Evangile de dimanche: Déconfinement et mystère de la Trinité

Le mystère de la Trinité… nous éprouvons souvent une certaine difficulté pour en parler tant il nous paraît complexe. Pourtant je crois que les événements que nous avons traversés ces dernières semaines, avec l’interruption des célébrations publiques, nous ouvrent deux portes d’entrée pour réfléchir sur le mystère de la Trinité.

La première réside dans le bouleversement profond de nos pratiques. Pendant cette période, la plupart des fidèles ont été privés des sacrements, de l’eucharistie en particulier. Je ne cherche pas ici à qualifier de «bonne expérience» cette privation qui a été très douloureuse pour beaucoup.

Je me borne à un constat: nous avons dû nous résoudre à nous laisser déplacer dans nos habitudes. Je ne sais pas si Dieu a voulu cette situation. Mais je suis certain que Dieu n’était pas absent de ce que les communautés chrétiennes ont vécu pendant cette période. Avec douleur, certes, mais de façon effective, nous avons réalisé que Dieu pouvait nous rejoindre d’une manière différente de celle à laquelle Il nous a habitués. On ne peut prétendre restreindre la grâce de Dieu, imaginer que Dieu est limité dans les moyens dont Il dispose pour nous rejoindre. Cela reviendrait à nier que Dieu est vivant, qu’Il est Tout-puissant.

«Fêter la Trinité, c’est être placé devant le mystère de Dieu.»

Si nous sommes certains que la grâce de Dieu nous est accessible par les sacrements, elle n’est pas enchaînée à ceux-ci. D’une manière analogue, on ne peut pas non plus enfermer Dieu dans des mots… même dans les mots qui nous sont donnés pour dire notre foi. Et c’est là que nous rejoignons le mystère de la Trinité. Nous pouvons confesser la foi en un Dieu unique en trois Personnes. Nous pouvons même passer une vie à l’étudier. Mais ce que nous en dirons sera toujours en-deçà du mystère.

Les plus grands saints et théologiens qui l’ont approché témoignent de cette réalité. Fêter la Trinité, c’est être placé devant le mystère de Dieu. C’est se rappeler que Dieu est plus grand que nos mots, plus grands que les lieux habituels (et nécessaires) où nous Le rencontrerons couramment.

La seconde porte que les expériences récentes ouvrent sur notre méditation du mystère de la Trinité est liée à une perspective plus heureuse. Elle concerne la joie que nous avons de nous réunir à nouveau. Même si Dieu peut emprunter des voies étonnantes pour se révéler à nous, là où nous sommes sûrs de Le rencontrer c’est en nous réunissant en Eglise.

«Fêter la Trinité, c’est comprendre que nous pouvons toucher du doigt le mystère de Dieu.»

La mention la plus explicite que nous trouvions de la Trinité dans l’Evangile fait référence au baptême (Mt 28,19), à une pratique liturgique, communautaire qui invoque le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Quand nous sommes rassemblés pour célébrer, du signe de croix à la bénédiction finale, les mentions de la Trinité sont partout. Autrement dit, nous vivons bien, en Eglise, de ce mystère. Fêter la Trinité, c’est comprendre que nous pouvons toucher du doigt le mystère de Dieu et en dire quelque chose parce que nous nous rassemblons pour le célébrer.

Les récents événements nous aident donc à mieux approcher la grandeur incommensurable de Dieu et à mieux comprendre l’importance de la communauté pour Le connaître. «Dieu nous a tant aimés», «Dieu donne», dit l’Evangile de ce jour. C’est dans cet amour et dans ce don, au quotidien, que son grand mystère se révèle à nous. On peut – et on doit – chercher à étudier le mystère de la Trinité. Mais c’est dans la vie des croyants, dans les moments joyeux ou douloureux, habituels ou exceptionnels, qu’il se révèle d’abord.

Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 5 juin 2020


Jn 3, 16-18

Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
    Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
    Celui qui croit en lui échappe au Jugement ;
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

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