L’unité de l’Eglise n’est pas fondée sur les comportements des fidèles mais bien sur l’Esprit saint, a-t-il souligné. C’est dans une basilique Saint-Pierre encore privée de nombreux fidèles que le pape François a célébré la messe de ce dimanche de Pentecôte. Dans son homélie, le pontife a invité l’assemblée à revenir aux origines de l’Eglise et à regarder les Apôtres.
« Parmi eux il y a des gens simples, habitués à vivre du travail de leurs mains, comme les pêcheurs, et il y a Matthieu, qui avait été un percepteur d’impôts érudit. Il y a diverses provenances et divers contextes sociaux, des noms juifs et des noms grecs, des caractères doux et d’autres fougueux, des façons de voir et des sensibilités différentes », a t-il rappelé. Jésus n’a pas changé ses Apôtres, il ne les a pas uniformisés, mais il les unit en les oignant du Saint Esprit.
« A la Pentecôte, a souligné François, les Apôtres comprennent la force unificatrice de l’Esprit », bien que parlant diverses langues, ils forment un seul peuple: le peuple de Dieu, façonné par l’Esprit qui tisse l’unité avec nos diversités, qui donne harmonie parce qu’il est harmonie.
« Venons-en à nous, Eglise d’aujourd’hui. Nous pouvons nous demander: ‘Qu’est ce qui nous unit, sur quoi se fonde notre unité ?' », s’est interrogé François. Il a ainsi souligné la tentation de « défendre à tout prix nos idées, en les croyant bonnes pour tous et en étant d’accord seulement avec celui qui pense comme nous ». Mais le risque est de faire une foi à notre image et non conforme à ce que veut l’Esprit.
En réalité, a souligné le pape, c’est bien l’Esprit qui est notre principe d’unité: « Il nous rappelle que nous sommes avant tout, enfants aimés de Dieu. L’Esprit vient à nous, avec toutes nos diversités et nos misères, pour nous dire que nous avons un seul Seigneur, Jésus, et un seul Père, et que pour cela nous sommes frères et sœurs ! »
Le pontife argentin a ainsi invité à regarder l’Eglise comme fait l’Esprit, non pas comme fait le monde: celui-ci nous veut de droite ou de gauche, conservateur ou progressiste, alors que l’Esprit « nous voit à partir du Père et de Jésus, l’Esprit voit des enfants de Dieu ».
François a invité à redécouvrir l’annonce, « la première œuvre de l’Eglise ». Les Apôtres, a-t-il expliqué, « n’avaient pas de stratégie, de plan pastoral », mais ont été animés du seul désir de « donner ce qu’ils ont reçu ».
« Dans le monde, sans une organisation solide et une stratégie calculée, on va à la dérive, a souligné le Saint-Père, rappelant le danger de la ‘maladie’ qui guette l’Eglise: celle de vouloir rester dans ‘des cénacles fermés’, la tentation de ‘faire son nid' ». Dans l’Eglise, par contre, « l’Esprit garantit l’unité à celui qui annonce. Et les Apôtres y vont: non préparés, ils se mettent en jeu, ils sortent ».
Nous pouvons alors redécouvrir que le secret de l’Esprit, « c’est le don », a ainsi expliqué le pape. « Il est important de croire que Dieu est don, qu’il ne se comporte pas en prenant, mais en donnant ». François a alors mis en avant ce qui nous empêchait de nous donner, soulignant trois ennemis du don. Le narcissisme d’abord, qui fait s’idolâtrer soi-même et se complaire seulement de ses propres intérêts. « Dans cette pandémie, combien fait mal le narcissisme, le fait de se replier sur ses besoins, indifférent à ceux d’autrui, le fait de ne pas admettre ses propres fragilités et ses propres erreurs », a lancé François.
La victimisation est le deuxième ennemi du don, il est dangereux, a poursuivi François: « Celui qui se prend pour une victime se plaint tous les jours de son prochain ». Enfin le troisième ennemi est le pessimisme. « Actuellement, dans le grand effort de recommencer, combien le pessimisme est nocif, le fait de voir tout en noir, le fait de répéter que rien ne sera plus comme avant ! »
« Nous nous trouvons en manque d’espérance et nous avons besoin d’apprécier le don de la vie, le don qu’est chacun de nous », a encore souligné le pape, mais pour cela, « nous avons besoin de l’Esprit Saint, don de Dieu, qui nous guérit du narcissisme, du fait de se poser en victime et du pessimisme ».
François a conclu son homélie en demandant que l’Esprit Saint, « mémoire de Dieu, ravive en nous le souvenir du don reçu », qu’il fasse de nous des bâtisseurs d’unité, qu’il nous donne « le courage de sortir de nous-mêmes, de nous aimer et de nous aider, pour devenir une unique famille ». (cath.ch/vaticannews/be)
Jacques Berset
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