La CEI publie la troisième édition du Missel romain en italien

Après 15 ans de travaux, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a publié la troisième édition du Missel romain en langue italienne, samedi 27 juin 2020. Son usage sera obligatoire dès le 4 avril 2021. Les paroisses de Suisse italienne adopteront également cette nouvelle édition à partir du 29 novembre 2020, selon la décision de la Conférence des évêques suisses (CES).

Le long processus d’adaptation et de traduction en italien de l’editio typica tertia du Missel romain (2002-2008) est finalment achevé. Dans quelques jours, le volume préparé sous la responsabilité de la Conférence épiscopale italienne (CEI), sera à disposition des paroisses. Dès sa publication, il pourra être employé pour les célébrations eucharistiques en langue italienne. Il sera toutefois obligatoire à partir de la solennité de Pâques 2021.

Reprise d’une tradition suisse italienne

Le pape François avait approuvé la version définitive de la nouvelle édition du Missel le 16 mai 2019 déjà, selon le décret de la Congrégation du culte divin et la disciple des sacrements du 16 juillet 2019. 

Le retard dans son apparition est dû, d’une part, à la série d’erreurs qu’on a retrouvées lors des différentes relectures du document, ainsi qu’à la pandémie de Covid-19 en cours. Une conférence de présentation de la CEI, prévue initialement pour le 11 mars 2020, avait dû en effet être reportée sine die à la suite des mesures prises par les autorités italiennes dans la lutte contre le coronavirus.

Parmi les innovations de la troisième édition figurent les nouvelles traductions du «Notre Père» et du «Gloire à Dieu», jugées plus précises et proches de leur sens original, ainsi que l’introduction de «sœurs» dans l’acte pénitentiel. Nouvellement, on dira donc: «Je confesse à Dieu Tout-puissant et à vous, mes frères et sœurs».

Un ajout qui était diffus depuis des décennies dans les paroisses au sud des Alpes. L’expression avait même valu les éloges du pape Jean Paul II, lors de son voyage apostolique à Lugano, le 12 mars 1984. «Cette tradition suisse italienne devrait arriver jusqu’à Rome», s’était exclamé le pape polonais. Presque 40 ans plus tard, son souhait est finalement devenu réalité.

«Non seulement pour des professionnels de la liturgie»

Même s’ils n’ont pas participé aux travaux de traduction, les diocèses de Lugano et de Coire adopteront également le nouveau Messale romano.

Lors de sa 327ᵉ assemblée générale ordinaire, qui s’était tenue du 2 au 4 mars 2020, la Conférence des évêques suisses (CES) avait en effet décidé son entrée en vigueur dans les diocèses suisses à partir du 29 novembre 2020, premier dimanche de l’Avent. La date de son introduction officielle n’a toutefois pas encore été communiquée définitivement aux deux diocèses concernés.

La CES songe aussi à organiser une conférence de presse de présentation, de façon analogue à ce qui est prévu pour l’introduction en Suisse romande du nouveau Missel romain en langue française attendu tout prochainement.

«Ici à Lugano, nous nous trouvons dans les limbes», indique Emanuele di Marco, coordinateur du Centre de pastorale liturgique du diocèse de Lugano. «Nous attendons en effet encore la réponse de la Conférences des évêques suisses (CES) quant au jour de son introduction officielle sur le sol helvétique. Car la date prévue pour les diocèses italiens n’est pas automatiquement celle adoptée pour la Suisse».

Le Missel doit à nouveau être considéré non pas comme un livre qui recueille ce qu’il faut faire, mais comme un moyen pour mieux connaître la messe et vivre la participation active de tous les baptisés requise par le Concile Vatican II»

Don Emanuele di Marco, coordinateur du «Centro Liturgia Pastorale» de Lugano

Au cours des prochains mois, le «Centro Liturgia Pastorale» de Lugano fournira aux paroisses de la Suisse italienne plusieurs aides liturgico-pastorales afin d’encourager l’introduction du nouveau missel. Un livre liturgique qui se veut un vrai instrument pour accompagner la vie spirituelle et liturgique des communautés paroissiales.

«Au cours de l’automne, nous organiserons un cours hebdomadaire à la Faculté de théologie de Lugano. Il sera ouvert à tous les intéressés, explique le prêtre tessinois. L’objectif de cette formation est de profiter de cette nouvelle publication pour favoriser une redécouverte du Missel comme un instrument pastoral au service de tout le peuple de Dieu. Le Missel doit à nouveau être considéré non pas comme un livre qui recueille ce qu’il faut faire lors des liturgies, mais comme un moyen pour mieux connaître la messe ainsi qu’approfondir et vivre la participation active de tous les baptisés requise par le Concile Vatican II».

Le diocèse de Lugano organisera également des rencontres de présentation dans ses vicariats et décanats. Selon la pratique établie, le diocèse de Coire reprendra les décisions et les informations communiquées par le diocèse de Lugano, étant donné la proximité culturelle et linguistique de ses régions italophones avec l’évêché tessinois.

Suisse italienne simple observatrice

La publication de cette troisième édition italienne (les deux précédentes datent de 1973 et 1983) relance la question de l’intégration des deux diocèses suisses où on célèbre en langue italienne dans les commissions de la CEI, responsables de la préparation des traductions des livres liturgiques en italien.

Si pour les livres liturgiques en français et en allemand, dès le début des années 1970, les diocèses suisses sont représentés au sein des instances internationales respectives, le diocèse de Lugano est simplement observateur lors des assemblées de la CEI, tandis que le diocèse de Coire n’y est pas représenté.

À 55 ans de la clôture du Concile Vatican II, une telle différence de représentativité au niveau international des diocèses suisses continue à questionner. À la lumière du dernier Concile, qui avait introduit officiellement l’emploi de la langue vernaculaire dans les célébrations de l’Eglise catholique, une participation future des diocèses de Lugano et de Coire à l’élaboration des livres liturgiques en langue italienne semblerait pleinement légitime, signe d’un plus grand respect de la réalité ecclésiale qui caractérise la Suisse italienne. (cath.ch/dp)

Première historique
La date retenue pour l’introduction en Italie du nouveau Missel, le jour de Pâques 2021, fera certainement surgir quelques questionnements, surtout quant à la prise en compte de l’unité des célébrations qui constituent le Triduum pascal. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise catholique, un Triduum pascal pourra être célébré avec deux éditions différentes du Missel romain.

Davide Pesenti

Portail catholique suisse

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