Gabon: les évêques critiquent la dépénalisation de l’homosexualité

Les évêques catholiques du Gabon se sont élevés, le 24 juin 2020, contre la décision de l’Assemblée nationale de dépénaliser l’homosexualité. Les prélats ont fustigé une «falsification» de l’anthropologie et une «banalisation» de la sexualité.

Les députés gabonais ont adopté, le 23 juin 2020, le texte annulant un amendement du Code pénal voté un an plus tôt qui condamnait l’homosexualité comme une «atteinte aux mœurs», note le site d’information jeuneafrique.

Les évêques catholiques du pays ont fait valoir de façon virulente, dès le lendemain, leur opposition à cette décision. «Au nom de la sagesse de nos ancêtres, contenue dans nos diverses cultures, qui célèbrent la Vie, l’Amour, la Famille, au nom de notre Constitution qui proclame l’attachement à nos valeurs sociales profondes et traditionnelles, à notre patrimoine culturel, matériel et spirituel, […] nous disons non à la dépénalisation de l’homosexualité«, déclare Mgr Jean Patrick Iba Ba, archevêque de Libreville, dans un communiqué au nom de la Conférence épiscopale du Gabon.

La Bible en référence

Tout en assurant qu’il ne s’agit pas de diaboliser qui que soit, les évêques appellent à «s’ouvrir à la vérité selon la Bible qui affirme que l’homosexualité n’est pas un droit humain, mais une aliénation qui nuit gravement à l’humanité car fondée sur aucune valeur propre à l’être humain». Les prélats gabonais rappellent ainsi que «la Bible déclare que la personne humaine est créée homme et femme. Cette différence fonde leur relation et leur complémentarité et s’accomplit dans le mariage. Alors que, l’homosexualité falsifie l’anthropologie et banalise la sexualité». Les évêques invitent donc «les plus hautes autorités de la République, à prendre leur responsabilité, pour que nos institutions se réconcilient avec le peuple gabonais et les valeurs qui font le creuset de notre patrimoine national».

Une exception en Afrique subsaharienne

Le texte de loi, qui est passé avec une petite marge à l’Assemblée, doit maintenant être soumis aux sénateurs, à une date encore non définie. Si le texte est rejeté par la Chambre haute, les deux chambres du Parlement devront se réunir en Congrès pour harmoniser le texte avant le vote définitif.

Le Gabon devient ainsi l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne à dépénaliser l’homosexualité. Dans la plupart de ces Etats, les homosexuels peuvent être sanctionnés parfois lourdement par la loi. En Ouganda, des députés des forces politiques puissantes tentent de faire en sorte que les actes sexuels entre personnes du même sexe puissent être punis de la peine capitale. (cath.ch/gabonreview/jeuneafrique/ag/rz)

Raphaël Zbinden

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