Sonnent les réveils…

Dans les conversations du Café du commerce, on estimait que les jeunes ne passaient (perdaient) leur temps que sur les réseaux sociaux ou dans les boîtes de nuit. Or ils sont descendus dans les rues pour lutter vaillamment en faveur du climat.

On pensait aussi que les femmes n’avaient plus rien à revendiquer depuis que les hommes leur avaient reconnu (presque) tous les droits. Or elles se sont mobilisées un peu partout contre le harcèlement sexuel et pour une véritable égalité enfin reconnue dans les faits et dans les lois.

On croyait que notre société postmoderne, sous les effets du capitalisme triomphant, avait gommé chez nous les inégalités et favorisait une tranquille indifférence au sort du prochain. Or la pandémie a réveillé une surprenante capacité de compassion et de services auprès des personnes dans le besoin ou dans la solitude.

On a cru que le confinement avait non seulement vidé les églises, mais surtout éteint les Eglises dans leurs ministères de liturgie et de piété populaire. Or beaucoup ont fait preuve d’imagination et de dévouement pour animer des formules de remplacement qui, pour être imparfaites, ont néanmoins nourri la foi des fidèles.

Les siestes bourgeoises et les quarantaines sanitaires n’empêchent pas les sursauts. Même le pape François nous invite régulièrement à de tels réveils en Eglise.

Un certain clergé a fauté par cléricalisme au point de devenir dévastateur dans certains abus. Que se réveillent les laïcs, tous ces baptisés dont le concile Vatican II a rappelé l’inaliénable dignité, en même temps qu’ils ont le droit et le devoir de manifester leurs sentiments au sujet de la vie de l’Eglise, surtout s’ils mettent eux-mêmes la main à la pâte évangélique.

«Tout pousse les femmes à trouver ou retrouver leur place dans tous les services d’Eglise»

Les impulsions bien comprises venues de l’Evangile, comme les nécessités issues de la situation actuelle de notre Eglise, et même les besoins de la société: tout pousse les femmes à trouver ou retrouver leur place dans tous les services d’Eglise, sans discrimination et surtout avec reconnaissance.

Quant à l’engagement dans les solidarités humaines au cœur du monde, les chrétiens savent toujours mieux qu’ils ne sont pas les seuls -ni parfois les meilleurs- à promouvoir des actions de libération, de justice et de paix. Se joindre aux autres est aussi un beau témoignage pour le Christ et son Evangile.

Oui, mais maintenant c’est le temps des vacances. Après un semestre particulièrement éprouvant, n’a-t-on pas surtout besoin de repos et de ressourcement en toute bonne conscience? C’est vrai. Un psaume nous dit: «Dieu comble son bien-aimé quand il dort» (Ps 127,29). Jésus lui-même comprit la soif de repos éprouvée par ses disciples fatigués: «Venez à l’écart et reposez-vous un peu» ( Mc 6,31).

Mais après le temps béni des vacances, il nous faudra avoir le courage d’entendre l’appel pressant de l’apôtre Paul: «C’est l’heure. Le moment est venu de sortir de votre sommeil. Car le salut est tout près de vous». (Rm 13,11).

Sonnent les réveils! Tout l’exige dans notre Eglise. Tout l’appelle dans la société.

Claude Ducarroz

1er juillet 2020

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