholiques à des vérités fondamentales: «la foi en Dieu est un don de Dieu lui-même» et «l’Église est créée par Dieu».

Ayant cette réalité à l’esprit, le chrétien doit, selon lui, prier l’Esprit saint pour «agir sur lui comme le Seigneur le désire». Sans cette alliance avec l’Esprit, «les surprises» et les «perturbations» de Dieu sont considérées comme destructrices pour nos projets.

Le préfet souligne aussi la mise en garde du 266e pape envers le narcissisme de certains organismes. Le «vaccin» contre un tel mal consiste pour le Philippin à «sortir de soi-même». Il s’agit de briser «ces miroirs» dans lesquels les organismes se regardent et de les changer en verre transparent pour rejoindre les souffrants, les jeunes ou encore les blessés. «Ce sont les véritables miroirs que nous devrions regarder».

Les OPM et aux autres mouvements doivent encore se souvenir qu’ils ne sont pas les seuls promoteurs de la mission, note le prélat. L’Église, «en tant qu’édifice vivant du Saint-Esprit», est missionnaire depuis ses origines historiques. La mission est «le partage d’un don, plutôt qu’une obligation à remplir», assure-t-il. (cath.ch/imedia/cg/rz)

Pauline Jaricot : instigatrice des Œuvres pontificales missionnaires et bientôt bienheureuse

Jusqu’alors reconnue vénérable par le pape Jean XXIII le 25 février 1963, l’annonce par la Congrégation pour la cause des saints de la reconnaissance d’un miracle attribué à Pauline Jaricot le 27 mai 2020 ouvre la voie à une prochaine béatification de la Lyonnaise. Cette jeune femme dynamique est à l’origine de l’Œuvre de la propagation de la foi qui deviendra par la suite les Œuvres pontificales missionnaires.

Marie-Pauline Jaricot (1799-1862) a un début de vie très ordinaire, celui d’une jeune fille issue d’une riche famille de soyeux à Lyon. Mais cette existence aisée et superficielle est perturbée par une conversion foudroyante. La petite Française ressent tout d’un coup un appel à agir contre les misères des gens qui l’entourent et se met au service des plus pauvres, à commencer par les ouvriers de son père. La jeune fille voit en cet engagement radical une façon de soulager les souffrances du Christ.

Pauline se sent également appelée à promouvoir les activités missionnaires de l’Église dans le monde. Depuis Lyon, elle découvre en partie la réalité de la mission par l’intermédiaire de son frère séminariste et proche des Missions étrangères de Paris.

Un souffle nouveau de prière

Cette prise de conscience donne un formidable élan à celle que l’on nomme désormais la «mère des missions»: elle décide de créer l’Œuvre de propagation de la foi en 1822, afin d’aider l’Église dans son apostolat et permettre au monde entier de mieux connaître et de prier pour la mission.

En 1826, Pauline Jaricot met en œuvre un nouveau projet pour encourager la foi dans le monde: c’est ainsi que naît le Rosaire vivant. Cette chaîne de prière renouvelle la prière du chapelet et permet d’évangéliser davantage. «Unis-toi à cette mission: prie et fais prier!», répétait-elle sans cesse. Son action en faveur de l’évangélisation et de la prière est fortement encouragée par le pape Grégoire XVI qu’elle rencontre à Rome en 1835.

Le génie missionnaire de Pauline au service des papes

Bien après sa mort survenue en 1862, le pape Pie XI élèvera l’Œuvre de propagation de la foi créé par Pauline au rang d’Œuvre pontificale en 1922 et la transférera à Rome, signe de l’importance de ses actions au sein de l’Église catholique.

L’objectif de cette Œuvre pontificale majeure, présente dans plus de 140 pays, est de contribuer à la vie des diocèses les plus démunis, ainsi qu’à l’évangélisation, la catéchèse et le financement de milliers de projets chaque année. Très attachée à la dignité de chaque personne, les bonnes œuvres de la laïque lyonnaise inspirent et permettent d’en répandre de nouvelles à travers le monde. «Je suis faite pour aimer et agir. Mon cloître, c’est le monde», disait-elle en témoignant de sa vocation.

Un chemin vers la béatification

En 1926, Pie XI rend hommage au génie missionnaire de Pauline et fait introduire sa cause de béatification. Le Saint-Siège décrète ensuite que chaque avant-dernier dimanche d’octobre sera consacré à la mission universelle de l’Église. Devenue vénérable en 1963 par la volonté du pape Jean XXIII, Pauline Jaricot est à l’origine d’un miracle permettant de poursuivre sa cause de béatification.

Alors qu’en 2012 une petite fille nommée Mayline tombe dans le coma à cause d’un étouffement, et que plus aucun espoir n’existe pour la sauver de la mort, une neuvaine à Pauline Jaricot permet à la malade de guérir totalement. Une enquête diocésaine a lieu entre les années 2018-2019, puis le dossier est transféré à la Congrégation de la cause des saints, en droit de publier la reconnaissance du miracle par le pape François le 27 mai 2020.

Pauline Jaricot, personnalité admirée par le pape François, a été nommée patronne des missions en 2019 lors du mois missionnaire mondial. Sa prochaine béatification permet de renouveler l’élan missionnaire cher au pape François et à son pontificat. (cath.ch/imedia/sw/cd/rz)

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