Evangile de dimanche: pour un verre d’eau fraîche…

L’évangile de ce dimanche se signale par un ton de gravité extrême: celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, son fils ou sa fille plus que moi, dit Jésus, n’est pas digne de moi.

Il ne s’agit pas seulement d’aimer le Christ, il faut apprendre encore à le préférer y compris aux liens les plus sacrés et les plus profonds comme ceux de la famille. Tout cela suppose évidemment un arrière-fond conflictuel, ce qui n’est pas le cas forcément de tous les liens familiaux confrontés à l’Évangile.

En tout cas, la suite du Christ peut s’avérer difficile, et parfois engendre non seulement des tensions mais même des ruptures. Je pense par exemple à un jeune musulman converti au Christ et qui s’est trouvé séance tenante expulsé du milieu familial, sans ressource et sans protection aucune. Je pense aussi à cette jeune fille appelée à la vie religieuse et pour cela même rejetée de sa famille. Le prix à payer est parfois lourd, et il est bon que tout chrétien s’en souvienne.

Mais comme nous sortons de mois de confinement et que nous entrons dans des moments difficiles pour beaucoup au plan économique, suite à la crise du corona virus, je n’aimerais pas rester sur cette tonalité plus grave. Je souhaiterais plutôt souligner la portée des derniers mots de l’évangile de ce dimanche qui depuis longtemps fait mon bonheur.

«Nombreux sont ceux à qui nous devons de pouvoir exercer notre ministère, ils sont parfois plus clairvoyants, généreux et humains que bien des gens du sérail…»

Oui le Seigneur saura récompenser ceux qui accueillent un prophète: c’est-à-dire quelqu’un qui ouvre le présent des hommes à l’irruption de Dieu, qui sait discerner ce qui aujourd’hui est porteur d’avenir et ce qui au contraire est sans issue. Soutenir de tels «voyants» (c’est l’ancien nom pour prophète) vaut récompense aux yeux du Seigneur. Soutenir un juste, c’est-à-dire quelqu’un en qui on reconnaît une authenticité, un être accordé à la justice de Dieu, cela aussi vaut récompense.

Et enfin, sommet des paroles de Jésus: «Celui qui donnera à boire un simple verre d’eau fraîche» à un de ses disciples se verra récompensé. Ici cela ne suppose pas un discernement avisé quant à ce qu’implique le fait d’être prophète ou un juste.

Il s’agit tout simplement de quelqu’un de généreux envers les disciples: que ce bienfaiteur soit lui-même disciple, proche de l’Eglise ou aux marges, peu importe, son verre d’eau fraîche en soutien des disciples a un prix infini. Nombreux sont ceux à qui nous devons de pouvoir exercer notre ministère, ils sont parfois plus clairvoyants, généreux et humains que bien des gens du sérail… Une fois encore l’évangile étonne et déplace le regard.

Jean-Michel Poffet | Vendredi 26 juin 2020


Mt 10,37-42 

En ce temps-là,
Jésus disait à ses Apôtres :
    « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi
n’est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi ;
    celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas
n’est pas digne de moi.
    Qui a trouvé sa vie
la perdra ;
qui a perdu sa vie à cause de moi
la gardera.
    Qui vous accueille
m’accueille ;
et qui m’accueille
accueille Celui qui m’a envoyé.
    Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète
recevra une récompense de prophète ;
qui accueille un homme juste en sa qualité de juste
recevra une récompense de juste.
    Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche,
à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,
amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

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