Populations indigènes du Chili: promesses non tenues, Etat répressif

Alors que les organisations sociales au Chili dénoncent l’abandon par l’Etat des communautés indigènes laissées seules face à la pandémie du Covid-19, le gouvernement dirigé par l’homme d’affaires milliardaire Sebastian Piñera est accusé d’utiliser la police pour étouffer par la violence les revendications de ces premières populations toujours marginalisées.

Plusieurs organisations sociales chiliennes ont présenté à l’avocat et diplomate guatémaltèque José Francisco Calí Tzay, rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones leurs doléances sur la situation des droits des peuples autochtones dans le contexte de la pandémie de coronavirus. 

Le peuple Mapuche dans la région d’Araucanía et dans les zones métropolitaines, ainsi que la communauté Yagán à Puerto Williams, sont les plus touchés par la négligence de l’Etat lors de l’urgence sanitaire en cours.

De son côté, à l’occasion de la Journée nationale des peuples indigènes du 24 juin 2020, Mgr Héctor Vargas Bastidas, évêque de Temuco et président de la Pastorale indigène de la Conférence épiscopale du Chili (CECh), a déploré que les annonces et promesses faites au monde indigène n’ont pas été tenues. Il a incité les autorités chiliennes à honorer les engagements pris envers les populations qui habitaient la région avant la colonisation européenne.

Victimes d’un véritable génocide

A l’heure actuelle, les populations indigènes ne représentent plus que 12,8%  de la population totale du Chili selon les chiffres du recensement de 2017 (soit près de 2,2 millions de personnes qui se sont déclarées indigènes). Le pays comptait une douzaine de nations aborigènes avant l’irruption des Européens au XVIe siècle. Chassés par les colons, ils ont été victimes d’un véritable génocide après l’indépendance du Chili en 1818.

Les actes de violence qui se multiplient ces dernières années au sud du pays ont fait connaître le combat des Indiens mapuches, qui ont été spoliés de leurs terres par les colons et maintenant par les compagnies forestières, les multinationales et les latifundistes chiliens.

Peu de progrès réels

Au Chili, en 2015, la présidente socialiste Michelle Bachelet avait confié à Mgr Vargas la difficile mission de conduire la Commission chargée de l’Araucanie, territoire indigène du pays. Cette Commission était parvenue à élaborer un plan très concret qui impliquait le monde mapuche dans les domaines politique, religieux, économique et social.

Mgr Vargas rappelle que, alors que s’approche la date butoir prévue pour définir un accord entre le gouvernement et les populations indigènes, il existe encore des points en suspens. «Il me semble qu’au cours de l’histoire, le rapport avec ces peuples ne soit pas parvenu à satisfaire les besoins de ce défi énorme. Il s’agit d’un parcours incertain, peut-être est-ce là le résultat d’une politique d’indécisions qui génère une dette avec de nombreuses blessures et conséquences douloureuses, non seulement pour le monde indigène», déclare le président de la Pastorale indigène de la CECh.

Demande de pardon aux peuples indigènes

Si l’évêque de Temuco souligne que la présidente Michelle Bachelet et son successeur conservateur Sebastian Piñera ont publiquement demandé pardon aux peuples indigènes au nom de l’Etat, «il n’y a eu que peu de progrès réels sur les questions substantielles, mais bien plutôt des mesures spécifiques qui créent la confusion dans la mesure où les promesses que l’Etat a fait aux populations indigènes demeurent sans effets significatifs». (cath.ch/fides/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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